Alcatel et Lucent ont finalement annoncé leur mariage ce dimanche. La fusion, qui a été l'objet de nombreux pourparlers, devrait être effective d'ici 6 à 12 mois. Présentée comme le résultat d'un mariage entre égaux, la fusion produira un géant des équipements télécoms détenu à 60 % par les actionnaires d'Alcatel et à 40 % par ceux de Lucent. La nouvelle entité - dont le nom reste à définir - devrait afficher un chiffre d'affaires annuel d'environ 21 Md€. Sa direction sera assurée par l'actuelle PDG de Lucent, Patricia Russo. Le siège restera à Paris. Serge Tchuruk, PDG d'Alcatel, sera le président du nouvel ensemble. Mike Quigley, actuel numéro 2 d'Alcatel deviendra le directeur général adjoint. Dans un entretien accordé au Monde, Patricia Russo et Serge Tchuruk expliquent avoir pour objectif de « générer une croissance significative du chiffre d'affaires basée sur les opportunités de marché. » Dans les faits, l'union permet surtout aux deux équipementiers de gagner en importance : cinq ans après une première tentative de fusion avortée, Alcatel reste un nain outre-Atlantique tandis que Lucent reste un acteur de second rang en Europe. Pour Jean-Charles Doineau, analyste chez Ovum et spécialiste des marchés des infrastructures de service, l'entité née de la fusion, qu'il appelle « Lucatel », « profitera de possibilités financières plus importantes pour supporter d'importants paris de long terme en recherché développement. » Et de relever en outre que « l'agenda de la nouvelle entreprise est plutôt clair et se concentrera surtout sur l'obtention de gains opérationnels [...] Lucatel prévoit de dégager 1,7 Md$ d'économies opérationnelles au bout de 3 ans, dont 30 % la première année. » De fait, Alcatel et Lucent ont annoncé la suppression de 10 % de leurs effectifs à travers le monde. Patricia Russo a ainsi expliqué au Monde avoir « identifié plusieurs zones géographiques où nous pouvons rationaliser nos organisations », sans préciser lesquelles. Autre atout, le mariage entre Lucent et Alcatel permet à la nouvelle entité de faire jeu égal avec Cisco en termes de chiffre d'affaires mais aussi de distancer Nortel. Il lui permet enfin de mieux lutter face à la montée en puissance de nouveaux concurrents comme les chinois Huawei Technologies et ZTE. Notons pour terminer que la question des contrats sensibles avec les gouvernements américains et français, fait l'objet d'un traitement spécifique : La nouvelle société va créer une filiale américaine indépendante qui gérera les contrats de défense de Lucent. Côté français, le représentant de la nouvelle entite au conseil au sein de Thales, sera obligatoirement européen. Alcatel détient actuellement 9 % des actions Thales mais il pourrait monter au capital du groupe de défense français, si les deux groupes s'entendent sur le mariage de leurs activités satellitaires...