Google vient de mettre 12,5 milliards de dollars sur la table pour acquérir le fabricant de téléphones et de tablettes numériques Motorola Mobility. Ce faisant, le groupe californien fondé par Larry Page et Sergey Brin offre 40 dollars par action en numéraire, ce qui correspond à un bonus de 63% par rapport au prix du titre Motorola Mobility à la clôture de la bourse vendredi dernier. En janvier dernier, Motorola s'était scindé en deux, facilitant ainsi l'éventuelle vente de son activité liées aux mobiles, rebaptisée Motorola Mobility.

La société rachetée fournit des téléphones et la tablette Xoom fonctionnant sous système d'exploitation Android de Google. Cette transaction signifie que Google va désormais posséder un fabricant de matériel avec lequel il pourra travailler étroitement pour développer son OS mobile, souligne Carolina Milanesi, vice présidente, pour la partie recherche, du cabinet d'analyse Gartner.

Tablette Xoom de Motorola
La tablette Xoom de Motorola Mobility

La société de Larry Page récupère près de 24 500 brevets


Avec ce rachat, Google met aussi la main sur un important portefeuille de brevets, rappelle par ailleurs l'analyste de Gartner. Motorola Mobility a rappelé il y quelques temps qu'il possédait environ 24 500 brevets. Et Larry Page, qui a repris les fonctions de PDG de Google en janvier dernier (en remplacement d'Eric Schmidt), a confirmé que c'était l'une des raisons qui avait amené sa société à effectuer ce rachat. « Notre acquisition de Motorola va aviver la concurrence en renforçant notre portefeuille de brevets, ce qui nous permettra de mieux protéger Android des menaces anti-concurrentielles de Microsoft, Apple et d'autres sociétés », a-t-il indiqué dans un billet de blog et redit plus tard lors d'une conférence téléphonique avec les médias.

Début août, le responsable juridique de Google, David Drummond, s'en était vivement pris à ceux qui, parmi les principaux concurrents de sa société (au nombre desquels Apple, Oracle et Microsoft), organisaient à l'encontre de l'OS Android une campagne hostile sur la base de brevets douteux. Il tempêtait contre le fait que des groupes importants s'étaient notamment regroupés pour acheter des brevets détenus par des sociétés en difficulté (il évoquait l'offre de 4,5 milliards de Microsoft, Apple et d'autres en juin pour acquérir 600 brevets de Nortel) avec, peut-être, l'objectif de forcer Google à payer des droits de licence qui conduiraient à augmenter le prix des Smartphones.

Mais le rachat de Motorola Mobility par Google pourrait aussi créer des tensions avec d'autres fabricants de téléphones mobiles tels que HTC et Samsung, qui commercialisent des terminaux sous Android, fait remarquer par ailleurs Carolina Milanesi, de Gartner en précisant : « Tous ces vendeurs ont tant investi dans la plateforme qu'ils ne vont pas l'abandonner de sitôt ».

La transaction va-t-elle aider Windows Phone 7 ?


Microsoft a Nokia de son côté, alors que les autres fabricants de mobiles avaient jusque là misé sur Android. Cette acquisition pourrait aider à mettre en avant le système d'exploitation Windows Phone 7, avance CCS Insight dans une note.

Au cours de sa conférence téléphonique, Google a fait de son mieux pour apaiser ces craintes. Le groupe californien a parlé à certains de ses partenaires et ils auraient bien accueilli la transaction, selon Larry Page. Google va continuer à développer ses téléphones Nexus et le processus de développement de ces téléphones continueront à être ouvert à des fournisseurs autres que Motorola, a indiqué Andy Rubin, vice-président senior pour la mobilité chez Google.

Google pourrait aussi vouloir accélérer le développement de son OS Android sur les tablettes, où il a pris moins vite que sur les téléphones mobiles, estime Carolina Milanesi, de Gartner. La prochaine version de l'OS (nom de code : Ice Cream Sandwich) sera conçue pour les tablettes et les terminaux mobiles. Le groupe californien a indiqué que ce rachat n'affecterait pas la façon dont Android était développé et que son OS resterait ouvert.

L'activité fonctionnera de façon séparée

En dehors des Smartphones et des tablettes, Motorola Mobility développe aussi des décodeurs (« set-top boxes »). Le rachat devrait accélérer la transition vers des boîtiers basés sur IP, de même que la convergence entre les téléphones mobiles et les contenus qui arrivent chez les particuliers via les décodeurs, selon Sanjay Jha, CEO de Motorola Mobility, intervenant lors de la conférence téléphonique.

La société Motorola Mobility, qui compte environ 20 000 employés, sera gérée comme une activité séparée, a précisé Google. Durant le second trimestre, elle représentait le 8ème fabricant de téléphones dans le monde, selon Gartner.

La transaction devrait être finalisée à la fin de cette année ou au début de l'année prochaine. Motorola Mobility, qui s'est donc séparée de sa maison mère début janvier, se compose de deux groupes : Mobile Devices, qui fabrique des téléphones, et Home, qui produit des décodeurs et d'autres équipements de télévision sur IP.

Photo : Larry Page (à gauche), co-fondateur et actuel PDG de Google, et Sergey Brin (à droite), l'autre co-fondateur de la société (crédit : Google)