D'ici à 2010, les effectifs informaticiens des grandes et moyennes entreprises se réduiront de 30%. Et, selon les analystes du Gartner, 60% des informaticiens restant dans les DSI s'éloigneront d'un rôle purement technique pour assumer des activités liées à la gestion de l'information, à la gestion des processus et aux relations de la DSI avec son environnement de clients (les diverses fonctions de l'entreprise) et de fournisseurs (sourcing). Du même coup, les profils techniques (experts) seront amenés à migrer en masse (30% d'entre eux) vers les SSII et autres fournisseurs de technologie. Selon cette vision du futur proche, confirmée par les déclarations des grands comptes "plus clairement encore en Europe qu'aux USA", précise Diane Morello, analyste du Gartner, la qualité essentielle attendue des informaticiens est la "mobilité intellectuelle" (en anglais "versatility"). Et ce, d'ailleurs, qu'ils restent dans la technique ou qu'ils développent une accointance avec les processus, la gestion des contenus (information) ou le volet relationnel. Pas question de se poser en généralistes. Les clients-utilisateurs auraient vite fait de contester leur crédibilité. De même, il y a danger à se cantonner au rôle de spécialiste d'une technologie ou d'un processus ou d'une fonction. L'avenir est porteur pour ceux qui, sur la base de solides compétences techniques, savent bouger, en s'intéressant à la technologie dans son contexte. Expert en architecture logicielle, en sécurité ou en technologie sans-fil et mobilité… oui mais face aux réalités de divers secteur ou fonctions de l'entreprise. Les spécialistes IT de 2010 seront "multi-facettes, multi-talents", commentait Diane Morello, lors du Gartner Symposium de début novembre à Cannes. Au delà de l'extension de l'infogérance et autres formes de prestations (global sourcing), de l'automatisation (développement, tests), et du climat de ré-organisation (voire restructuration) fréquente des entreprises et de leur "process", un quatrième facteur est à considérer dans cette évolution exigée des informaticiens. A savoir: la moindre tolérance des utilisateurs, devenus consommateurs de services IT, y compris et surtout dans leur vie privée, qui attendent de trouver dans leur job, autant de flexibilité et d'accessibilité aux services que dans leurs usages (internet, mobile, etc) domestiques. Ce que le Gartner résume par "Consumerization of IT". Statistiquement parlant, dans la répartition des effectifs informaticiens, cela devrait aboutir à une baisse sensible des personnels intervenant au niveau des infrastructures et de la mise en ?uvre des technologies (de 65% en 2005 à 40% en 2010 dans les DSI, de 70% à 50% chez les prestataires), au profit des gestionnaires de l'information (+10% dans les DSI, +5% dans les SSII), des gestionnaires de processus (+10%) et du sourcing (+5%).