L’État n’en finit plus d’aider les entreprises pour parvenir à tenir l’agenda de son plan France 2030. Le dernier programme en date s’adresse à des « entreprises à haut potentiel de croissance » qui développent des technologies dans des secteurs clés comme la santé, l’énergie, l’automobile, l’aéronautique ou encore l’espace. Piloté par le Secrétariat général pour l’investissement, l’initiative « vise à retenir une centaine d’acteurs émergents de l’innovation afin de les faire bénéficier d’un accompagnement spécifique de tous les services de l’Etat et des territoires, coordonnés par la Mission French Tech » précise le Gouvernement dans un communiqué. L’idée n’est pas nouvelle, loin de là. Pour mémoire, le président de la République Emmanuel Macron a présenté le plan d’investissement « France 2030 » en octobre 2021 doté de pas moins de 54 milliards d’euros. Ce plan est censé être « la réponse aux grands défis de notre temps, en particulier la transition écologique, à travers un plan d'investissement massif pour faire émerger les futurs champions technologiques de demain ».

En février dernier, à l'occasion de la révélation de la promotion 2023 du Next40/FT120, Emmanuel Macron avait rappelé sa volonté d'identifier et d'accompagner une centaine d'entreprises technologiques qui s'inscrivent dans les objectifs de France 2030. C'est aujourd'hui chose faite avec la présentation du programme French Tech 2030 ce 19 avril. Via cette mobilisation, l’Etat cherche avant tout à identifier les entreprises à haut potentiel de croissance, c’est-à-dire « d’envergure européenne voire internationale susceptibles d’atteindre une taille critique ou des parts de marché significatives à horizon 2030 ». Ces sociétés doivent également être portées sur les aspects environnementaux, sociaux ou sociétaux, et contribuant à la « souveraineté économique et technologique » française. Pour postuler, elles doivent donc répondre à certains critères de sélection, à savoir : avoir son siège social sur le territoire français ; répondre à au moins un des objectifs de France 2030 ; être une entreprise indépendante ; pas d’introduction en bourse supérieure à 150 M€. Enfin, les postulants devront, sur les 3 dernières années, avoir obtenu un financement d’au moins 5 M€ (levée de fonds et/ou dette obtenues auprès du secteur privé et chiffre d’affaires additionnés). Les dossiers peuvent être déposés dans le cadre de l’appel à candidatures « French Tech 2030 » jusqu’au 8 mai prochain.

100 entreprises profitent d’un accompagnement sur-mesure

Après un passage entre les mains d’un comité – composé de représentants de la Direction Générale des Entreprises, la Direction Générale de la Recherche et de l’Innovation, de l’Agence d’Innovation Défense et de l’Agence de l’innovation en santé, du Commissariat Général au Développement Durable et de Bpifrance – 100 dossiers seront retenus. Petite précision qui a son importance, « la sélection finale devra comporter 25 % de dirigeantes ou co-fondatrices et 50 % d’entreprises engagées sur la réduction de l’impact carbone et la transition écologique ». Si la durée de l’accompagnement n’est toutefois pas précisée, on sait en revanche qui devrait guider ces lauréats. Bpifrance, ainsi que l’ensemble des opérateurs de l’Etat (Business France, Ademe,…), les Agences d’innovation dédiées (Agence de l’innovation en santé notamment), le réseau des correspondants French Tech, les préfectures et services déconcentrés, et les Chambres consulaires répondront présentes.

Dans le détail, le programme prévoit de réaliser, pour chaque entreprise sélectionnée, un diagnostic de ses besoins et des leviers d’État disponibles afin de définir les modalités d’accompagnement les plus efficaces. Un plan d’actions sera ensuite développé. Les sociétés peuvent être épaulées à différents niveaux : enjeux réglementaires, douaniers ou de propriété industrielle, veille, cybersécurité, autorisations administratives, visibilité, délégations internationales. En ce qui concerne les moyens financiers mis à disposition pour aider ces entreprises dans leur développement, rien n’a été annoncé. Ce programme « inédit » selon les mots de Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, doit donc redorer le blason de l’Hexagone en matière de souveraineté « afin de ne pas dépendre d’acteurs étrangers sur des briques technologiques essentielles » ajoute-t-il.

La quête de la souveraineté, un travail de longue haleine

Depuis plusieurs années, l’Etat renforce son soutien aux entreprises dites innovantes. Comme souligné par Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie : « La ré-industrialisation de notre pays passera en partie par le développement d’une nouvelle génération d’entreprises industrielles, issues notamment de l’écosystème French Tech, qui se transforme depuis plusieurs années avec l’ouverture d’un nombre croissant d’usines par des start-ups ». En 2021, le gouvernement a ainsi lancé un programme « start-ups industrielles » doté de 2,3 milliards d’euros. Cette enveloppe, mise à la disposition des entreprises industrielles et de leurs financeurs a pour but de les inciter à faire le choix de l’industrialisation en France. Par la suite, d’autres programmes ont vu le jour en partenariat avec la French Tech - Green20, Agri20, Deepnum20 et Health20 – afin de chaperonner des start-ups opérant dans ces secteurs durant un an.