L'annonce début juillet de l'ANSSI de finalement délivrer en France aux opérateurs télécoms nationaux des autorisations d'exploitation concernant les équipements Huawei pour la 5G n'est-elle qu'un arbre qui cache la forêt ? Car si officiellement il ne s'agissait pas de bannir stricto sensu le constructeur chinois du territoire français, officieusement il se murmure que c'est en fait bien le cas.

« A la différence des concurrents Ericsson ou Nokia, une grande partie des autorisations accordées à ce stade pour du matériel Huawei ont été limitées à trois ou cinq ans et les pouvoirs publics ont informé les opérateurs télécoms que ces autorisations ne seraient pas reconductibles », ont expliqué trois sources proches du dossier à Reuters. « Cette non-reconduction des autorisations pour les équipements Huawei a été évoquée lors de discussions informelles et n’a pas fait l’objet de documentation écrite mais elle a été clairement exprimée comme étant la position du gouvernement français. » En France, Bouygues Telecom et SFR sont les deux opérateurs télécoms qui ont le plus à perdre dans cette histoire, leur infrastructure reposant en grande partie sur les équipements du chinois, à l'inverse d'Orange et Iliad qui ont de leur côté massivement fait appel à Nokia et Ericsson.

Grande-Bretagne et France sur la même longueur d'ondes

En excluant toute reconduction possible des autorisations, la question de la pérennité des investissements se pose immanquablement : quel opérateur pourrait bien investir dans des technologies 5G aussi coûteuses à implémenter pour finalement devoir les extraire de ses infrastructures ? Sans les mettre au rebus, ces dernières pourraient toutefois, certes, être exploitées dans d'autres pays n'ayant pas autant de restrictions que la France. Pas la Grande-Bretagne en tout cas qui a annoncé le bannissement des technologies 5G de Huawei d'ici 2027. « Les positions britannique et française sont de fait plutôt similaires malgré des communications différentes », a indiqué une source proche du dossier à Reuters. « Huawei ne peut pas faire grand chose ». Mais à l'heure où l'Union Européenne ferme - également sans le dire - un peu plus la fenêtre de tir de de Huawei pour commercialiser aux opérateurs ses solutions 5G - ce plan B parait bien compromis.