Galileo pourrait-il être un nouveau Concorde ou un remake des derniers déboires d'Airbus ? Sans que les choses soient annoncées de manière aussi explicite, la décision du Commissaire européen aux transports, Jacques Barrot, de taper du poing sur la table pour tenter de recadrer les différents partenaires de l'aventure Galileo montre surtout la grande inquiétude face à un système qui fait preuve d'une immense ambition technologique... à la mesure de son incroyable capacité à se saborder, en étant incapable de respecter un cahier des charges pourtant connu depuis plusieurs années. La promesse des 10 000 à 15 000 emplois prévus sur la région toulousaine sera-t-elle tenue ? « Galileo, qu'est-ce que c'est ? C'est un projet de l'ampleur d'Airbus ou de l'ampleur d'Ariane. C'est-à-dire que c'est un vrai grand projet européen (...), un moyen de mobiliser l'ensemble des forces des pays européens sur un véritable projet industriel et un projet qui apportera des services à nos populations. Il s'agit de mettre en orbite 30 satellites qui permettront d'avoir, au niveau européen, un système de localisation indépendant de celui des Etats-Unis. Il s'agit de préparer une multitude de retombées en termes industriels et en termes de services aux entreprises et à la population. C'est donc un enjeu considérable », avait déclaré le ministre français des Transports, Dominique Perben, le 6 décembre 2005 à l'Assemblée nationale. Une centaine d'emplois était prévue dans un premier temps sur le site toulousain ; ils devaient drainer des PME ayant misé sur la navigation par satellite. En outre, 150 000 emplois sur 20 ans, dont 10 000 à 15 000 pour la seule région toulousaine, avaient été évoqués à Bruxelles. C'était alors une excellente nouvelle pour la Ville Rose qui l'avait emporté face à Munich, Rome et Barcelone pour accueillir le siège du concessionnaire de Galileo. Mais dix-huit mois plus tard, cette référence à Airbus et l'inquiétude manifeste de Jacques Barrot posent plusieurs questions : ce « nouveau départ » pour Galileo n'est-il pas trop tardif ? N'y a-t-il pas un risque de dérive financière ? Combien d'emplois seront réellement créés ? Et à quelle échéance ? Car si Jacques Barrot devait proposer aujourd'hui de faire appel aux fonds publics pour financer 4, 18 ou 30 satellites (cette dernière option, préconisée par le Commissaire européen, concerne la totalité de l'infrastructure Galileo), entraînant une incontestable augmentation des investissements dans le projet, la concurrence, non seulement avec le GPS mais également avec des projets russes et chinois aussi ambitieux que Galileo, s'est intensifiée depuis 2005. Aux décisionnaires de ne pas se tromper et ne pas transformer le rêve européen en cauchemar : Galileo compte aujourd'hui quatre ans de retard sur son programme. Sur le même sujet : - Galileo : vers un financement totalement public