Dans un document sur l’avènement prochain de la 6G publié la semaine dernière, la Wireless Broadband Association note que la méthode traditionnelle qui consiste à séparer les réseaux WiFi et cellulaires, pierre angulaire de la planification sans fil des entreprises, est à un tournant. « Il est important que l'ère de la 6G réunisse les accès cellulaires, WiFi et non terrestres de manière plus transparente, afin de créer un « réseau de réseaux » », a déclaré Maria Cuevas Ramirez, directrice de recherche sur les infrastructures de réseau chez BT et membre du conseil d'administration de la Wireless Broadband Alliance (WBA) dans un communiqué.
Trois facteurs poussent à cette convergence : la pression des coûts, l'expérience des utilisateurs et les demandes des principaux marchés verticaux. « Plus de 50 % du trafic mondial de données utilise le WiFi et celui-ci continuera à jouer un rôle stratégique à l'ère de la 6G », a avancé Tiago Rodrigues, président et directeur général de la WBA. Selon lui, le WiFi est rentable et efficace, en particulier pour la couverture intérieure, et peut compléter le cellulaire en réduisant les dépenses d'investissement et d'exploitation. « Le WiFi sera également à l'origine d'avancées dans des domaines clés comme la gestion de réseau basée sur l'IA, la gestion transparente des identités et le pilotage de l'accès », a-t-il ajouté.
La convergence reste encore un vœu pieux
« C’est dans les secteurs de la santé, de l'automatisation industrielle et des villes connectées que l'impact de la 6G sera le plus important », a par ailleurs affirmé M. Rodrigues. Ce sont aussi des domaines dans lesquels la convergence avec le WiFi sera particulièrement utile. « Ces secteurs verticaux exigent une connectivité fiable et à faible latence, ainsi que des transitions transparentes entre les réseaux dans de vastes zones », a expliqué le dirigeant. « Par exemple, les infrastructures des smart cities peuvent exploiter la convergence 6G pour la gestion du trafic et la sécurité publique, tandis que les applications de santé s'appuieront sur la 6G pour les communications critiques et les diagnostics à distance. »
Swarun Kumar, professeur à l'université Carnegie Mellon de Pittsburgh, estime pour sa part que la convergence entre le mobile et le WiFi n'est pas près de se produire, disons, dans les cinq prochaines années. « Une connexion WiFi et cellulaire totalement transparente n'est pas envisageable à court terme », a-t-il déclaré. « Pour qu’une telle intégration soit possible, il faudrait de nouvelles normes, régies par des organismes différents, des progrès en matière de matériel et des modifications de l'infrastructure réseau, autant d'éléments qui s'échelonnent sur de longues périodes. » Par contre, ce qui lui paraît plus à court terme, ce sont des intégrations plus limitées comme celles déjà en place, comme les appels basés sur le WiFi ou l'authentification basée sur la carte SIM pour le WiFi.
Défis de sécurité
Selon l’universitaire, la convergence des réseaux sans-fil peut également poser des problèmes de sécurité, « par l'exemple, un réseau mobile qui servirait de passerelle à des utilisateurs malveillants pour accéder à un réseau WiFi privé et par ailleurs sécurisé, ou peut-être l'inverse. » Pour se préparer à cette convergence, les entreprises doivent s'assurer que les politiques et les garde-fous adéquats sont en place, comme c'est le cas pour l'intégration de divers réseaux, quels qu'ils soient. Dans son document, la WBA recommande aux entreprises d'adopter une approche évolutive de la gestion des identités et du contrôle des politiques afin de rationaliser la convergence et de permettre la fourniture de services inter-réseaux.
« Les utilisateurs ne devraient tout simplement pas avoir à se soucier de se connecter à des terminaux WiFi ou cellulaires individuels, ou d'autres technologies, et de passer effectivement d'un réseau à l'autre », a fait valoir Swarun Kumar. « Tout devrait se faire en arrière-plan, sans que les utilisateurs aient à s'en préoccuper. » Il ajoute toutefois que les entreprises ne peuvent pas y parvenir seules. « Il faudrait une coordination étroite entre les opérateurs cellulaires et les gestionnaires de réseaux WiFi d'entreprise. » Selon Tiago Rodrigues de la WBA, des niveaux de collaboration encore plus larges seront nécessaires pour pousser la convergence encore plus loin, jusqu'aux satellites ou aux appareils IoT. « La collaboration est la pierre angulaire de notre vision de la 6G », a-t-il insisté. Selon une déclaration faite en août dernier par l'Information Technology Industry Council, une association commerciale mondiale qui représente les entreprises du secteur des TIC, les premiers services commerciaux de la 6G sont attendus aux alentours de 2030, les essais pré-commerciaux étant prévus pour 2028.
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