Apple n’aime visiblement pas que l’on parle d’égalité salariale sur son lieu de travail. Selon le média The Verge, Apple aurait en effet interdit à ses employés de créer un canal Slack pour discuter de ce sujet. Pour justifier cette interdiction, la firme met en avant l’une de ses règles concernant l’utilisation de Slack au bureau, qui stipule que « les canaux Slack pour les activités et les loisirs qui ne sont pas reconnus comme des clubs d'employés Apple ou des associations sur la diversité ne sont pas autorisés et ne doivent pas être créés ». Un membre de l'équipe RH d'Apple a répondu par la suite que « les canaux Slack sont fournis pour mener le business d'Apple et doivent faire progresser le travail, les livrables ou la mission des départements et des équipes d'Apple ».

Ces principes, évoquées par Apple, ne sont par ailleurs que partiellement respectées. Les employés de la firme disposent notamment de canaux de discussion pour parler de « #fun-dogs (plus de 5 000 membres), #gaming (plus de 3 000 membres) et #dad-jokes (plus de 2 000 membres). Le 18 août, la société a même approuvé un canal appelé #community-foosball ». Cette liste, loin d’être exhaustive, démontre toutefois la subjectivité dont fait preuve Apple à l’égard de ses propres règles et leur mise en œuvre.

Un lourd passé pour Apple

En bloquant toute discussion sur les disparités salariales au sein de l’entreprise, Apple relance un sujet de conversation sensible. Ashley M. Gjøvik, responsable principale du programme d'ingénierie chez Apple, revient notamment sur l’un des procès intentés à Apple pour manque d’équité salariale. Le procès, daté de 2005, concernait une femme afro-américaine travaillant dans les RH. Elle avait affirmé que son supérieur lui faisait fréquemment des commentaires racistes, sexistes, homophobes et violents, ainsi que des insultes sur son poids. Constatant qu'elle était sous-payée pour son rôle et par rapport au reste de l’équipe, elle avait alors attribué l'écart de rémunération à la discrimination à l'égard des personnes noires/femmes. Après avoir fait part de ses préoccupations concernant l'équité salariale aux RH d’Apple, la jeune femme avait été suspendue le lendemain. Elle a été réintégrée un mois plus tard sans explication.

Plusieurs enquêtes sur le salaire des employés de la firme ont par ailleurs été stoppées, excepté une, réalisée par Cher Scarlett, ingénieure chez Apple, qui démontre un écart de 6 % entre les salaires des hommes et des femmes. Par son intrusion dans les canaux de discussion de ses employés, particulièrement sur la question de l’égalité salariale, la firme de Cupertino limite volontairement la communication entre ses employés et joue également avec le droit du travail. En France, les contrats d'embauche d'Apple stipulent que le salaire est confidentiel et qu'en révéler le montant aux collègues est interdit. En 2020 au Royaume-Uni, le constructeur annonçait un écart moyen de 13 % en faveur des hommes.