Si les montants levés par les éditeurs français sont de façon globale très inférieurs à ceux de leurs homologues américains, certains acteurs hexagonaux parviennent quand même à se démarquer. C'est le cas tout dernièrement de Gatewatcher, spécialisé dans la sécurité des réseaux (et connu pour ses sondes certifiées par l'Anssi), qui a bouclé son premier tour de table (serie A) de 25 millions d'euros. Ce financement se répartit entre 15 M€ provenant du fonds Move Capital Fund I géré par Kepler Cheuvreux Invest, et 10 M€ de banques et d'institutions financières non révélées. « Cela fait 7 ans que nous faisons nos preuves en termes de commercialisation de produits cybersécurité et cette levée va nous permettre d'accélérer notre développement commercial en France et à l'international », nous a expliqué Jacques de La Rivière, co-fondateur et président de Gatewatcher.

Avec ce financement, le fournisseur compte recruter d'ici l'année prochaine 200 collaborateurs dont 100 pour son activité commerciale, 50 pour son marketing et 50 pour sa R&D. Alors que ses équipes sont réparties actuellement en France (Paris et Rennes) et à au Maroc (Marrakech), la société va sérieusement accroitre la voilure. « Nous allons ouvrir un bureau à Toulouse et aussi en Allemagne et au Royaume-Uni », poursuit Jacques de La Rivière. Gatewatcher veut sérieusement faire grimper la part de ses revenus de l'international en les faisant passer de 20% à 80% d'ici 5 ans. « Le but c'est d'arriver à atteindre 30 M€ de revenus en France et 60 M€ à l'export », précise le dirigeant. Aujourd'hui, le chiffre d'affaires de Gatewatcher s'élève à 15 M€. Une évolution d'activité qui n'est pas sans rappeler celle d'un autre pure player hexagonal de cybersécurité, Wallix.

Une introduction en bourse à l'étude

Concernant le renforcement de son équipe R&D, l'entreprise veut en profiter pour monter d'un cran les capacités d'automatisation de ses solutions et également leur interopérabilité. « Notre métier, c'est de protéger les réseaux et on va rester sur cet axe, comme le montre le lancement de notre NDR (network detection and response) basé sur du machine learning, AionIQ, dans lequel on offre de la détection de menaces hyper précise et la cartographie de tous les assets du client pour prioriser les menaces sur chacun d'entre eux et les actions à mener », nous raconte Jacques de La Rivière.

Autofinancée depuis sa création, la société envisage d'ici deux ans une introduction en bourse sur la place Euronext Growth mais ne veut pas aller plus vite que la musique. « Nous n'avons pas voulu tout de suite aller aux Etats-Unis, pour être efficace et y aller il faut lever 100 M€, nous verront cela plus tard. Ce que nous montrons avec cette levée c'est de faire les choses progressivement car quand on est sur un marché hypercompétitf comme celui-là il faut être pragmatique », avance Jacques de La Rivière.

Extension du réseau d'intégrateurs à l'international

Faisant parti des 5 membres fondateurs du Campus Cyber avec Orange, Capgemini, Atos et Wavestone, Gatewatcher compte parmi ses clients EDF, Sanofi ou encore plusieurs ministères dont celui des Armées. Mais ses solutions ne s'adressent pas qu'aux grands comptes : « Notre fonctionnement et notre tarification sont scalables, nous nous adressons à toutes les entreprises qui doivent sécuriser un réseau », fait savoir Jacques de La Rivière. Aujourd'hui, Gatewatcher sécurise plus d'une centaine d'infrastructures et identifie plusieurs centaines de millions d'événement de sécurité. « Nous travaillons avec des partenaires intégrateurs, des SOC ou des clients qui installent notre solution via un tiers. Nous prévoyons d'étendre à l'étranger notre réseau de revendeurs à l'étranger, en France nous sommes déjà bien implantés », conclut Jacques de La Rivière.