Il semblerait que Google ait fait un peu marche arrière par rapport à sa promesse de délivrer des résultats objectifs sur son moteur de recherche. C'est ce que laisse entendre une étude montrant que la société se donne la vedette dans de nombreux types de recherches. Benjamin Edelman, enseignant à la Harvard Business School, signale avoir trouvé des incohérences dans la façon dont la firme de Mountain View traite certaines recherches correspondant à des services que l'entreprise fournit elle-même. Selon le professeur, les résultats de recherche de Google tendent à varier assez peu lorsqu'une virgule est ajoutée après l'un des mots utilisés pour effectuer une requête. En revanche, pour certains termes de requête, ajouter une virgule à la fin du mot amène un changement notable. Par exemple, en effectuant une requête sur le terme « CSCO » (le symbole utilisé en bourse par Cisco), le moteur de Google affiche en haut de la liste des résultats un lien vers son propre service de données financières. Malgré cela, le site de finances de Yahoo reste davantage fréquenté, selon la société de mesure d'audience Comscore.

Des résultats en contradiction avec la recherche de départ

Sur son site, Benjamin Edelman donne un autre exemple avec une recherche de plus de 2 600 termes relatifs à la santé. Celle-ci place le service d'information Google's Health en première place des réponses. Mais lorsqu'une virgule est ajoutée aux termes d'une requête, Google n'a plus le dessus. L'enseignant en a conclu que les résultats ne correspondaient pas à une recherche naturelle et pense que Google a "codé en dur" les résultats pour qu'ils apparaissent de cette façon. Reste que la firme a peut-être oublié d'inclure de légères variations dans les termes de recherche ce qui permettrait d'assurer des résultats cohérents. « Si les équipes de Google ont spécifié manuellement qu'un résultat donné devrait apparaître en haut des résultats quand les utilisateurs font une recherche sur un terme spécifique, elles peuvent tout aussi bien avoir oublié d'inclure des variantes de ces termes comportant des virgules », indique Ben Edelman.

Au fil des années, le géant californien Google a nié avoir arrangé des résultats de recherche, même si, à une occasion, Marissa Mayer, l'une des cadres dirigeantes de l'entreprise, a indiqué qu'il était justifié que sa société se mette en avant. D'ailleurs, hier, les responsables de Google à Londres n'ont pas nié cette pratique. « Nous avons conçu Google pour les utilisateurs de notre moteur et non pas pour les sites Web, et même si nous pensons qu'il est important d'être transparent avec les sites internet sur la façon dont nous les classons, en fin de compte, notre objectif est de donner aux utilisateurs la réponse la plus utile possible », ont indiqué ces derniers par mail à nos confrères d'IDG News Service. « Parfois, la réponse la plus utile est une liste de liens, mais à d'autres moments, cela peut être un cours de bourse, une liste des horaires de cinéma, ou encore une réponse rapide à une question. C'est ce que veulent les utilisateurs ».

34% de clics pour un lien placé tout en haut

Pour Ben Edelman, le fait d'être placé en haut constitue  un avantage énorme dans les résultats de recherche. Citant la régie publicitaire Chitika, le professeur souligne qu'un lien cité au plus haut niveau obtient au moins 34%  de clics, tandis que le second n'en récolte que 17 %. D'après lui, cela signifie que les propres services de Google poussent du coude leurs  concurrents. Toute activité Google ayant besoin d'un trafic algorithmique peut l'obtenir, gratuitement, en volume gigantesque, « Pendant ce temps, les entrepreneurs s'attendent à ce que Google puisse enterrer leurs résultats en favorisant ses propres services. Cela n'incitera pas la création d'entreprises qui seraient en concurrence avec Google ».

Selon Mike Grehan, auteur de « Search Engine Marketing - guide des meilleures pratiques », Google veut tirer parti des autres sources d'informations qu'il rassemble. Avant 2007, la firme se contentait de présenter des liens vers des pages Web. Depuis, elle a travaillé sur une recherche universelle qui affiche d'autres résultats tels que des vidéos, des articles, des blogs et des photos, rappelle Mike Grehan. « Pourquoi ne pas offrir à l'utilisateur final le meilleur résultat, même si cela amène à sélectionner son propre contenu ? ». Selon lui, il est beaucoup plus facile et beaucoup plus rapide pour Google de maintenir et de conserver son propre contenu pour le retrouver rapidement.