Les grilles de rémunération globalement figées et les processus de recrutement des fonctionnaires bénéficiant du statut de la fonction publique ne sont pas adaptés à des métiers très spécifiques. Depuis longtemps, il est possible, pour palier ce problème, pour les administrations, d'embaucher des contractuels. Mais un contrôle budgétaire strict vient évidement éviter tout abus. Concernant les métiers du numérique, particulièrement en tension, et afin de faciliter une embauche rapide, un référentiel de rémunération interministériel (se substituant, sur son périmètre, à tout autre référentiel) a été mis en oeuvre en 2019 permettant de supprimer la phase de contrôle, le « visa préalable [demandé] aux contrôleurs budgétaires et comptables ministériels (CBCM) », tant que les seuils fixés ne sont pas dépassés. Initialement, ce référentiel concernait quinze métiers. Depuis peu, il en concerne cinquante-six, l'expérience ayant été jugée satisfaisante.

« Ce référentiel a été élaboré conjointement par la direction interministérielle du numérique (DINUM), à travers sa mission Talents, la direction générale de l'administration et des finances publiques (DGAFP) et la direction du budget (DB), en lien avec les acteurs RH et SI de la filière numérique » précise la DINUM (Direction Interministérielle du Numérique) sur son site. Il est également expliqué : « Le référentiel fixe des seuils de salaires pour les 56 métiers identifiés, selon 3 niveaux d'expérience, en-dessous desquels le contrôle budgétaire de l'employeur n'est pas requis. » Les trois niveaux d'expérience sont : moins de cinq ans, moins de dix ans, plus de dix ans. Mais il est également bien précisé que le montant indiqué dans le référentiel ne s'impose pas. Un salaire peut être inférieur au seuil. Il peut aussi être supérieur mais, dans ce cas, le visa préalable devra être demandé avant l'embauche. C'est à l'administration employeuse de savoir fixer une rémunération adaptée en fonction des difficultés du poste (présence ou absence de management d'équipe par exemple).

L'un des problèmes rencontrés par l'administration était que certains métiers sont exercés par des personnes qui ont acquis leurs compétences en dehors des cadres académiques traditionnels (sur le terrain ou via des formations types Ecole 42). Sans diplômes reconnus par l'Etat, ils ne pouvaient qu'être rattachés à la catégorie C des fonctionnaires, à la rémunération la plus basse. Le recours à ce référentiel permet de contourner le problème : « [ce référentiel] vise une meilleure prise en compte de l'expertise et des compétences détenues par les candidats, sans considération de leur niveau de diplôme : certains candidats non-diplômés disposent en effet de compétences élevées acquises sur des postes à fort enjeux ; le recrutement de ces candidats non-diplômés sur un contrat de catégorie C ne peut donc être systématique ».