Dans un marché atone, il est bon de savoir qu'un segment technologique devrait générer de la valeur. Et ce sera le cas des services en ligne, hébergés dans le cloud, à en croire Gartner : « Les revenus mondiaux des services de cloud computing devraient dépasser 56,3 milliards de dollars en 2009, soit une hausse de 21,3% par rapport à 2008. Le marché devrait atteindre 150,1 milliards de dollars en 2013. » Mais attention, tout le monde n'entend pas la même chose par cloud ; sur ces 150,1 Md$, la location de puissance de calcul des datacenters, par exemple, ne représentera que 6,80 Md$. En prévision de son prochain « Outsourcing & IT Services Summit » de Londres en juin, l'institut a donc fait le point sur un marché aux contours... difficiles à définir. C'est d'ailleurs tout l'intérêt de cette étude que de catégoriser les choses. Par « cloud services », ou services accessibles via le cloud computing, Gartner entend : - les services applicatifs métier (tels que paie, publicité, impression, e-commerce, etc., ainsi que les services d'accès aux données), qui représentent le plus gros de ce marché : 38,9 Md$ en 2008, 119,3 en 2013. Sachant que l'essentiel de ce marché est lié à la publicité en ligne, qui devrait encore compter pour la moitié du chiffre d'affaires de ce segment en 2013, selon Gartner ; - les applications en ligne payantes (typiquement, les offres Saas), qui connaîtront une des plus fortes croissances annuelles, passant de 5,04 Md$ à 20,2 Md$ entre 2008 et 2013 (soit un taux de croissance annuel moyen de 32%) ; - les services d'infrastructures applicatives (environnements de développement et middleware en ligne), catégorie parfois appelée Apaas (Application platform as a service), qui, pour Gartner, devraient rester un marché restreint, passant de 1,52 Md$ à 2,26 Md$ de 2008 à 2013 ; - les services d'infrastructure (serveurs, OS, systèmes virtualisés, etc., mais aussi services de supervision), qui comptent pour un petit 0,96 Md$ en 2008 et atteindront - malgré un taux de croissance annuel moyen de presque 54% - seulement 8,37 Md$ en 2013. Gartner crédite en effet cette catégorie d'un potentiel important, mais lui prédit un démarrage lent. Attention aux inquiétudes des utilisateurs, et aux échecs passés Il faut noter aussi que Gartner ne prend en compte, pour réaliser ces estimations, que le chiffre d'affaires généré par la vente de services aux entreprises. Cela exclut la vente de matériels ou de services professionnels aux fournisseurs de services en ligne. De même, l'outsourcing traditionnel est lui aussi exclu. Dans ses recommandations, l'institut s'adresse particulièrement aux fournisseurs de services en ligne - ou à ceux qui voudraient le devenir - et les incite à se montrer très prudents. D'une part, pour ne pas créer trop de « hype », du bruit autour d'un phénomène qui sera lent à prendre. Ensuite, parce que beaucoup d'obstacles restent à écarter du chemin. Les inquiétudes des utilisateurs sur la confidentialité, la conformité, les performances, les possibilités d'intégration, etc., doivent être prises en compte. Gartner encourage aussi à faire autant attention à son modèle économique et à sa stratégie de tarification qu'à son infrastructure technique. Enfin, si on excepte le marché de la publicité en ligne, qui a fait ses preuves avec Google, et celui de l'e-commerce, qui a fait ses preuves avec Amazon ou Ebay, les segments liés aux services en ligne sont très nombreux et tous ne connaîtront pas le succès. Il faut se souvenir, note Gartner, « de la lente évolution des nouveaux modèles de fourniture de services, de l'échec des fournisseurs d'applications hébergées (ASP) dans les années 90 et de l'émergence graduelle mais très limitée du Saas ».