Le Pentagone ne mettra pas tous ses systèmes informatiques dans le cloud Azure de Microsoft. Evoquée en mars dernier, l'annulation du contrat géant signé entre le département américain de la Défense et la firme de Redmond d'un montant de 10 milliards de dollars est désormais officielle. « Le ministère a déterminé qu'en raison de l'évolution des exigences, de la maîtrise accrue du cloud et des progrès de l'industrie, le contrat JEDI Cloud ne répond plus à ses besoins », a expliqué le DoD. Ce contrat était surtout une source de conflit entre AWS qui a été évincé du projet au profit de Microsoft.

Loin de s'insurger ou de critiquer la décision du Pentagone d'avorter son contrat, Microsoft a plutôt joué la carte de la diplomatie : « Nous comprenons la justification du DoD et nous les soutenons, ainsi que tous les militaires qui ont besoin de la technologie critique du 21e siècle que JEDI aurait fournie », a indiqué l'éditeur. On voyait cependant mal Microsoft batailler devant la justice et se mettre à dos une telle institution d'autant qu'un accord, certes de moindre ampleur, reste toujours possible : « Il est clair que le DoD fait confiance à Microsoft et à notre technologie, et nous sommes convaincus que nous continuerons à travailler ensemble alors que le DoD sélectionne des partenaires pour de nouveaux travaux.

JEDI est mort, vive le Joint Warfighter Cloud Capability

Dans son message, le département de la Défense évoque en effet la volonté de se tourner davantage vers le multicloud : « À la lumière des dernières initiatives telles que JADC2 (Joint All-Domain Command and Control) et AI and data acceleration (ADA), l'évolution de l'écosystème cloud au sein du DoD et les changements dans les besoins des utilisateurs peuvent tirer parti de plusieurs environnements cloud pour exécuter la mission. Une autre voie peut être suivie pour garder la maîtrise dans le domaine de la guerre traditionnelle et non traditionnelle », a indiqué John Sherman, CIO du département de la Justice. Le département a annoncé qu'il lancerait un autre projet cloud pour remplacer JEDI qui sera connu sous le nom de Joint Warfighter Cloud Capability.

Théoriquement accessible à plusieurs fournisseurs cloud, Microsoft et AWS pourraient cependant avoir un coup d'avance par rapport à Oracle ou IBM : « les études de marché disponibles indiquent que ces deux fournisseurs sont les seuls acteurs de services cloud capables de répondre aux exigences du département », a indiqué le ministère.

Une couleuvre difficile à avaler pour Microsoft

La fin du contrat JEDI entre le DoD et Microsoft doit soulager AWS qui bataille depuis de nombreux mois et engagé des procédures pour remettre en cause cet accord. « Nous comprenons et sommes d'accord avec la décision du DoD. Malheureusement, l'attribution du contrat n'était pas fondée sur les mérites des propositions et était plutôt le résultat d'une influence extérieure qui n'a pas sa place dans les marchés publics », a indiqué un porte-parole d'Amazon Web Services. Le fournisseur de cloud accusait Donald Trump d'être intervenu dans cette affaire. 

De son côté, Microsoft se plaint de la lenteur des procédures initiées par son concurrent : « Les 20 mois écoulés depuis que le DoD a sélectionné Microsoft comme partenaire JEDI mettent en évidence des problèmes qui méritent l'attention des décideurs politiques : lorsqu'une entreprise peut retarder, pendant des années, des mises à niveau technologiques critiques pour ceux qui défendent notre nation, le processus de contestation doit être réformé. Amazon a déposé sa plainte en novembre 2019 et il a fallu attendre un an pour être étudiée avant qu'une décision soit rendue, sans compter des appels potentiels par la suite ».