Iconique société du monde open source avec sa distribution Ubuntu, Canonical a depuis sa création en 2004 par Mark Shuttleworth, pris le virage vers le cloud. Objectif : accompagner les entreprises vers leurs projets de transformation numérique et répondre à la fois à leurs besoins tant en termes d'agilité que de scalabilité. Autrefois pierre angulaire de sa stratégie, la distribution Ubuntu, n'est plus seule au catalogue et d'autres solutions et technologies sont poussées depuis quelques années. En particulier dans les domaines clés que sont les containers, Openstack et l'internet des objets. « Canonical est connu comme éditeur d'Ubuntu, mais le nombre de produits que l'on a est nettement supérieur à cela, dans l'infrastructure mais aussi dans le monde applicatif », nous a indiqué Thibault Rouffineau, directeur marketing de Canonical. « Le gros de notre portfolio va du datacenter au cloud public avec des partenariats avec Azure, AWS et Google ».

Pour ce qui est de la prochaine version d'Ubuntu 21.04 prévue le 22 avril 2021, à quoi faut-il s'attendre ? Pas au nouveau bureau GNOME 40 ni de GTK4, mais plutôt à de modestes changements comme l'afficheur Wayland par défaut ainsi que le support par défaut de Python 3.9, et du noyau Linux 5.11. De même des améliorations de sécurité sont prévues avec un home folder privé par défaut. En termes de pénétration d'Ubuntu actuellement, difficile d'en savoir beaucoup, la société ne communiquant pas sur ces chiffres. Mais en termes de projets, la grande tendance qui se dessine pour Canonical est autour de Kubernetes, d'abord aux Etats-Unis avec une évolution ensuite pour le reste du monde. « Du point de vue des coûts on ne se base sur aucune licence ou souscription mais uniquement sur un prix par CPU », argumente Thibault Rouffineau. « En gérant la stack logicielle avec Charms, on permet aux entreprises de diminuer les coûts de maintenance et d'éviter d'installer un cloud spaghetti car tout est plus facile à upgrader ».

Des grands projets de remplacement de clouds privés internalisés

Côté Ubuntu, la version Core dédié aux environnements IoT commence aussi à monter en puissance. « Elle a été lancée il y a 6 ans autour de la robotique et poursuit son adoption dans le monde industriel », indique Thibault Rouffineau. Mais encore une fois, difficile d'obtenir plus d'indicateurs chiffrés. 50 à 70% des workloads tournant sur des clouds publics fonctionneraient sur Ubuntu. Parmi les éléments différenciateurs de cette distribution, outre le tarif par CPU, la sécurisation des images Docker au niveau des repository ou du Docker Hub constituent aussi des points forts. « On maintient un très haut niveau de sécurité pour être sur d'adresser toutes les dernières vulnérabilités et on permet de gérer et orchestrer l'orchestration des containers sur K8S mais aussi des workloads traditionnels et de l'infrastructure elle-même », avance Thibault Rouffineau.

Les grands projets d'équipements sont également amorcés pour installer Ubuntu, Charms et d'autres piles d'infrastructures ou applicatives dans les entreprises. « Nous travaillons sur des projets de remplacement pour des grands comptes de 9 cloud privés internalisés dont 5 en Europe pour un coût total sur 3 ans à un sixième du prix », nous a expliqué quant à lui Reg Deraed, responsable Europe du Sud chez Canonical. Au coeur de ce changement de modèle, on trouve Openstack Charms 18.04, qui a séduit les entreprises aussi bien pour son coût de support « bien moindre » avec des économies opérationnelles quantifiables immédiatement d'après l'éditeur, mais ce n'est pas le seul. « La tendance de nos clients c'est aussi d'aller vers le IaaS et le container as a service, et ce que l'on voit c'est une tendance à fusionner les projets Kubernetes et Openstack », poursuit Reg Deraed.

Le cloud native passé de projet tactique à stratégique

Qu'en est-il de la France ? « La tendance est clairement autour de Kubernetes et du cloud native avec beaucoup de migration de projets existants, avec aussi beaucoup de grandes sociétés qui passent leurs postes de travail vers de l'Ubuntu. Ce qui était tactique auparavant d'allers vers du cloud native, est aujourd'hui un projet stratégique », souffle Reg Deraed. Et à ce petit jeu, Canonical semble bien tirer son épingle du jeu avec l'annonce de la sortie récente de SuSE sur Openstack. « Même si SuSE ne vendait pas beaucoup de solutions Openstack, cela fait un interlocuteur de moins pour les clients, ce qui améliore notre position concurrentielle », poursuit Red Jarry.

Mais c'est surtout sur sa propre force technologique que Canonical veut avant tout convaincre les entreprises de se tourner vers son offre, plus que profiter d'un effet d'aubaine de marché : « la grande différence c'est que pour exploiter Openstack d'un point de vue opérationnel on containerise le control plane et le fait de livrer avec Kubernetes le code pour le customiser et le configurer, cela donne une agilité que le concurrent n'a pas », indique Reg Deraed.

BNP Paribas, Docaposte et TDF friands d'Openstack Ubuntu

En termes business, difficile - mais on s'en doutait encore - d'obtenir des chiffres précis de marché pour la France qui reste toutefois pour Canonical « une des plus grosses économies » pour des ventes effectuées aussi bien en direct qu'en indirect En France, parmi ses plus gros clients, on trouve en particulier BNP Paribas (Openstack couplé à Kubernetes et du support applicatif) ou encore Docaposte pour du cloud infogéré par Canonical, ou encore TDF pour un projet Openstack avec support 24/7. Si une introduction en bourse n'est toujours pas dans les tuyaux à court terme - plutôt à horizon de quelques années - Canonical compte étoffer ses équipes dont en France, actuellement d'une vingtaine de personnes, et lance un appel pour du recrutement d'ingénieurs pour des missions clients et de l'appui à l'installation, plus que de l'avant-vente uniquement.