En France, HP ne vend des « netbooks » que depuis un mois et il est volontairement plus cher que ses concurrents, d'environ 30%. En fait, HP ne croit pas à ce marché et prépare sa riposte avec un notebook de 12 pouces censé de venir le « chaînon manquant » entre les Internet devices et les ordinateurs portables. Nous avons rencontré Christian Moulin, directeur de la division grand public de HP France pour parler de ce sujet. HP commence tout juste à commercialiser ses premiers « netbooks » en France, un an après la naissance de ce marché. Est-ce un regret ? Christian Moulin : Nous n'avons rien à regretter, au contraire. D'une part, tout le monde a pu constater que ce concept ne conduisait qu'à détruire de la valeur et à tirer le marché des ordinateurs portables vers le bas. D'autre part, les chiffres de l'année 2008 montrent que le miracle promis n'a pas eu lieu : on nous affirmait qu'il se vendrait 1 million de « netbooks » en France et l'on n'a même pas atteint 400 000 unités. Sachant que le prix moyen de ces machines est de 350 euros TTC, je ne pense pas qu'on puisse parler d'une belle performance ! Par ailleurs, les premiers acteurs de ce marché ont juré qu'il s'agirait de ventes additionnelles. Dans les faits, ce nouveau segment a bel et bien cannibalisé le marché des notebooks, et notamment celui des configurations ultra mobiles ; vendre des produits à 350 euros à la place de modèles très performants qui valaient 1 500 ou 2 000 euros : vous parlez d'une affaire pour l'industrie IT ! Faut-il comprendre que HP restera à l'écart de ce marché ? HP est désormais un acteur de ce marché, avec un produit plus puissant et ergonomique que les autres qui est vendu 450 euros, soit 100 euros de plus que la moyenne. Mais notre vraie réponse va apparaître dans quelques semaines : ce ne sera pas un « netbook », mais un petit notebook doté d'un écran de 12 pouces, richement équipé et dont le prix sera plus proche de 1 000 euros que de 350. Il n'est pas indispensable d'être devin pour comprendre que le segment des « netbooks » est voué à disparaître d'ici un an. On parlera des ordinateurs portables en fonction de la taille de leur écran - 8, 12, 15,4 ou 17 pouces - mais pas sur la base de cette segmentation artificielle. Tous les résultats de 2008 nous confortent dans nos convictions : les utilisateurs attendent un minimum de confort, avec un écran d'une taille suffisante, un clavier ergonomique, un système d'exploitation standard et une interface intuitive. L'attention de tous est focalisée sur les ventes d'ordinateurs portables. Cela signifie-t-il que les desktops sont en voie de disparition ? HP est de très loin de leader de ce marché, avec environ 33% des ventes dans le retail. Pour nous, le fait que le format « portable » soit majoritaire est pour ainsi dire de l'histoire ancienne. Dans notre cas, le basculement date de 2007. L'évolution la plus importante, c'est que le prix des configurations remonte, même si les ventes en unités reculent logiquement. Le prix des imprimantes jet d'encre s'est par contre écroulé en fin d'année. Cela ne vous inquiète-t-il pas ? Nous n'avons pas pris part à cette dégradation des prix. Comme tout le monde, nous avons vu des imprimantes vendues à moins de 40 euros à la fin de l'année 2008, dans le e-commerce comme dans certains points de vente physiques. Seuls des challengers en quête de parts de marché et peu soucieux de la rentabilité peuvent cautionner sur surenchère à la baisse. HP est le leader de ce marché et son rôle n'est pas de le tirer vers le bas. Sur l'année, le prix moyen des imprimantes jet d'encre est légèrement inférieur à 90 euros et la moyenne est de plus de 100 euros pour HP. Nous n'avons pas participé à ce débat en 2008 et ne souhaitons pas le faire en 2009. Dans le domaine IT, les principales évolutions du canal retail semblent être les montées en puissance du e-commerce et des boutiques de téléphonie mobile. Où en êtes-vous avec ces deux types d'acteurs ? Le e-commerce a, selon l'expression convenue, continué à « surperformer » et représente désormais plus de 15% de nos ventes. Dans ce domaine, nous constatons que la progression n'est pas seulement le fait des « pure players », mais également liée à la croissance des sites des enseignes traditionnelles. Concernant les réseaux de boutiques des opérateurs mobiles, la situation est différente dans la mesure où ils se sont lancés l'an dernier en proposant essentiellement des « netbooks » et que nous n'en vendions pas. Nous commençons donc à travailler avec eux aujourd'hui. HP aurait pu être plus présent dans ces réseaux via son offre de PDA. Ce segment n'est plus une priorité ? Nos assistants personnels sont tout d'abord dédiés aux professionnels, du fait de leurs fonctionnalités. Imposer la diffusion de ce type de produits vers le grand public n'est donc pas une priorité. Nos investissements ont plutôt porté sur la spécialisation de notre force de vente dédiée aux compte-clés de la grande distribution - avec des équipes différentes pour les PC et les imprimantes - ou sur le renforcement de nos actions de marketing, en matière de PLV ou d'animation. Au-delà des micro-ordinateurs, des imprimantes, des consommables ou des PDA, il ne faut pas oublier que les accessoires, comme les sacoches, les souris ou les claviers, représentent des opportunités commerciales importantes.