On se souvient en juin dernier qu'Emmanuel Macron lors de sa venue sur le salon Viva Technology avait soulevé les foules. Parmi les raisons de l'excitation d'alors, l'annonce de la création d'un fonds innovation de 10 milliards d'euros à même de soutenir les initiatives et projets de rupture. Sept mois plus tard, les contours de ce fonds, et en particulier de sa dotation, ont été révélés. Le moins que l'on puisse dire c'est que du rêve à la réalité il y a un gouffre. Car si ce fonds est bien doté d'une enveloppe de 10 milliards d'euros, cette dernière n'a pas vocation à être investie jusqu'au moindre centime, car c'est « seulement » le produit de ses placements qui le sera, ce qui représente une somme infiniment moins élevée. 

En pratique, la dotation du fonds innovation est la suivante : 1,6 milliard  d'euros proviennent de la cession d'actifs effectués au second semestre 2017 (Engie et Renault) et 8,4 milliards d'euros de titres boursiers EDF et Thales dont l'Etat détient respectivement 13,3% et 25,76% du capital. « Ce fonds a été constitué au sein de l'établissement public Bpifrance, structure contrôlée par l'Etat », indique un communiqué, confirmant ce que nous avions appris lors de la 3e édition Inno Generation d'octobre dernier auprès du directeur exécutif en charge de l'innovation de la banque, Paul-François Fournier.

Un financement réellement à la hauteur des enjeux ?

« Ces actifs, qui constituent une dotation n’ayant pas vocation à être consommée, généreront un rendement annuel estimé entre 200 et 300 millions d’euros. Les revenus ainsi générés sont destinés à soutenir le développement d’innovations de rupture et leur industrialisation en France [...] Avec la constitution de ce fonds, le gouvernement entend ainsi consacrer les ressources issues de cessions du portefeuille financier de l’État au financement de l’innovation, qui est une des clefs du développement et de la croissance des entreprises françaises ». Reste à voir si ce potentiel d'investissement d'un maximum annuel de 300 millions d'euros est à la hauteur des enjeux quand on sait qu'à lui seul, Bpifrance a consacré en 2016 pas moins de 13,6 milliards de crédits d'investissement et de financement à l'innovation...