Amazon Web Services aime la France et les entreprises françaises le lui rendent bien. Comme tous les ans depuis 2011, le géant américain du cloud tenait conférence à Paris pour rencontrer ses clients et en convaincre de nouveaux. Comme l'an passé, c’est Werner Vogels, le CTO d’Amazon.com qui a fait office de maître de cérémonie au Caroussel du Louvre, rappelant que le marché français « avait toujours fait preuve d’une certaine appétence pour le cloud et nos solutions ». Et les clients de la firme, aussi bien des start-up que des grands groupes historiques, se sont succédé sur scène pour le prouver.

Parmi ces derniers, Radio France est venu expliquer pourquoi elle avait basculé l’ensemble de ses sites sur AWS. « Nous nous sommes rendu compte que notre infrastructure était devenue incapable de répondre à nos besoins. Suite aux évènements de Charlie Hebdo en 2015, le site de France Inter a complètement planté », explique Laurent Frish, le directeur numérique de radio France. Si les équipes de la radio sont parvenues à sauvegarder l’écoute de l'antenne en ligne, les autres fonctionnalités du site sont restées perturbées pendant près de trois semaines.

1000 To de contenus audio écoutés chaque mois

En mettant en évidence les lacunes de son infrastructure, cet incident a conforté Radio France dans son idée de changer complètement d’orientation pour sa stratégie IT. « Nous savions que les usages étaient en train de changer. Nous devions devenir une hyper radio capable de fonctionner sur n’importe quel support depuis n’importe quel endroit avec une qualité optimale », déclare Laurent Frish. L’ensemble des sites des antennes de Radio France sont ainsi passés d’un hébergement sur un cloud privé à AWS.

Ainsi, Radio France s’appuie sur des instances EC2 et S3 pour la base de son infrastructure et Amazon Route 53 pour la gestion des noms de domaines. Plusieurs services, notamment pour l’écoute des podcasts en ligne sont en outre conteneurisés. En termes de contenus, la radio a basculé près de 10 To de données sur AWS. Tous les mois, ses sites délivrent ainsi plus de 1000 To de fichiers audio pour 170 millions d’écoutes et 150 millions de visites.

Smatis passe sa production dans AWS

« Nous avons en outre grandement gagné en flexibilité. Par exemple, lors des élections législatives, le trafic sur les sites de France Bleu a été multiplié par presque 100. Nous avons pu absorber ce pic sans problème », témoigne Laurent Frish. Et Radio France n’est pas le seul à faire ce constat. Smatis, une mutuelle qui compte 160 000 mutualisés a fait le choix de basculer l’intégralité de son SI sur les infrastructures du géant américain. « Quand la norme européenne Solvabilité 2, qui nous obligeait à avoir une deuxième infrastructure prête à l’emploi pour la gestion des risques, est passée en 2013, nous nous sommes posés la question de mettre en place une deuxième salle blanche », raconte Emmanuel Mayen, DSI de Smatis. Constatant que l’opération se révélerait trop coûteuse, il décide de créer cette deuxième infrastructure sur le cloud d’AWS.

Werner Vogels

Werner Vogels, le CTO d'Amazon a tenu à rappeler que la firme ouvrirait des datacenters français d'ici la fin de l'année. 

« Cette démarche a fait office de test. Aujourd’hui, nous avons finalement basculé l’ensemble de l’infrastructure on-premise dans le cloud. Nous n’avons gardé en interne que l’Active Directory », déclare le DSI. Non seulement l’opération a permis de limiter les coûts d'évolution de l’infrastructure mais la mutuelle gagne en agilité. Pour Emmanuel Mayen, l'infrastructure est devenue une commodité. « AWS propose de nombreux services, notamment pour l’IoT. Nous sommes en train de voir comment nous pouvons les utiliser », ajoute-t-il.

Les datacenters français d'ici décembre

Mais si Smatis a fait le choix de basculer son infrastructure dans le cloud, d’autres rechignent encore à s’appuyer sur les services d’AWS, d’autant que ce dernier ne localise toujours pas ses données en France. « Nos datacenters français ouvriront d'ici décembre 2017 » rassure toutefois Werner Vogels.