Les records sont fait pour être battus. Dans le cadre du dernier sommet Choose France plus de 15 milliards d'euros de fonds vont ainsi être investi dans l'Hexagone par des entreprises étrangères. Soit un montant supérieur de 2 Md€ par rapport à l'an passé répartis entre 56 projets - dans des domaines aussi variés que l'agriculture, la pharmacie ou encore la finance - contre 28 précédemment. Parmi les activités bénéficiant principalement de ce fléchage, celles de l'IA et de la décarbonation sont assurément en tête de peloton. Parmi les principaux investisseurs de cette édition 2024 de Choose  France, ce sont les acteurs IT qui sortent du lot par le montant des fonds apportés qui atteignent des sommets. Microsoft a ainsi annoncé son investissement le plus important en France à ce jour pour accélérer l’adoption de l’IA, la formation et l’innovation avec une enveloppe de 4 Md€ dépensée d'ici 2027. Et ce pour atteindre trois objectifs principaux : renforcer ses infrastructures cloud et IA, accélérer la formation à l'IA en formant 1 million de personnes et investir dans 2 500 start-ups françaises.

La firme de Redmond s'engage à étendre les capacités de ses deux datacenters existants (région parisienne et Marseille) et d'en construire un troisième de dernière génération à 10km de Mulhouse sur la commune de Petit-Landau qui sera doté d'une capacité allant jusqu'à 25 000 GPU. Un investissement conséquent largement salué par Emmanuel Macron ce matin lors d'une prise de parole au siège de Microsoft France avant son départ pour Versailles pour ouvrir le sommet Choose France 2024. "Ce datacenter, l'un des plus gros d'Europe, nous met dans la compétition des données et en même temps de l'IA", a lancé le président de la République. "C'est un investissement massif pour l'économique française, pour la région et l'agglomération, dans les start-ups de l'écosystème et dans le cloud Bleu avec Orange et Capgemini qui nous aide à avoir une solution souveraine et européenne". Et Emmanuel Macron de poursuivre : "on rentre dans une étape fondamentale d'un monde féroce qui se gagne avec des partenaires de confiance qui partagent des mêmes valeurs avec qui nous voulons bâtir des solutions européennes avec des gens que l'on connait et avec qui on a confiance et pas un groupe n'a fait de tel choix si ce n'est Microsoft".

Des investissements réduits du côté d'Amazon, Telehouse et Equinix

L'histoire liant Microsoft à la France est loin d'être feinte car l'éditeur a réussi à disséminer (ou imposer ?) ses technologies depuis plusieurs dizaines d'années dans les entreprises et administrations non sans un certain succès. Toutefois, ce choix d'investissement se fait aujourd'hui sans doute moins par plaisir aujourd'hui que par stratégie. Car face à ses concurrents (AWS et Google Cloud en particulier) la pression est devenue forte pour la firme de Redmond pour proposer - quoi qu'il en coute diront certains - des capacités cloud et de traitements IA sécurisés. Et puis il convient aussi de considérer l'investissement de 4 Md€ de Microsoft selon plusieurs prismes : d'un point de vue franco-français il s'agit effectivement d'un montant très conséquent au regard des investissements réalisés par les hyperscalers locaux (OVH, Outscale, Scaleway....). Mais à l'échelle mondiale ce n'est plus vraiment le cas : n'oublions pas qu'il y a quelques jours Microsoft a annoncé investir 2,2 Md$ en Malaisie pour construire des datacenters cloud et IA après avoir également investi en Indonésie et en Thaïlande. La France est donc loin d'être l'épicentre des investissements cloud et IA mondiaux et ce bien qu'Emmanuel Macron le souhaite sans doute ardemment. Il n'y a qu'à voir les autres efforts consentis par les autres acteurs IT étrangers pour investir sur le territoire qui s'avèrent bien plus faibles que ceux de Microsoft.

Amazon annonce ainsi qu'il va consacrer 1,3Md€ à la construction d’un datacenter pour sa filiale cloud AWS, mais aussi implanter un nouvel entrepôt pour ses activités e-commerce en Auvergne Rhône-Alpes avec à la clé un objectif de créer plus de 3 000 emplois. De son côté l’opérateur télécom japonais KKDI (Telehouse) compte investir un milliard d’euros pour son activité IA dans ses sites existants à Paris et dans les Yvelines et pour sortir de terre deux datacenters supplémentaires en Ile de France et en PACA. L'opérateur de datacenters Equinix annonce de son côté 600 M€ pour construire un nouveau datacenter. Mais d'autres fournisseurs - pourtant très gros - semblent rechigner à mettre (encore ?) la main à la poche pour investir davantage en France. C'est le cas par exemple d'IBM indique être prêt à investir 45 M€ pour créer un centre R&D à Saclay spécialisé en informatique quantique avec à la clé la création d'une cinquantaine d'emplois. Cela tombe bien car big blue fourmille de projets dans ce domaine qu'il espère bien sortir de l'ornière.

L'attrait d'une énergie décarbonée made in France

Pour le commissaire européen au marché Intérieur Thierry Breton, plusieurs facteurs expliquent "l'attirance" des acteurs étrangers vers la France, à commencer par le "niveau de formation" mais aussi "l'énergie décarbonée produite en France". Un dernier intérêt qui sert aussi directement les sociétés étrangères pour améliorer leur bilan carbone et atteindre a minima leurs ambitieux objectifs de neutralité carbone.