Geodis, filiale transport et logistique de la SNCF depuis avril dernier, vient de racheter l'activité logistique d'IBM pour un montant de 300 M€. Partenaire de Big Blue depuis dix ans, Geodis a été choisi parmi d'autres prestataires comme UPS ou Fedex au terme d'une sélection qui a duré neuf mois. Le groupe continuera de gérer l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement d'IBM (transports, formalités douanières, gestion des pièces détachées...) Un contrat juteux qui lui permet d'engranger 1 Md$ par an durant une période de quinze ans. Par ailleurs, Geodis proposera cette plateforme de pilotage à d'autres clients, afin de mutualiser les ressources. « Ce service est opérationnel et offre une parfaite traçabilité de la marchandise. Il correspond aux besoins de secteurs où les flux sont tendus et les stocks réduits, comme les produits high-tech (informatique, imagerie médicale...) ou les biens de consommation à forte valeur ajoutée », explique Jean-Louis Demeulenaere, directeur général délégué de Geodis. A terme, la société devrait décliner ce service pour la gestion des pièces détachées (dans le high-tech toujours, mais également l'automobile). Les équipes d'IBM Global Logistics (1200 personnes, dont une trentaine en France) rejoindront celles de Geodis au courant du premier trimestre 2009. La chaîne logistique d'IBM n'est pas très 'green' Cette opération ne fait toutefois pas l'unanimité. Les syndicats de la SNCF se sont immédiatement insurgés contre cette transaction, qu'ils qualifient de « 'Monopoly' démentiel ». « Ce rachat est complètement incohérent, conteste un syndicaliste de SUD-Rail. Alors que la SNCF manque de fonds pour améliorer son propre service, elle décide de mettre 300 M€ sur la table pour se procurer une branche logistique qui n'a rien de ferroviaire ! » IBM achemine ses produits depuis ses usines d'Asie, d'Irlande ou des Etats-Unis en majorité par fret maritime. Les pièces de plus grande valeur transitent quant à elle par avion. Une fois en Europe, ce matériel est ensuite envoyé dans les points de vente par camions. Selon les syndicats, la SNCF se contredit donc en ce qui concerne sa politique de protection de l'environnement. La vente de sa plateforme logistique permet en revanche à IBM d'améliorer de manière détournée ses pratiques vertes. D'après l'étude « Green IT rapport 2008 » publiée par Capgemini en octobre dernier, la plupart des entreprises interrogées (dont IBM) « soulignent la difficulté d'étendre leur politique verte à l'ensemble de leur chaîne d'approvisionnement, en raison de sa complexité. » IBM explique pour sa part les raisons de ce rachat par un recentrage sur son coeur de métier. « Les entreprises créent d'autant plus de valeur qu'elles se concentrent sur des domaines critiques qui leur permettent de se différencier, tout en cherchant à nouer des partenariats pour les activités qui ne font pas parte de leur coeur de métier », a commenté Gary Smith, vice-président d'IBM Global Logistics. IBM France précise par ailleurs que cette vente est en réalité « la suite logique d'une transformation de la supply chain qui a débuté il y a dix ans par l'externalisation de certains services et qui se finalise aujourd'hui par un transfert complet des compétences. »