Celle qui se déclarait fintech il y a peu dresse finalement un bilan qui ressemble plus à celui d’une banque d’investissement publique, ce qu’est réellement Bpifrance. Lors du bilan de son activité 2022, elle fait éloge de sa performance financière « remarquable » avec un résultat net 2022 estimé à 1,5 Md€ et 1,3 Md€ investis en capital dans l'industrie française – le dernier exemple en date étant la montée au capital d’Alstom – par le biais des portefeuilles de Bpifrance Participations. Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, n’hésite pas à mettre les bouchées doubles pour étaler le succès de la société, et de surcroit, dans un environnement macroéconomique difficile. Celle qui exerce aujourd’hui pas moins de 8 métiers (financement, garantie, financement de l’innovation, investissement direct et investissement en fonds de fonds, international, accompagnement et création) a su s’implanter sur l’ensemble du territoire et à l’étranger.

Bpi rappelle que le financement moyen et long terme des entreprises par le biais de crédits a augmenté de 11 % cette année grâce à ses 50 implantations régionales. Les dispositifs partenariaux ont permis de mobiliser près de 1,7 Md€ pour plus de 6 500 entreprises, un chiffre qu’elle attribue à la reprise de l’économie à l’issue de la crise sanitaire. Concernant son activité de garantie, Bpifrance note que le rebond observé en 2021 s’amplifie avec une hausse de 15 % des crédits garantis et une croissance du nombre d’entreprises bénéficiaires (+37 %) ainsi que du niveau de risque assumé par Bpifrance (+33 %). Au total, elle comptabilise 17,32 milliards d’euros en financement (+9 % par rapport à 2021) et 8,21 milliards d’euros engagés sous forme de prêts des banques françaises garantis par Bpifrance (+15 % par rapport à 2021).

France 2030, fer de lance de Bpifrance

Côté innovation, le plan France 2030 dont Bpifrance a la charge a su être un moteur pour le financement de l’innovation, avec un record établi à 4,47 milliards d’euros (+1,36 % par rapport à 2021). Le lancement du plan start-ups et PME industrielles – avec un objectif de 100 usines par an – ainsi que la poursuite du plan deeptech – qui ambitionne de faire émerger 500 start-ups deeptech par an à horizon 2025 – font aujourd’hui partie des priorités. Pour soutenir ce plan, Bpi a d’ailleurs lancé cette année la plateforme Lesdeeptech.fr avec la mise à disposition de différents services pour les entrepreneurs souhaitant créer leur start-up. Dans le cadre de France 2030, ce sont 6 451 entreprises qui ont bénéficié d’un soutien de Bpifrance, via son réseau régional (subventions, aides à la R&D, prêts sans garantie innovation, volet territorial de France Relance…) ou via la direction de l’Expertise qui gère les appels à projets nationaux (i-Lab, i-Demo, i-Nov, AAP 1ère Usine et Programmes Stratégies d’accélérations du volet dirigé de France 2030, et du volet national de France Relance). « France 2030 est au cœur du plan stratégique de la maison », ajoute Nicolas Dufourcq.

Le directeur général indique par ailleurs que la société a beaucoup avancé dans sa stratégie de prêts aux TPE françaises notamment avec Flash, sa plateforme qui regroupe tous les prêts, notamment les prêts directs sans garantie. La société a su également s’affirmer au travers de différents verticaux qu’elle a développé : french care (santé), plan climat (6 Md€ investis en 2022), plan french fab (470 M€ investis), plan création (103 M€ de prêts décaissés en 2022), et, dans le mois à venir, le lancement d’un plan dédié au retail. Bpi ne cache pas ses ambitions en matière d’accompagnement des start-ups françaises. « Nous avons créé un club des investisseurs Corner Stone pour se préparer aux premières cotations aux alentours de 2024 » poursuit Nicolas Dufourcq, citant au passage quelques noms bien connus de l’écosystème French Tech : Contentsquare, Mirakl, Dataïku. Il prévient toutefois que 2023 va être difficile pour la French Tech. « Les fonds vont être confrontés à une réduction des allocations des assureurs, conséquence du choc obligataire qu'ils ont vécu et vivent encore sur les marchés de taux » poursuit-il. « C'est une année où il va falloir être performant. C'est une année qui va être lente mais ce n'est pas une année de crise ».

Enfin, l’activité de fonds propres, qui couvre le capital innovation, le capital développement dans les PME, les ETI et les grands groupes ainsi que l’investissement en fonds de fonds, se porte plutôt bien. Notons la croissance confirmée de l’activité d’investissement en fonds propres direct et en fonds de fonds avec 4,85 Md€ déployés. L’investissement en capital innovation atteint par ailleurs 726 M€ sur l’année (+11 % par rapport à 2021). Les investissements en capital développement progressent quant à eux de 15 %, portés à 2,5 Md€.