Selon les dernières statistiques de The Cloud Market, Ubuntu représente désormais 59 % de toutes les images tournant sur la plate-forme Amazon EC2. Les images Windows comptent pour 8 %, les 33 % restants étant répartis entre les autres distributions Linux. Cette popularité d'Ubuntu est due aux mises à jour régulières du système d'exploitation, à l’accès facile aux images et au support de classe entreprise fourni par l’éditeur. Plus, bien évidemment, la gratuité de la licence. La toute dernière version 15.04 d’Ubuntu alias « Vivid Vervet » consolide ces atouts et renforce les fonctions cloud. Par exemple, les fournisseurs de cloud doivent gérer des infrastructures hétérogènes, depuis le noyau jusqu’à la couche de virtualisation. Depuis 2013, les images d’Ubuntu sont certifiées pour Amazon, HP Cloud, et Microsoft Azure, et depuis peu l’OS supporte les plates-formes Google Cloud, Joyent, CloudSigma, et Fujitsu, pour ne citer que celles-là. Depuis 2011 également, Ubuntu supporte le projet d'infrastructure cloud OpenStack, et cette dernière version offre un support étendu au framework.

Le support d’OpenStack

« Vivid Vervet » supporte la dernière version d’OpenStack, alias « Kilo ». Elle inclut notamment une mise à jour de la pile réseau et du service de fédération d'identité d’OpenStack. La version 15.04 comporte également l‘hyperviseur Linux LXD, qui fonctionne avec OpenStack. Selon Ubuntu, LXD peut mettre en route de nouvelles machines en moins d'une seconde, avec une sécurité matérielle qui empêche les applications de s’espionner. De façon générale, l’isolement des applications cloud est obtenu en faisant tourner une application par machine virtuelle, chaque machine exécutant son propre système d'exploitation et ses propres bibliothèques. Et avec les conteneurs, il est possible d’isoler les applications tout en partageant le même système d'exploitation, ce qui augmente l'efficacité et réduit les temps de rotation.

LXD partage certains éléments en commun avec Docker et Canonical promet de faire profiter ce dernier des fonctions de sécurité et d'isolement de LXD. Canonical a également déclaré qu’elle cherchait à renforcer les liens entre les conteneurs et les interfaces de stockage et de réseau, à l’image de ce qu’offrent déjà les machines virtuelles. Pour ce qui est des conteneurs, Vivid Vervet est la première version à disposer d’une version stable de Snappy Ubuntu Core, une édition allégée du système d'exploitation destinée justement à fonctionner dans les conteneurs et dans les appareils de petite taille. En juin dernier, Canonical a également annoncé que les images Ubuntu étaient certifiées pour les conteneurs Triton de Joyent, ce qui permet de supprimer les couches de virtualisation et d’exécuter les images directement sur le bare metal.

Une interface desktop familière

L‘utilisateur verra peu de changements dans le bureau de la dernière version d'Ubuntu. Les principales applications ont été mises à jour, le violet remplace l'orange dans l'arrière-plan par défaut, et les applications donnent désormais accès à des menus locaux par défaut. Inutile par contre de chercher l’Ubundu Developer Tools Center, rebaptisé Ubuntu Make. Ce dernier a été simplifié pour faciliter l’installation d’outils de développement, de l’éditeur, de bibliothèques, et de kits de développement logiciels. Sous le capot, Ubuntu 15.04 a remplacé le système d'initialisation Upstart, qui se met en route dès le démarrage du système, par le système alternatif Systemd récemment adopté par Debian.

Avec l'intégration de Facebook, Flickr, Google, AIM, Windows Life, Salut, Japper, et Yahoo, Ubuntu continue sa poussée vers le web social. Par exemple, un utilisateur pourra effectuer des recherches de photos et de documents sur ses réseaux favoris, ses services cloud et en local. Malheureusement, il arrive qu’Unity Dash affiche des informations météo, des entrées Wikipedia, et d'autres résultats qui n’ont par été requis. Mais il est possible d’y remédier dans la section Confidentialité et Sécurité des Paramètres Système. Les particuliers qui utilisent Ubuntu pour faire tourner un serveur de média en local devront installer les codecs multimédias, qui ne sont pas livrés préinstallés pour des raisons de brevets. Ubuntu propose de les installer lors de la première installation, mais il est possible de les installer ultérieurement à partir d’Ubuntu Software Center.

Pas encore pour l'utilisateur lambda

Selon nos confrères de Computerworld qui ont installé « Vivid Vervet » sur un ordinateur portable 64 bits intégrant un processeur Intel quad core I5-3230M cadencé à 2,6 GHz et doté de 8 Go de mémoire, le système 15.04 occupe 600 Mo environ. Ceux-ci ont également installé un bureau un peu plus rapide. Globalement, l'installation et le démarrage ont été assez rapides, et ils ont pu utiliser l'ordinateur directement après le login. L'installation par défaut est simple et conviviale. Néanmoins, comme avec les versions précédentes, l'installation personnalisée reste peu intuitive. Le lanceur d'application se positionne encore dans la barre latérale gauche où l’on retrouve Firefox et les applications de traitement de texte, de tableur et de présentation de LibreOffice à portée de clic.

Au cours de la dernière décennie, la présence de Linux a très légèrement augmenté, passant de moins de 1 % à près de 2 % aujourd'hui. OpenOffice - ou LibreOffice - a longtemps été une alternative intéressante à Windows Office. Par ailleurs, les applications cloud peuvent désormais remplacer à peu près tout logiciel courant en usage sur une machine desktop. En théorie, Linux pourrait aujourd’hui convenir à tous. Et la distribution Ubuntu, la plus répandue des OS Linux, pourrait faire figure de concurrent de premier plan. Malheureusement, même avec cette version, Ubuntu ne peut pas prétendre remplacer Windows. Ubuntu offre une alternative moins conviviale, et légèrement moins chère, mais ne permet pas de faire tourner des applications traditionnelles.

Ubuntu sur mobiles

À ce jour, on ne trouve que 1756 applications sur l’Ubuntu App Store non officiel, uApp Explorer. En effet, il n’existe pas de boutique officielle en ligne, mais il est possible de trouver des apps pour les mobiles Ubuntu eux-mêmes. La plupart des apps incontournables sont introuvables ou renvoient à des liens vers des versions sur site. Par exemple, on ne trouve ni DropBox, ni Angry Birds, ni Netflix, ni Hulu, ni Snapchat ou Pandora. Google Maps est une application web, de même que Facebook, Instagram, et Spotify. Le jeu 2048 est en natif, mais ce n’est pas la version originale. En fait, il semble que les quelques applications natives de cette boutique sont des clones. Ce problème de la poule et de l'œuf s’avère bien pire pour Ubuntu qu’il ne l’est pour Microsoft, sans la possibilité de se retrouver sous une marque commune, ni d’incitation financière pour attirer les développeurs d’applications. Pour leurs besoins, certains développeurs ont bien créé une app pour connecter leur téléphone ou leur tablette sur un desktop Ubuntu. Mais cela ne remplacera pas le smartphone ou la tablette multimédia de monsieur tout le monde.

La version 15.04 ne bénéficie pas d’un support à long terme. Cela signifie qu'elle sera mise en retraite dans neuf mois. Ce qui ne sera pas le cas de la future version Ubuntu 16.04 attendue pour avril 2016, qui bénéficiera d’un support de cinq ans. Sauf besoin spécifique, nous conseillons aux utilisateurs d'Ubuntu d'attendre la sortie de cette future version.