Le groupe d'enseignement supérieur Excelia accueille chaque année plus de 5 000 étudiants sur ses campus de La Rochelle, Tours, Orléans et bientôt Paris Cachan. Il compte cinq écoles qui forment aux métiers du management, du management appliqué au tourisme et du digital, avec environ 350 collaborateurs permanents et près de 500 intervenants externes. Le 31 mai 2022, Bruno Neil, directeur général d'Excelia, accompagné d'Anthony Hié, directeur de la transformation digitale, de Laura Zdroui, directrice des ressources humaines et de la transformation et de Caroline O'Neil, ingénieure pédagogique, ont présenté le plan de transformation XL Vision, qui ambitionne de réinventer le modèle d'enseignement du groupe afin de proposer aux étudiants et aux collaborateurs un système d'apprentissage agile et des expériences immersives.

Selon Bruno Neil, XL Vision se veut un plan « holistique et co-construit avec l'ensemble des parties prenantes ». Il vise à proposer un modèle d'enseignement phygital, « qui change la manière de diffuser les savoirs ». Le plan de transformation d'Excelia s'articule autour de trois objectifs : la refonte des méthodes d'apprentissage, l'élargissement des missions d'éducation et la généralisation de l'agilité dans la pédagogie. Il accorde également une place importante à la transformation de l'organisation, à travers une approche data-driven mise au service de tous les usagers, apprenants comme enseignants, personnels administratifs et gouvernance. Enfin, les orientations comportent également un « fil vert », avec des objectifs de responsabilité sociétale (RSE) et de sobriété numérique. Pour mettre en oeuvre ce plan, inscrit dans le plan stratégique 2020-2025, le groupe a prévu un budget de 5,6 M€ sur cinq ans et recruté une quarantaine de collaborateurs sur de nouveaux métiers.

Un enseignement centré sur l'expérience

L'enseignement supérieur rencontre aujourd'hui plusieurs défis : émergence de nouveaux concurrents entièrement en ligne, étudiants désireux de revenir sur les campus et demandeurs d'expériences augmentées, développement des microcertifications dans la formation continue, besoin de continuité pédagogique avec l'enseignement hybride... Pour répondre à ces enjeux, Excelia a choisi de travailler sur quatre axes stratégiques. Le premier consiste à réinventer l'expérience des apprenants, professeurs et administratifs avec de nouveaux services et modes de collaboration centrés sur l'humain. Le deuxième porte sur le renforcement de la culture digitale, avec une stratégie RH centrée sur le développement des compétences. Le troisième concerne le développement de pédagogies innovantes et immersives centrées sur les besoins et la réussite des apprenants. Enfin, le dernier est la construction d'un socle technologique innovant pour accompagner la croissance du groupe. Ces axes stratégiques se déclinent en six thématiques et 38 projets. « Nous prévoyons de lancer huit projets par an », a précisé Anthony Hié.

L'innovation technologique tient une place importante dans ce plan. Pour Excelia, elle intervient à deux niveaux : d'un côté, des smart campus offrant une expérience augmentée, de l'autre un ensemble de services dans le monde digital. Pour le premier volet, le groupe a prévu d'équiper chaque campus d'une XL Factory, des lieux physiques de plus de 100 m² organisés en quatre espaces : Explore pour l'exploration des nouvelles approches d'apprentissages, dont la réalité virtuelle et augmentée ; Create pour la création à travers un studio de production ; Think pour la réflexion avec des espaces de rencontre favorisant l'intelligence collective et enfin le Lab pour la formation. La première XL Factory complète ouvrira à La Rochelle en octobre 2022, les autres campus devant être finalisés dans les six mois suivants. Le groupe travaille aussi sur la certification R2S-4grids de ses bâtiments connectés avec Certivéa.

Métavers et learning experience platform

Dans le monde digital, Excelia travaille sur deux types de métavers, accompagné par le cabinet de conseil spécialisé Antilogy. Le premier est un métavers synchrone, jumeau numérique des XL Factories. Selon Anthony Hié, ce métavers va permettre de proposer des expériences d'apprentissage immersives, complémentaires de celles des campus. « Nous ne voulons pas reproduire des cours magistraux, nous ciblons plutôt les mises en situation, avec un accompagnement par les professeurs », a indiqué le directeur de la transformation digitale. Excelia veut également déployer un métavers asynchrone pour donner aux apprenants la possibilité de développer des blocs de compétences, « en maximisant et en stimulant les capacités cognitives ». Pour Caroline O'Neil, ingénieure pédagogique, « il s'agit de conjuguer la neuro-éducation et la technologie afin d'assurer une pédagogie efficace. » L'usage de la réalité virtuelle et augmentée, de préférence avec des casques pour maximiser l'immersion et la concentration, permet aux apprenants d'observer une même notion dans des environnements différents et d'être acteurs, ce qui contribue à l'ancrage des connaissances. Ces technologies contribuent aussi à la mise en place d'une pédagogie responsable. « Choisir la réalité virtuelle pour faire des visites d'entreprises étrangères, c'est aussi limiter ses déplacements », illustre Caroline O'Neil.

Le groupe veut aussi mettre en oeuvre une learning experience platform (LXP), plateforme de formation centrée sur l'expérience de l'apprenant, qui offrira notamment des micromodules pour répondre à la hausse des demandes en microcertifications. « La LXP exploite les données et l'intelligence artificielle pour permettre une ultra-personnalisation, en adaptant l'enseignement à la progression, aux préférences et aux comportements des apprenants », a décrit Anthony Hié. Sur ces sujets, le groupe travaille notamment avec Domoscio, une entreprise spécialisée dans l'adaptive learning. Au sein de la LXP, un bloc data for business est déjà opérationnel et un bloc RSE et développement durable est en cours de réalisation. Pour aller plus loin, Excelia a déposé une marque dénommée ILE (immersive learning experience) pour labelliser la qualité des expériences immersives, tant sur les campus que dans le monde digital.

Une organisation transversale

Le plan prévoit également le déploiement d'une digital workplace, un portail unique, omnicanal et multi-terminaux pour toutes les communautés du groupe, étudiants, équipes pédagogiques et administratives. Celle-ci permettra de partager l'information, mais aussi de faciliter le parcours d'inscription en ligne. « Notre priorité est d'assurer une continuité d'expérience lorsque l'utilisateur passe d'une plateforme à l'autre », a souligné Anthony Hié. Enfin, pour appuyer sa stratégie data-driven et relever le défi de l'analytique, Excelia a lancé un datalab réunissant des experts métiers et des profils plus techniques, tels des ingénieurs data, data scientists et architectes data. Ce laboratoire transverse s'adresse à tous les services du groupe, aussi bien les départements pédagogiques que la finance, le marketing ou les autres processus organisationnels. Il vise à exploiter les données pour répondre aux nouveaux usages et co-construire de futurs modèles de création de valeur. « La donnée peut servir à éclairer des décisions stratégiques, mais elle peut aussi aider à personnaliser et individualiser les parcours d'enseignement », a souligné Anthony Hié.

Pour piloter ces transformations, le groupe Excelia a mis en place une organisation elle aussi transversale autour d'une grande direction de la transformation digitale. Celle-ci associe les fonctions classiques d'une DSI à des missions d'accompagnement et d'innovation, en lien avec les RH et les métiers d'enseignement. Aux côtés de la DSI, deux nouveaux pôles matérialisent cette ambition. Un pôle d'accompagnement métiers et de conduite de changement vise à faciliter l'adoption des méthodes et outil, tandis qu'un pôle innovation digitale, edtech et expérientiel gère la digitalisation des enseignements avec l'équipe d'ingénierie pédagogique, intégrant également de nouvelles expertises (métavers, data, devops...). La direction des ressources humaines et de la transformation (DRHT) est étroitement associée au plan, afin de développer une culture digitale à tous les niveaux de l'organisation. Parmi les actions mises en oeuvre figure la mise en place d'une organisation miroir au niveau des chefs de projets, reflétant celle de la direction de la transformation digitale, avec des binômes regroupant compétences digitales et métiers. Une cellule interne d'accompagnement au changement a également été créée. Selon Laura Zdroui, cette cellule est chargée « d'acculturer l'ensemble des collaborateurs à la gestion de projet, de mettre en oeuvre des ateliers de co-construction ou encore de développer des communautés d'ambassadeurs autour des projets transverses ». Enfin, la DRHT s'est également engagée dans l'acquisition des compétences nécessaires pour mener la transformation à bien, à travers le recrutement de profils rares à court terme et la formation interne sur plus long terme (9 à 18 mois).

Dans la continuité de son plan de transformation, Excelia Digital School a également souhaité intégrer des formations sur les technologies immersives dans ses cursus. Dès 2022-2023, l'école lancera ainsi des workshops et master classes autour de la réalité virtuelle et des métaverses. En 2023-2024, elle proposera des modules et spécialisations sur ces domaines, puis en septembre 2024, un bachelor « réalité virtuelle et métavers ».