Après Microsoft avec des puces Intel Atom et certains fournisseurs de services cloud sur base Via Nano, AMD  envisage également l'évaluation d'une plate-forme serveur basse consommation d'entrée de gamme reposant sur son architecture Bobcat. «Nous réfléchissons à une solution bénéficiant de ce design» a expliqué Donald Newell, le nouveau directeur technique d'AMD, transfuge d'Intel où il occupait précédemment le poste d'ingénieur en chef. « Il serait stupide de ne pas le faire. »


Le fondeur de Sunnyvale va bientôt commencer à expédier ses premières puces faible puissance Ontario exploitant l'architecture Bobcat pour équiper des portables ultrafins et des netbooks. Ces processeurs combinent une
unité de traitement et un circuit graphique sur un seul morceau de 
de silicium. AMD, qui n'a pas encore offert des puces basse consommation  dans le cadre de son offre serveur, trouverait avec l'Ontario la puce adéquate. À peine arrivée, Don Newell exploite de nouvelles pistes pour doper l'offre d'AMD. Au-delà de la simple amélioration des puces, il se penche également sur les aspects partage de la mémoire et gestion du réseau. Des points qui pourraient significativement augmenter les performances  globales des serveurs. Chez Intel, le nouveau CTO d'AMD a travaillé sur le développement des puces de type SoC (Socket on a Chip) et des infrastructures pour centres de calcul.

Une phase de test

Il y a un intérêt croissant dans le développement de serveurs avec des puces basse consommation, et l'expérimentation est toujours une bonne chose, poursuit Don Newell. L'efficience énergétique des serveurs est devenue un des principaux axes de développement pour réduire la facture électrique des entreprises et les puces basse consommation sont peut-être la solution pour certains usages. Mais avant de proposer des processeurs Bobcat pour serveurs, la firme doit passer par une phase de tests et d'évaluations pour bien mesurer les avantages et les inconvénients de cette plate-forme. «Il y a seulement quelques études ... et il y a encore beaucoup de données à 
collecter », souligne Donald Newell. « Cela dépend d'un certain nombre de facteurs... pour déterminer si, au final, le design sera bon ou mauvais. »

Un ensemble de processeurs de faible puissance peuvent fournir de meilleures performances par watt que des puces pour serveur beaucoup plus rapides, explique Don Newell. Mais les processeurs de type traditionnel pour serveurs sont également plus réactifs et fiables, et offrent une meilleure gestion de la montée en charge. « Il y a encore certains usages où une grande quantité de calcul doit être réalisée dans un temps très court », précise l'ingénieur. « Les coeurs très puissants peuvent fournir plus de capacité de traitement ... et un meilleur temps de réponse. » 

Par exemple, des requêtes adressées à un moteur de recherche seront plus rapidement traitées par un serveur utilisant des processeurs classiques que par des puces pour netbooks. Toutefois, jusqu'à ce que toutes les données soient collectées et analysées, la stratégie serveur de la société continuera à tourner autour de sa gamme de processeurs Opteron. Ces dernières proposent jusqu'à 12 coeurs par socket avec la série 6000 (Magny Cours) et AMD a déjà annoncé un successeur capable d'accueillir jusqu'à 16 coeurs avec la famille Interlagos reposant sur la plate-forme Bulldozer présentée lors de la dernière convention Hot Chip à l'Université de Stanford en Californie.

Dell, SeaMicro et ARM sur les rangs


AMD exploite aujourd'hui un marché ou la récolte est encore maigre. 
Dell propose bien des serveurs de faible puissance reposant sur des processeurs Via Nano, et la start-up  SeaMicro a dévoilé un serveur embarquant jusqu'à 512 puces Intel Atom greffées sur des cartes mères de la taille d'une carte de crédit. Pour défendre sa solution, SeaMicro explique que les processeurs Intel Atom sont bien adaptés à des charges de travail limitées, et sont capables de fournir des réponses rapides tout en utilisant beaucoup moins d'énergie que des coeurs plus puissants.

Et après quelques années de silence sur le sujet, ARM cherche également à pousser ses processeurs de faible puissance dans les serveurs. D'autres entreprises, comme Marvell et Smooth-Stone, ont aussi annoncé leur intention de proposer des plates-formes serveurs reposant sur des puces exploitant l'architecture ARM. Ces circuits équipent aujourd'hui presque tous les smartphones et les équipements électroniques évolués.

Donald Newell reste toutefois sceptique quant à la réussite d'ARM sur le marché des serveurs, qui reste aujourd'hui dominé par l'architecture X86. Incompatibles avec les instructions X86, les puces ARM ne peuvent pas s'intégrer d'un coup de baguette magique dans les centres de calcul traditionnels. «Il sera difficile pour ARM de s'imposer sur le marché des serveurs, comme pour le X86 d'arriver sur celui des lave-vaisselles », assène Don Newell.

Associer plus étroitement CPU et GPU

Dernier focus du CTO d'AMD, le développement d'une plate-forme serveur associant étroitement CPU et GPU. À l'heure actuelle, ces circuits sont conçus pour des besoins informatiques différents, mais à l'avenir ces éléments architecturaux pourraient parfaitement travailler beaucoup plus étroitement pour le plus grand bénéfice des entreprises, conclut Don Newell. Pour en savoir plus, il faudra atteindre les premiers tests de la plate-forme Bulldozer qui exploite une voie originale sur le marché des serveurs en réduisant le nombre d'unités de calcul en virgule flottante au sein des processeurs au profit justement des GPU.

 

Illustration : Donald Newell, CTO d'AMD, crédit D.R.