« Nous recherchons la croissance à un coût marginal ». Lors de l'annonce des résultats de son année fiscale 2023, l'état-major de BNP Paribas a clairement indiqué la mécanique qu'il entend exploiter pour atteindre ses objectifs à 2025, échéance de son actuel plan stratégique. Depuis 2021, la banque affiche un coefficient d'exploitation (soit le rapport entre ses charges d'exploitation et le produit net bancaire) en baisse de près de 5 points. Des progrès que BNP Paribas explique notamment par l'industrialisation de ses plateformes informatiques ainsi que par la simplification et l'automatisation des processus.

La banque, qui affiche un produit net bancaire de 46,9 Md€ en 2023 (+3,3% sur un an), affirme ainsi avoir déployé 1 900 assistants virtuels, avoir fait progresser de 25% ses ETP présents en centres de services partagés (qui étaient plus de 18 000 en 2021) et avoir réduit de 30% ses datacenters depuis 2021. Alors que ses investissements dans la technologie et les systèmes d'information équivalent à 16% de son produit net bancaire en 2023 (soit environ 7,5 Md€), le groupe s'attend à passer sous ce ratio en 2025. Sans toutefois s'engager plus avant sur la cible précise à cet horizon, cette indication dessine un budget IT stable sur les deux ans qui viennent. Le budget informatique de BNP Paribas a nettement progressé entre 2017 et 2021, passant de 5,8 à 7 Md€.

Virage vers des architectures cloud

La stratégie informatique de BNP Paribas est marquée par une montée en puissance des architectures cloud, notamment via un partenariat avec IBM qui déploie un cloud dédié pour l'établissement. L'objectif affiché est faire tourner 60% des applications sur les environnements cloud fin 2025, la banque affirmant avoir d'ores et déjà atteint la barre des 45%. Ce programme s'accompagne d'une transformation d'une bonne part du portefeuille applicatif vers les environnements en conteneurs, exploités sous Kubernetes, comme nous l'avons détaillé dans un article récent. La modernisation applicative se traduit également par le développement rapide des API, au nombre de 900 désormais, soit une progression de 35% par rapport à 2022. Sur les plateformes dédiées du groupe, ces API génèrent 700 millions de transactions par mois.

La banque, qui a généré un résultat net de 11 Md€ en 2023, s'est aussi attelée au déploiement de l'IA. BNP Paribas, qui vise 1000 cas d'usage en production en 2025 (contre 750 actuellement), répertorie quatre grands champs d'utilisation : la génération de revenus (via, par exemple, l'automatisation du trading ou la personnalisation des campagnes marketing), l'expérience client (chatbot, analyse des appels entrants), l'efficacité opérationnelle (traitement de documents renfermant des données non structurées) et la gestion du risque (lutte contre le blanchiment et contre la fraude aux paiements). Le groupe, qui revendique plus de 700 spécialistes du sujet en interne, se frotte évidemment à l'IA générative, avec des expérimentations hébergées sur un environnement dédié.

Les promesses de l'IA générative

Un groupe de travail transverse a ainsi été constitué sur le sujet, et une centaine de cas d'usage potentiels ont été isolés, dont 26 actuellement en cours de test. Dans son document destiné aux marchés, la société cite plusieurs prototypes présentés comme « prometteurs » : la préparation des analyses ESG, la préparation des notes de crédits, les rapports de performance des fonds ainsi que l'analyse des interactions des clients.
Tous usages de l'IA confondus, BNP Paribas promet de générer 500 M€ de valeur à l'horizon 2025, par la création de nouveaux revenus ou par l'optimisation des coûts et des risques.

En complément :
Pour BNP Paribas, le standard IT n'est plus la VM, mais le conteneur
Hugues Even, BNP Paribas : « Nous aurons 1000 cas d'usage d'IA en production en 2025 »