ARM pourrait livrer son futur design de puce haut de gamme avec un peu d’avance. En effet, « le développement du prochain processeur haut de gamme du fondeur, qui doit prendre le relais de la puce Cortex-A72, avance vite et la puce pourrait arriver chez les fabricants de smartphones et de tablettes d'ici la fin de l'année prochaine », comme l’a écrit la semaine passée Linley Gwennap, un analyste spécialisé dans le marché du processeur. Les puces ARM équipent la plupart des smartphones et des tablettes commercialisées dans le monde, et les progrès accomplis dans le développement montrent que les fabricants de terminaux veulent sortir leurs nouveaux produits toujours plus rapidement. Cette accélération indique aussi que la concurrence avec Intel s’est accrue. ARM n'a pas donné de détails sur sa nouvelle puce, et le concepteur ne sait toujours pas quel nom il lui donnera.

Mais ARM semble vouloir accélérer le rythme de mise sur le marché de ses nouveaux modèles de processeurs. Comparativement, la puce Cortex-A57, annoncée en octobre 2012, avait fait son apparition dans les terminaux deux ans plus tard. La puce Cortex-A72 qui doit lui succéder, a été annoncée en février 2015, et les premiers terminaux mobiles intégrant la nouvelle puce arriveront sur le marché d'ici la fin de l’année. Linley Gwennap pense que la fabrication de la future puce Cortex démarrera à la fin de l'année prochaine. Ensuite, il faudra attendre encore plusieurs mois pour que les détenteurs de licences testent, valident et fondent la puce, et pour que les fabricants l’intègrent à leurs produits. « L’état actuel de développement de la puce de prochaine génération est tel que l'équipe travaillant sur l'A72 pourrait s’approprier des éléments de conception pour les intégrer à leur propre produit », a encore écrit l’analyste. Par exemple, selon lui, la nouvelle unité de traitement à virgule flottante permet de réduire la latence de 33 %.

Accélérer les puces sans nuire à l'autonomie 

L'A72 rattrape quelques lacunes de la puce A57, laquelle, malgré son succès, n'était pas totalement optimisée pour les besoins basse consommation des smartphones. Le nouveau design devrait améliorer encore plus les choses : l’A72 devrait être plus rapide sans compromettre la vie de la batterie des smartphones et des tablettes. « Même si le design est essentiellement le même que celui de l'A57, la nouvelle conception inclut de nombreuses améliorations de bas niveau pour atteindre son objectif de performance », a écrit Linley Gwennap. Ce design pourrait également être utilisé dans les serveurs, un marché sur lequel ARM essaie de percer. L’initiative, qui avait suscité beaucoup d’enthousiasme à ses débuts, s’est un peu essoufflée, certains fournisseurs ayant retardé la livraison de leurs puces serveurs ARM. Mais PayPal et quelques grandes entreprises ont confirmé qu'ils testeraient ces serveurs. Un porte-parole de ARM a refusé de commenter le rapport fait par le Groupe Linley.

« ARM multiplie ses efforts de développement pour rivaliser avec Intel, qui a également augmenté son rythme de conception », a déclaré Jim McGregor, analyste principal chez Tirias Research. « ARM doit donc continuer à innover beaucoup plus rapidement », a-t-il dit. En réalité, ARM est également confronté à la concurrence au sein de son propre camp. La société commercialise sa technologie de différentes manières. Certains fabricants de puces licencient des designs de processeurs prêts à l’emploi, comme c’est le cas pour les produits Cortex, alors que d'autres achètent une licence d'architecture, afin de concevoir leurs propres puces ARM à partir de zéro. Avec une licence processeur sur étagère, les entreprises peuvent mettre plus rapidement leurs puces sur le marché et à moindre coût. Mais une licence d'architecture donne plus de liberté pour concevoir un design qui réponde à des besoins précis, et peut permettre de mieux différencier un produit. C’est ce que fait Apple, par exemple, qui dispose d'une licence d'architecture. Ces licences obligent ARM à livrer des designs sur étagère suffisamment rapidement pour que les entreprises qui licencient ses produits ne se trouvent pas en concurrence avec celles qui créent des puces à partir de zéro.