S'il y a une tendance IT sur laquelle Dell surfe en ce moment c'est bien celle de l'hyperconvergence. C'était en tout cas une thématique phare que le fournisseur texan a choisi de mettre en avant lors de son dernier événement à Paris (Caroussel du Louvre) le 17 septembre 2019. Pour Dell, le business de l'hyperconvergence constitue l'un de ses plus grands réservoirs de croissance de son activité infrastructure. VXRail a ainsi pesé au dernier trimestre au niveau mondial plus de 2 milliards de dollars de revenus, en croissance de 132% d'une année sur l'autre, et séduit près de 5 400 clients avec des projets dépassant les 5 000 noeuds. « Nous voyons le marché de l'hyperconvergence depuis 2-3 augmenter très très fortement et notre business est globalement en EMEA et ici en France très fort avec 50-70% de croissance sur le premier semestre 2019 », nous a indiqué Aongus Hegarty, président EMEA de Dell Technologies.

Le besoin de rationaliser son infrastructure au sein d'une même solution embarquant puissance de calcul, stockage et réseau est donc devenu pour les entreprises particulièrement pregnant et ce, quel que soit leur environnement informatique. « On peut aller off premise chez un grand acteur ou un acteur local avec compatibilité API, et laisser libre choix au client de prendre ses serveurs ou stockage réseau chez d'autres », nous a expliqué Sébastien Verger, directeur technique de Dell Technologies France. « Ce qui est important c'est la couche gestion et automatisation avec la vCloud Foundation avec aussi le provisiong, la facturation, qui vont avoir des connexions avec toutes les couches d'infra au-dessous et avec tous les fournisseurs de cloud AWS, Microsoft, Google... Même Oracle vient à supporter VMware. C'était demandé par les clients, Oracle a été probablement celui qui a résisté le plus longtemps mais on voit quand même tout le monde écouter les clients ».

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« VMware Cloud Foundation sur VxRail permet de monter une infrastructure as a service intégrant hard et logiciel avec de la gestion automatisée de mise à jour », a expliqué en atelier Noham Medyouni, avant-ventes architecte Dell Technologies à l'occasion d'une session consacrée à l'hyperconvergence. (crédit : D.F.)

L'orchestration de containers moins bien gérée que les machines virtuelles

Pour monter dans le train avec Dell de l'hyperconvergence, plusieurs possibilités sont proposées aux clients. Ils peuvent tout d'abord commencer par acheter des serveurs et des licences VMware et les installer dessus. « En faisant ça c'est plus compliqué et cher mais ils ont le choix sur les serveurs et peuvent changer pour du HP, Lenovo, Huawei... c'est un scénario pas majoritaire, un peu significatif mais qui opérationnellement parlant n'a pas vraiment de sens. En passant par l'offre Ready Node, on propose un assemblage usine tandis qu'avec VxRail il s'agit d'une offre clé en mains avec un écosystème et de l'upgrade en un clic », fait savoir Sébastien Verger. Et Aongus Hegarty de précise de son côté : « on voit beaucoup d'entreprises de taille moyenne avec des environnements multicloud, se tourner vers VxRrail et VMware Cloud Foundation et accéder aux clouds publics, c'est un modèle qui fait vraiment sens. Ils regardent les coûts et s'ils peuvent avoir une solution packagée facile à déployer, gérer et maintenir sans besoin de compétences, de ressources supplémentaires par rapport à construire leur propre modèles de solutions, ils se tournent vers la flexibilité de VMware Foundation dans le cloud privé et public. »

Parmi les services adossés à la technologie HCI VxRail de Dell Technologies, viennent se greffer en particulier des API Restful pour de la scalabilité vers les clouds, de la gestion de clusters locaux (VxRail Manager), de l'automatisation et de l'orchestration ainsi qu'un moteur analytique (ACE) pour l'analytique et la centralisation des données. Outre VxRail, l'hyperconvergence signée Dell passe aussi par VxFlex (ready node, appliance et integrated rack) reposant sur du stockage block scale out. 

« Ceux qui disent préférer garder leurs infras pour des raisons de coûts plutôt que de l'hyperconvergence, je m'en méfie car on est sur l'habituel protectionnisme du job des patrons de prod, par une peur fondée de perte d'influence », souffle Sébastien Verger. Outre l'hyperconvergence, c'est également du côté des containers - plus précisément de leur orchestration - que Dell Technologies, via VMware et le rachat de Pivotal, met l'accent. La transition entre virtualisation et orchestration de containers applicatifs et de microservices est loin d'être un long fleuve tranquille. « On assiste dans les entreprises à des projets menés par les dev à la prod qui font face à des workloads qu'ils ne maitrisent pas forcément aussi bien que les machines virtuelles traditionnelles », a expliqué Stéphane Huet, directeur général France de Dell Technologies en introduction de séance plénière.

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Dell France a rejoué « à la française » la rencontre entre les patrons de Dell, Microsoft et VMware du Dell technologies World de mai 2019 en réunissant en plateau (de gauche à droite) : Carlo Purassanta (directeur général de Microsoft France), Anthony Cirot (directeur général de VMware France) et Stéphane Huet (directeur général de Dell Technologies France). La table ronde était animée par Sébastien Verger (à gauche), directeur technique de Dell Technologies France et de Nassima Benaissa, ingénieur système senior Dell Technologies France. crédit : D.F.

PKS intégré à VMware Cloud Foundation pour faciliter la création d'app foundry

Outre l'intégration du noyau K8S dans vSphere 7, Dell a par ailleurs annoncé Pivotal Kubernetes Services (PKS) dans VMware Cloud Foundation (VCF). Cela risque-t-il de remettre en cause l'engagement de Pivotal dans l'open source ? « Il est un peu tôt pour le dire mais il n'y pas de raison que fondamentalement cela apporte des grands changements », rassure Sébastien Verger. « C'est la philosophie de VMware qui passe des accords avec tout le monde, deux acteurs du même groupes qui se rapprochent qui partageaient cette même philosophie, on serait surpris que cela change. » Selon le directeur technique, ces rapprochements permettraient de répondre à une véritable demande client pour permettre le développement de leur propre usine applicative ou app foundry. « Cela permet à Thales de créer des solutions en assemblant des applications d'autres acteur pour rempoter des marchés d'intégration global », poursuit Sébastien Verger. 

« Pivotal avait plusieurs branches, en conseil sur les méthodologies de développement, et une solution d'industrialisation de déploiement des containers. Il a décidé d'industrialiser tout ça en emmenant un package de plusieurs couches basses d'infra, les containers comme docker liant entre les dév qui courent après l'innovation et les opérateurs qui courent après la stabilité, et le package PKS embarquant sécu réseau NSX T pour que les containers qui partent à extérieure le soient avec leurs règles de sécurité », nous a expliqué Vincent Barbelin, CTO Field de Dell Technologies France. « En parallèle, une intégration de la brique Bosh, une couche d’abstraction qui automatise la réparation et l'auto check d'un container a été effectuée, et aussi une couche KB d’ordonnanceur qui amène des règles d'autoscale et de clonage. Sans oublier des brokers de cloud providers, des interfaces et surtout un registre Harbor dont l'intérêt est de connaitre l'état des containers et leur niveau de sécurité. »

L'edge computing fait briller les yeux des fournisseurs, pas encore des clients

D'après le CTO Field de Dell Technologies France de préciser, la couche PKS a été faite sans couche de glu middelware, sur laquelle les benchs, des test et mises à jour automatisées ainsi qu'un outil d’industrialisation de containers ont été ajoutés. Le but ? Permette à des typologies de clients de faire de la virtualisation, du HCI ou de se greffer sur une architecture à eux, ou d'amener une solution complète accessible depuis rien. « Avec la Dell Ready Architecture on installe un rack avec réseau et hypervconvergence Vxrail et la couche PKS en mode PaaS privé », précise Vincent Barbelin. « La tendance est d'aller vers la fonction as a service en travaillant sur des offres avec des briques de sécurité réseau, directement téléchargeable depuis une place de marché. Notre plateforme function as a service est live aux US, cela veut dire qu'un acteur pourra louer et assembler à mes microservices pour un applicatif tierce ».

Côté edge computing le grand soir est-il enfin arrivé ? Rien n'est moins sûr car il est loin d'être encore sur toutes les bouches de toutes les entreprises utilisatrices. Alors que Michael Dell a pointé lors de sa conférence « la grosse croissance vers l'edge qui arrive pour tout le monde », la réalité sur le terrain, notamment en France, diffère sensiblement. « L’ensemble des acteurs du marché sont tous très excités par l'edge car dans l'edge il y a tout à faire, il n'y a rien, donc concrètement il y a tout à vendre », nous a répondu en toute transparence Sébastien Verger, directeur technique de Dell Technologies France. « Le push client peut aller du SD-WAN Velocloud avec des solutions basées sur du VxRail et emportant de l'IoT de VMware qui sont des solutions clés en mains ».