Hier, à Singapour, trois opérateurs locaux ont dévoilé leurs projets d’affectation de leur fréquence GSM à d'autres services. En effet, la fin du GSM va leur permettre de libérer de la bande passante au profit des technologies réseau 3G et 4G plus rapides. Mais l’arrêt du GSM va également obliger les propriétaires de terminaux connectés plus anciens de mettre à jour leurs matériels ou de les remplacer. Les opérateurs singapouriens M1, SingTel et StarHub sont les derniers à fixer la date à laquelle ils couperont leurs réseaux GSM : ce sera le 1er avril 2017, soit après l’opérateur australien Telstra qui a prévu de mettre un terme à la diffusion GSM fin 2016, et après l’opérateur américain AT&T qui appuiera sur l'interrupteur le 1er janvier 2017.

Pour la plupart des utilisateurs de téléphones mobiles, l’arrêt des réseaux GSM devrait passer presque inaperçu. Selon les opérateurs singapouriens, la majorité des téléphones mobiles actuels sont capables de se connecter aux réseaux 3G et 4G et seul un faible pourcentage d'abonnés utilise encore des mobiles compatibles exclusivement avec les réseaux GSM. L'année dernière, au moment où l’opérateur australien Telstra avait annoncé son intention de mettre fin à la diffusion par GSM, il avait déclaré que ce réseau représentait moins de 1 % du trafic total.

Un risque pour le M2M 

Les raisons de l’arrêt des réseaux GSM sont d'ordre technique et financier. En désactivant le GSM, les opérateurs peuvent réaffecter leur fréquence aux réseaux 3G et 4G. Ces réseaux, plus efficaces, peuvent utiliser la même bande passante pour transporter plus de données ou servir plus de clients, et donc générer plus de revenus. De plus, les opérateurs auront un réseau de moins à gérer, ce qui leur permettra de réduire leurs coûts. Le rythme rapide de remplacement des téléphones mobiles fait que la plupart d’entre eux pourront basculer sans problème à la 3G ou à la 4G.

Mais ce n’est pas le cas de nombreux appareils connectés dont la durée de vie est beaucoup plus longue. En raison de son faible coût et de sa bonne couverture, le GSM est très utilisé pour les connexions machine-to-machine (M2M) qui servent à relier véhicules, alarmes, distributeurs automatiques et divers types d’appareils connectés. Selon Machina Research, à la fin de l’année dernière, Il y avait environ 160 millions d’appareils connectés par GSM.

 

« Une nouvelle génération de puces devrait permettre de produire des modems LTE moins chers pour ce genre d’applications, mais la plupart des dispositifs M2M commercialisés aujourd'hui dépendent encore des réseaux GSM », a déclaré le CEO de Machina Research, Matt Hatton. Selon AT&T, cette mise à jour du réseau vaut la peine. Les vitesses plus élevées offertes par les réseaux 3G et 4G permettront aux entreprises d'offrir de meilleures applications M2M. Il sera par exemple possible de disposer de caméras vidéo pour du streaming en temps réel et d’installer des caméras sur les tableaux de bord des flottes de camions.

Des modems LTE bon marché et basse consommation 

Mais tous les opérateurs n’adopteront pas des politiques aussi radicales. Dans l’ensemble, les opérateurs européens vont prendre un peu plus de temps avant de déconnecter leurs réseaux GSM. Selon Yves Bellego, directeur de la stratégie technique et réseau d’Orange, « l'opérateur français n’actionnera pas d’interrupteur pour désactiver le GSM ». Et récemment, l’opérateur norvégien Telenor a annoncé qu’il n’envisageait pas de désactiver son réseau 3G avant 2020 et son réseau GSM avant 2025.

La raison pour laquelle ces opérateurs se montrent réticents à franchir le pas n’a pas uniquement pour but de continuer à servir les dispositifs M2M existants. « L’activité d’itinérance des opérateurs européens reste encore très lucrative et ils pourraient se trouver confrontés à certains problèmes réglementaires s’ils décidaient de couper les réseaux GSM dans les deux années à venir », a déclaré Matt Hatton.