Le responsable des mainframes d'IBM cherche à supporter des charges de travail mobiles et des réseaux sociaux dans ces plates-formes. Une orientation qui aiderait le mainframe à rester pertinent et concurrent face aux systèmes à moindre coût. Le mainframe est allé à l'encontre des prédictions sur sa disparition, en partie parce que Big Blue a continué à ajouter des capacités pour le moderniser et élargir son attrait. Mais c'est encore un système coûteux pour lequel la firme doit justifier l'investissement continu de ses clients.

Par le passé, le fournisseur a ajouté des puces spéciales pour faire tourner des charges de travail telles que Java et Linux; ce qui a permis aux utilisateurs de gérer leurs serveurs Power et x86 à partir d'une console mainframe. La firme a également présenté les  Business Class, des petits mainframes, pour attirer de nouveaux clients. Autant d'orientations pour aider ce type d'équipement à concurrencer des systèmes à moindre coût comme les machines Unix et même les serveurs x86 qui ont gagné en  fiabilité et en sécurité au fil du temps.

Cibler les établissements bancaires

« Parmi les prochaines étapes, IBM envisage de permettre à ses clients de faire tourner plus facilement certaines de leurs applications mobiles et de réseaux sociaux sur un mainframe », a déclaré Doug Balog, directeur général des activités Système z chez IBM « Je sais qu'il existe une tendance du marché que nous n'avons pas encore directement reliée aux System z  et c'est cette plate-forme mobile-sociale », a-t-il souligné.

Les mainframes sont utilisés par de grandes entreprises telles que les banques et les opérateurs télécoms qui sont prêtes à payer le prix fort pour disposer d'un maximum de sécurité et de disponibilité, mais pour déployer des applications mobiles et collaboratives, elles se tournent souvent vers d'autres plateformes mieux adaptées à leur développement.

« Mais, si une banque veut proposer à ses clients une application bancaire mobile, elle préfèrera avoir la résistance d'un mainframe derrière elle, a ajouté Doug Balog  qui utilise le terme «social-mobile» comme s'il s'agissait d'une seule charge de travail, parce qu'il les considère comme étroitement liés. «J'essaie encore de comprendre à quel endroit le social-mobile se rejoignent sur z », s'est également demandé le responsable. « Il y a clairement un scenario autour de cela et nous devons y travailler ». Doug Balog réfléchit à  la  meilleure façon de procéder, mais l'une des options consisterait à apporter plus de logiciels de serveurs applicatifs WebSphere dans les System z.

Des outils et services pour porter des apps mobiles et sociales


« Bien sûr, WebSphere fonctionne déjà sur le mainframe pour les traitements transactionnels, mais je pense que cette plateforme pourrait être davantage utilisée sur les System z, compte tenu de ce besoin de résilience », estime le responsable des activités Système z d'IBM

Une autre option consisterait de fournir des outils et services pour permettre aux  utilisateurs de porter des applications mobiles existantes et collaboratives vers le mainframe. « La prise en charge des terminaux mobiles et les préoccupations liées à la sécurité constituent une priorité pour les entreprises, il est donc logique qu'IBM veuille s'attaquer à ce domaine », considère de son côté Jean Bozman, analyste chez IDC.

Toutefois, fournir un accès mobile aux données dans un mainframe présente un dilemme. «C'est une plate-forme que vous souhaitez hautement sécurisée, mais vous voulez en même temps y donner accès, et une grande partie de cette tâche  sera effectuée par le biais des logiciels», a indiqué l'analyste.

A  plus court terme,  Doug Balog estime que les fonctions analytiques appliquées à l'opérationnel tireront l'utilisation du mainframe.  Cela impose d'analyser les données de transaction lorsqu'elles arrivent  dans le système, quasiment en temps réel, pour des tâches telles que la détection de fraude. « Je prédis que dans quelques années, chacun de nos clients effectuera cela », pressent Doug Balog.

L'analyse opérationnelle peut aider à déterminer si une personne utilise un distributeur automatique de billets de banque et s'il est le titulaire légitime de la carte bancaire, en consultant d'autres données, comme l'endroit où ont été effectués des achats récents, a également déclaré Doug Balog. « C'est ceci qui la distingue le plus de l'analyse traditionnelle », a ajouté Jean Bozman. « Si vous observez les transactions postérieurement, c'est de l'analyse. Si vous les consultez  pendant que vous faites des affaires avec un client, c'est de l'analyse opérationnelle », a-t-elle précisé.

Identifier les opportunités de vente

Pour Doug Balog, cela  pourrait aussi aider à identifier des opportunités de ventes lorsqu'un  client fait un achat sur un site de voyages, en regardant son comportement antérieur. «Apporter de l'analytique dans le flux de transactions, je pense, est la prochaine grande étape. C'est presque aussi important que de déplacer des traitements par lots dans le cadre du process des transactions», analyse-t-il.

Les clients auraient besoin d'investir dans l'un des systèmes de datawarehouse IBM Netezza, qui a été plus étroitement intégré avec ses mainframes. Doug Balog soutient que c'est une meilleure solution pour l'analyse opérationnelle plutôt  que la plate-forme Hadoop, qui est plus adaptée aux données historiques.

Ce dernier trimestre a été important pour l'activité mainframe d'IBM,  avec le lancement de son EC12 qui a fait augmenter ses ventes de 56%.  C'est une activité cyclique, cependant, car les livraisons de mainframes ont décliné au cours des six derniers trimestres, après des gains importants réalisés durant la première moitié de 2011.

En faisant une moyenne, Doug Balog a trouvé que l'activité mainframe d'IBM  avait  connu « trois années de croissance composée ».  II y a eu 180 clients mainframe de plus au cours des deux dernières années, les plus nombreux se trouvant en Chine. Dans ce pays, avec le développement de la classe moyenne, le nombre de personnes utilisant les services bancaires et de télécommunications s'est multiplié, nécessitant des capacités de traitement informatique de plus en plus puissantes.