A la mi-août, IBM a commencé à exiger des visiteurs du site Fix Central (pour les mises à jour matérielles) de fournir un numéro de série pour télécharger les correctifs ou les updates. En France, on peut effectivement lire sur le site : « A partir du 11 août 2013, IBM implémentera une validation d'autorisation supplémentaire sur Fix Central pour certains produits et mises à jour logiciel et pour les mises à jour du code de la machine (aussi appelé microprogramme ou microcode) pour certaines machines. La vérification de l'autorisation pour les mises à jour du microcode de la machine sera faite grâce aux numéros de série fournis par l'utilisateur. »

Selon Gay Gordon- Byrne, directeur exécutif de DRTR (Digital Right To Repair) une association américaine (soutenue par l'association des industries de services) qui milite pour le droit des propriétaires équipements IT au choix de la maintenance, « IBM en arrive au point où les clients n'ont pas d'autre choix que de souscrire un contrat de maintenance ou perdre l'accès aux correctifs et aux mises à jour ». Une telle pratique pourrait freiner le marché des services de support des équipements IBM par des entreprises tierces et diminuer la valeur de revente du matériel, souligne le DRTR.

Pour l'association, IBM utilise le numéro de série pour vérifier si la machine en attente de modifications est sous contrat de maintenance ou couvert par une garantie matérielle du constructeur américain. Gay Gordon- Byrne explique que « IBM va prendre le numéro de série, va le valider avec sa base de données de contrat de support et autorisera ou non la mise à jour ».

Une mise en place tardive

Traditionnellement, IBM fournissait librement les correctifs et les mises jour du code machine, comme une garantie du contrôle de qualité, constate le dirigeant de l'association. Big Blue laissait au propriétaire le soin de décider comment entretenir son équipement, soit avec IBM, un prestataire tiers ou lui-même. Pour la DRTR, cette pratique bienveillante est en train de changer. En avril 2012, IBM a commencé à obliger les clients à signer une licence pour accéder aux mises à jour du code machine. En octobre dernier, la firme d'Armonk a annoncé que ces updates ne seraient disponibles que pour les clients d'équipements qui sont sous garanties ou couverts par un contrat de maintenance IBM.

La société n'a pas commencé immédiatement l'application de cette pratique, constate Gay Gordon- Byrne. « Jusqu'au mois d'août, il ne semble pas qu'IBM en avait la capacité », explique le dirigeant et d'ajouter « nous nous demandions quand elle allait franchir le pas ». Cette nouvelle politique semble s'appliquer à tous les mainframes, les serveurs et les systèmes de stockage. La seule exception connue concerne les serveurs x86 (system X). Gay Gordon Byrne soupçonne un revirement d'IBM suite aux plaintes des clients.

Suivre les pas d'Oracle

La stratégie mise en place par Big Blue va être problématique pour les clients d'IBM pour plusieurs raisons, souligne la DRTR. Elle va notamment limiter la revente de matériel. Les propriétaires de matériel déjà utilisé devront souscrire à un contrat de support IBM pour le mettre à jour et au final pourrait devenir coûteux. Sur ce point, IBM a indiqué l'année dernière la mettre en place d'un « droit de rétablissement » pour les propriétaires d'équipements désirant signer un nouveau contrat de maintenance sur du matériel dont le support a expiré. Cette taxe pourrait s'élever à 150% des frais annuels de maintenance, selon la DRTR. L'association met aussi en avant qu'IBM pourrait utiliser les contrats de supports comme un moyen pour générer plus de ventes. « Si IBM décide d'augmenter les prix de la maintenance pour réaliser de nouvelles ventes, elle peut le faire car il n'y a pas de concurrence », constate M. Gordon-Byrne.

IBM n'est pas le premier constructeur à utiliser cette tactique pour générer plus de ventes. Oracle a adopté une pratique similaire pour ses serveurs issus du rachat de Sun Microsystems et sur d'autres équipements en 2010.

Interrogé par nos confrères d'IDG NS, IBM a refusé de commenter cette affaire.