Retournement de situation dans le monde du PC. Le constructeur taiwanais Acer, en rachetant Gateway pour 710 M$ hier lundi 27 août, fait capoter l'éventuelle fusion entre Lenovo et Packard Bell, promise à un bel avenir dans la sphère de la micro-informatique. Acer hérite en effet d'un accord historique signé en 2006 entre Gateway et John Hui, principal actionnaire de PB Holding (maison mère de Packard Bell), garantissant à Gateway un droit de premier refus (right of first refusal - qui lui donne l'opportunité de s'opposer aux opérations de rachat) dans le cas d'un rachat de PB Holding. Ce contrat remonte en fait à 2004. A l'époque, Gateway se porte acquéreur d'eMachines, un constructeur de PC fondé par John Hui. Lorsque ce dernier décide alors de prendre des parts dans PB Holding, il offre à Gateway ce droit de premier refus, en échange d'une clause de non-concurrence. A l'annonce des intentions de rachat d'Acer, Gateway a donc décidé de faire jouer son droit. Donnant un coup d'arrêt à la transaction entre Lenovo et Packard Bell, mais surtout, s'installant, lui et le Taiwanais, à la table des négociations, à la place du Chinois. Acer pourrait ainsi réaliser deux acquisitions. Le 7 août, Lenovo annonçait être en négociation avec Packard Bell. Le Chinois, à l'époque, semblait être le premier repreneur, battant Acer, également en lice pour l'acquisition. Lenovo, le grand perdant Le Chinois, qui a repris les activités de PC d'IBM en 2005, serait alors le grand perdant de l'histoire. Outre le fait de manquer une acquisition stratégique, il récupère un concurrent de taille sur la marché européen, analyse le cabinet IDC. « Ce rachat peut également considérablement ralentir la croissance de Lenovo en Europe », explique Bryan Ma, directeur de recherche IDC pour les systèmes personnels (Asie Pacifique). Ce qui en soit constitue une raison suffisante, semble affirmer IDC. Même son de cloche chez Forrester, qui rappelle que c'est sur le marché du PC grand public que les choses vont se jouer. Pas de crainte pour HP et Dell sur le segment professionnel, confirme le cabinet. « Le premier contre-coup se fera d'abord ressentir chez Lenovo. Acer a clairement donné un signe fort au marché, en annonçant qu'il se séparerait de la division professionnelle de Gateway, alors déficitaire. » Le Taiwanais devrait alors revisiter la gamme de Gateway pour en redorer le blason, explique le cabinet. Le constructeur serait déjà en pour-parler avec d'éventuels repreneurs. Reste qu'Acer devra digérer, s'il rachetait dans la foulée Packard Bell, une double acquisition.