Google restera un jeune padawan. Lui, Microsoft et AWS se disputent depuis plusieurs mois l’obtention du projet JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure) du ministère de la Défense américain. Le Pentagone se prononcera sur le fournisseur qu’il aura choisi pour répondre à ses besoins d'infrastructures cloud le 12 novembre. Et alors qu’Amazon était au départ parti gagnant, l’offre Azure de Microsoft prenait la tête des solutions envisagées par l’administration américaine en charge des armées en mai dernier.

La firme de Mountain View était déjà le mauvais élève de cette course. « L'entreprise veut aussi sa part de ce lucratif marché public mais a apparemment des difficultés pour répondre aux attentes requises pour ses datacenters », expliquait alors The Register. Il faut dire que le premier prix est tentant : un contrat évalué à près de 10 milliards de dollars. Mais Google a finalement décidé de se retirer.

De nouveaux principes IA, dictés par la volonté des salariés

La raison de ce retrait du projet JEDI ? Le projet Maven. Cet autre programme du Pentagone devait donner accès à ce dernier au logiciel d’apprentissage automatique TensorFlow de Google pour analyser des images de drones militaires. Cependant, en avril dernier, des milliers de salariés de l’entreprise ont signé une lettre adressée à son CEO, Sundar Pichai, pour protester contre ce partenariat. « Proposer cette technologie pour assister le gouvernement américain dans sa surveillance militaire – et des conséquences potentiellement mortelles – n’est pas acceptable » pouvait-on lire dans cette lettre.

Google se retirait aussi de ce partenariat en juin dernier en publiant un billet de blog où il exposait les principes de l’entreprise en matière d’intelligence artificielle. « Nous voulons être clair sur le fait que nous ne développons pas d’IA pour qu’elle soit utilisée dans des armes, nous continuerons à collaborer avec les gouvernements et armées sur bien d’autres sujets tels que la cybersécurité, la formation, le recrutement, la santé ou le sauvetage. » Ce sont ces principes qu’invoque Google pour justifier son retrait de l’appel d’offres JEDI.

Les dépôts de propositions pour remporter le projet seront clos la semaine prochaine. Le Pentagone se prononcera le 12 novembre mais sa décision devra être validée par le Congrès américain deux jours après. Ce ne sera donc pas une course mais un duel.