Comme toute entreprise, Orange a dû s'adapter pour faire face à une organisation du travail chamboulée à cause du confinement de ses salariés. Avec toutefois une différence par rapport à d'autres, car en tant que premier opérateur national, le groupe a également pour mission d'assurer dans les meilleures conditions possibles un dimensionnement réseau capable d'absorber le trafic data et mobile qui a explosé dans ces circonstances exceptionnelles. « En France, on est passé de 10 000 personnes en télétravail habituellement à plus de 55 000 », nous a expliqué Aliette Mousnier-Lompré, directrice de la relation client et des opérations d'Orange Business Services. Basculer de 10% de télétravailleurs à près de 80% a bien sûr nécessité un redimensionnement des capacités réseaux du groupe. « Nous avons activé deux liens de 100G sur le nouveau câble transatlantique et malgré cela il y a encore d'énormes pics de connexions à des conférences vidéo et audio ».

Tous les salariés du groupe Orange ne sont toutefois pas en mesure de télétravailler, dont un certain nombre - on ne sait pas combien exactement - sont entièrement consacrés à l'entretien des infrastructures vitales. « On s'était déjà préparé mais peut être pas autant pour gérer autant de connexions simultanées et quelques mises au point par rapport à la capacité ont été effectuées », confirme de son côté Paul Joyce, directeur d’Orange Global Solutions for Business. Plusieurs très gros clients du groupe - impossible encore une fois d'en savoir plus auprès des dirigeants d'Orange approchés par la rédaction - ont pu bénéficier très rapidement de cette montée à l'échelle de l'augmentation des capacités réseau pour couvrir leurs besoins en télétravail et visioconférences/webconférence particulièrement gourmandes en ressources.

Les entreprises aux infrastructures cloud virtualisées et scalables avantagées

Pour répondre à leurs besoins, Orange s'appuie sur des points d'interconnexion cloud, élargit la bande passante entre le réseau des clients et le cloud et opère des solutions collaboratives dans ses infrastructures ou sur des plateformes hébergées. « Nous proposons une interopérabilité de notre plateforme, de l'assistance réseau et de la capacité sur des infrastructures privées et cloud », indique Paul Joyce. En interne, 300 consultants d'Orange sont mobilisés pour accompagner des clients, comme ce CHU dans le Nord de la France - dont on n'a pas pu obtenir le nom - pour réussir leur bascule vers du télétravail en déployant les packages applicatifs nécessaires. « Dans le confinement qui dure, globalement des solutions collaboratives comme Cisco Webex, Zoom et Microsoft Teams reposant sur une infrastructure privée sont utilisées. Les PME ont besoin de solutions de solutions simples avec des accès Internet et mobiles, les éditeurs sont souvent les mêmes mais les emplacements de données différents. Nous avons une valeur ajoutée avec l'intégration des solutions aux postes de travail et l'assistance aux usages. Nous n'avons jamais eu autant de remerciements par rapport à la situation ».

Les clients d'Orange qui avaient déjà une infrastructure cloud virtualisée et scalable semblent bien avoir été favorisées en ayant pu monter en charge très rapidement. « Nos grands clients sont déjà équipés, on est actuellement dans des scénarios d'augmentation capacitaire. Ce n'est pas dans une situation de crise que l'on doit prendre des décisions en urgence, il faut anticiper et prévoir en amont », poursuit Aliette Mousiner-Lompré. Le fait est que pour les entreprises prises au piège, d'un manque de dimensionnement réseau, la situation n'en reste pas moins critique. Chez Orange, 30 à 40 clients ont actuellement des pics de 50 à 80 000 connexions simultanées pour du télétravail à distance. Des changements de trafic ont également été adaptés pour un grand ministère régalien - encore une fois non citable - permettant d'aider les entreprises à déclarer le chômage technique de leurs employés, ainsi que pour une institution permettant aux plus grands pays de la planète de se réunir dans de bonnes conditions en visioconférence.

Des discussions avec Disney sur les protocoles video utilisés

Les usages collaboratifs qui ont explosé ne concernent pas seulement la visio/webconference - dont le volume a été multiplié par 5 à 7 pour certaines entreprises - mais également la création de dessins assistée par ordinateur. « Les capacités réseaux IP, voix et mobiles à l'international ont été renforcées et le rajout de l'activité transatlantique permet de voir des augmentations de 5 à 10 des flux en Corée du Sud, Chine, Australie et Italie », poursuit Paul Joyce. Pour accroître la bande passante disponible, des actions de baisse de trafic ont été effectuées ; outre des initiatives de Netflix, Facebook et Google YouTube pour abaisser la qualité et donc le volume data de leurs flux vidéo, Disney - dont le lancement de sa plateforme de streaming en France est toujours calée au 7 avril 2020 - a été approché par les équipes d'Orange pour évaluer l'usage de protocoles vidéo permettant de gagner de la bande passante. « Je ne peux pas vous donner tous les détails et les architectures techniques utilisées, l'idée est d'exploiter au mieux la capacité pour mieux consommer les services », nous a indiqué Paul Joyce.