De l’industrie aux services en passant par les environnements de travail, les bénéfices de l'IA- parfois atteints, parfois lointains - en termes de productivité et de temps séduisent. Par effet domino, elle nécessite partout dans le monde la construction de centres de données pour supporter ces besoins en plein essor.
« Les entreprises équipent leurs datacenters en GPU de dernière génération et installent des connexions électriques à haute tension pour produire plusieurs térawatt/heure (TWh) d'électricité supplémentaires », explique Goldman Sachs dans un rapport. « L'Asie-Pacifique et l'Amérique du Nord sont aujourd'hui les régions qui ont la plus forte demande en énergie pour les centres de données et en superficie, notamment en Virginie du Nord, à Pékin, à Shanghai et au Texas », selon la banque, qui constate que la capacité est concentrée dans les régions où le trafic informatique et de données est élevé, ainsi que dans celles où la demande des entreprises est forte. L’Europe n’est pas en reste, l’établissement bancaire estimant que les besoins croissants en électricité pour les infrastructures inversent plus d'une décennie de baisse de la demande en électricité.

Prévisions relatives à la demande mondiale en centres de données. (crédit : Goldman Sachs)
Une demande électrique des datacenters doublée voire triplée d’ici 2030
L'entreprise estime à 62 GW la demande actuelle en capacité électrique, principalement portée par les workloads cloud (58 %), traditionnels (29 %) et IA (13 %). Mais la donne devrait changer d’ici deux ans, avec un bond attendu à 28 % pour l’IA alors que les deux premiers sont attendus en recul de 8 points. « Nos analystes prévoient un changement radical dans la répartition des différentes charges de travail en raison de l'expansion rapide de l'IA générative », estiment les analystes de Goldman Sachs Research.
La demande en électricité des centres de données passerait par ailleurs de 1 % à 2 % de la demande mondiale totale en électricité en 2023 à 3 % à 4 % d'ici la fin de la décennie. La banque estime que 40 % de l'augmentation de la demande en électricité des centres de données sera couverte par les énergies renouvelables, et qu'une petite partie de la capacité nucléaire sera destinée à l'IA. La majeure partie des 60 % restants devrait être couverte par le gaz naturel. Avec à la clé une augmentation des émissions mondiales de carbone de 215 à 220 millions de tonnes d'ici 2030, soit 0,6 % des émissions énergétiques mondiales.
Des investissements prévisionnels solides dans les datacenters

La demande croissante en centres de données nécessite des investissements considérables. (crédit : Goldman Sachs)
Les plus grands hyperscalers américains exploitent d'énormes datacenters pour leurs opérations cloud et IA et dépensent sans compter. Les cinq plus grands auront réalisé des dépenses d'investissement combinées de 736 Md$ entre 2025 et 2026 selon le rapport. « Une prochaine génération de centres de données capables de prendre en charge l'IA avancée est en train d'être rapidement mise en place », assure Goldman Sachs. « Rien qu'aux États-Unis, les dépenses consacrées à la construction de cette infrastructure ont triplé au cours des trois dernières années ». D’ici 2030, une augmentation de 165 % de la demande mondiale en électricité des datacenters par rapport à 2023 est attendue.
La prudence reste toutefois de mise et les analystes de Goldman Sachs Research restent sur leurs gardes face à tout signe de faiblesse du marché. « Celle-ci pourrait résulter d'un manque de moyens pour monétiser les dernières technologies ou innovations qui permettent de réduire les coûts de construction et banaliser ces modèles », avertit la banque. « Il est extrêmement important d'influencer la demande en électricité, car celle-ci est en baisse depuis 15 ans en Europe », souligne Alberto Gandolfi, responsable de la recherche sur les services publics européens de Goldman Sachs.
Pour l’heure, une croissance de la demande en centres de données d'environ 50 % est attendue pour atteindre 92 GW d'ici 2027. Dans un scénario pessimiste où la demande en IA s'avérerait inférieure aux prévisions, ce taux de croissance pourrait être plus proche de 14 %. Dans un autre plus optimiste - où les GPU nécessiteraient encore plus d'énergie que prévu ou où la demande des clients pour les modèles d'IA serait plus forte que prévu - le taux de croissance annuel pourrait atteindre 20 %. « Même s'il faudra du temps pour déterminer l'impact final de l'IA sur la société et les résultats financiers des entreprises, celles-ci investissent massivement dans la construction d'un nouveau système mondial de centres de données pour l'économie moderne », conclut Goldman Sachs.

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