Le cloud à la française, que Fleur Pellerin préfère nommer le cloud souverain, compte aujourd'hui deux grands acteurs : Numergy et Clouwatt et pas mal de détracteurs. Il s'insère en effet entre deux types de concurrents, les grands acteurs mondiaux, souvent américains, et les PME françaises, opérateurs, hébergeurs, SSII qui ont bâti des datacenters, des offres d'hébergement, et se préparent et préparent leur éco système au cloud. Des concurrents, américains ou PME françaises, qui sont prêts, avec des offres et des catalogues disponibles, ce qui n'est pas  le cas des deux clouds souverains.

Comment expliquer dans ces conditions, que le gouvernement, via la Caisse des dépôts, finance les deux projets français ? D'autant qu'un seul projet était prévu et que Dassault Systèmes, excédé par les lenteurs et les atermoiements, a fini par faire défection et claquer la porte.

Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer

Lors de la présentation de cloudwatt mardi dernier, Fleur Pellerin a avancé plusieurs arguments. En rappelant d'abord qu'il fallait « passer à l'offensive et faire du numérique une pierre angulaire de notre développement » et que »les pouvoirs publics ont un rôle à jouer dans un environnement de cloud ». Pour la ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'Économie numérique, l'avenir du  cloud et du cloud souverain se joue aussi à Bruxelles où  se préparent des dispositifs pour créer des règles de confiance spécifiques à ce domaine. « Ce serait une formidable avancée ».

Cet aspect européen salué, Fleur Pellerin devait souligner que « les avantages du cloud sont nombreux ». Et de citer plusieurs projections économiques et les retombées du cloud en termes d'emplois. Le programme très haut débit qu'elle pilote accompagne également ce cloud et « aura un effet d'entraînement en favorisant l'émergence de grands acteurs ».

Une menace d'hégémonie

Mais le problème selon la ministre vient de la menace d'hégémonie (« le constat est sans appel ») venue de acteurs américains. Il faut donc une réponse et le ministère du Redressement Industriel et le gouvernement en font une priorité. Comment ? En finançant, c'est le rôle de la CDC. Fleur Pellerin insiste aussi sur les PME et c'est nouveau. « Je connais la très forte demande des PME en matière de cloud » note-t-elle, en parlant d'IaaS et d'environnement logiciel.

La ministre déléguée annonce qu'elle veut mobiliser le FSN (Fonds pour la Société Numérique de la CDC) sur ce thème et aussi le dispositif des investissements d'avenir. Elle parle d'un fonds résiduel restant sur ces investissements d'avenir (l'ex grand emprunt) qui pourrait être affecté à des PME innovantes dans le cloud computing. Un appel à projet sera formalisé. La date et le montant ne sont pas communiqués. Pas plus que les types d'entreprises concernées : éditeurs, hébergeurs, opérateurs, SSII.