"Ne vous pressez pas", indique, en substance, l'UFC Que Choisir aux gérants de copropriétés qui hésitent à autoriser un FAI à déployer son réseau de fibre optique (en FTTH, Fiber to the home, c'est-à-dire jusqu'au domicile). L'association met en effet en garde contre le flou juridique qui entoure les installations très haut débit dans les immeubles. Le déploiement coûte très cher aux fournisseurs d'accès, en ce qu'il suppose « de lourds travaux de génie civil, coûteux et générant beaucoup de nuisances, qui ne pourront pas être dupliqués ». Chaque habitation ne peut en effet ne recevoir qu'une installation. Or, les FAI restent propriétaires des fourreaux qu'ils déploient et n'ont aucune obligation de les mutualiser et de les mettre à disposition de leurs concurrents. Un immeuble ayant été raccordé par un FAI devient dès lors potentiellement tributaire de ce seul prestataire, qui se retrouve ainsi en situation de monopole. Et quand bien même les installations seraient partagées, il n'existe pas de réglementation, explique l'UFC, visant à standardiser les équipements déployés. Les technologies des différents fournisseurs d'accès peuvent donc être incompatibles et rendre impossible la mutualisation des installations. Le 27 juillet, l'Arcep a lancé une consultation visant à faciliter l'accès aux fourreaux et le partage de la partie terminale des réseaux de fibre. L'autorité estimait, dans ses remarques préliminaires, qu'il « ne paraît pas raisonnable que chaque opérateur de boucle locale optique dispose dans chaque immeuble et dans chaque logement d'un câblage et d'une prise optique dédiés. La multiplication des travaux augmenterait les nuisances pour les habitants et les copropriétés. Cependant, les ménages doivent pouvoir changer d'opérateur très haut débit sans changer de logement ». Un avis que partage l'UFC Que Choisir : l'association rappelle que le partage des installations de fibre ne serait qu'une application au très haut débit de ce qui est déjà pratiqué pour l'ADSL, France Télécom étant propriétaire de la boucle finale cuivre et la louant à ses concurrents. En attendant les conclusions de l'enquête de l'Arcep - le recueil des suggestions s'est achevé le 5 octobre - et une éventuelle décision de l'autorité, les FAI continuent à multiplier leurs efforts pour imposer leurs offres en fibre optique. Neuf, Orange, Free et Numericable proposent ainsi de raccorder gratuitement les immeubles de plusieurs grandes villes de l'Hexagone.