"Le WiMAX est une option pertinente à horizon 3-5 ans pour le développement du Groupe en complément des activités actuelles de Free". C'est ce que Xavier Niel, le directeur général en charge de la stratégie d'Iliad a expliqué au conseil d'administration de la firme pour expliquer l'acquisition aujourd'hui de l'opérateur normand Altitude Télécom. L'opération devrait être bouclée le 15 novembre prochain mais son coût n'a pas été précisé.

Altitude Télécom, né lors de la première vague de la boucle locale radio en France, est aujourd'hui le seul détenteur d'une licence nationale de boucle locale radio lui permettant d'opérer des services WiMAX, Neuf télécom ayant restitué ses fréquences 3,5 GHz à l'ART fin 2003. Cette licence lui a été accordée en décembre 2003, dans la bande de fréquence des 3,5GHz, à l'origine prévue pour les systèmes de BLR IP.

Altitude a été l'un des premiers opérateurs à tester des systèmes pré-WiMAX en France notamment sur le marché des entreprises, mais aussi en partenariat avec des collectivités locales pour la couverture de "zones blanches" en haut débit. Mais ce ne sont pas ces activités qui semblent avoir motivé le rachat par Free. L'opérateur a semble-t-il choisi de s'intéresser aux implications grand public de WiMax et s'est assuré la seule licence nationale disponible en rachetant celle d'Altitude (les licences WiMax qui seront prochainement attribuées par l'ART sont des licences régionales). Les activités entreprises d'Altitude seront ainsi revendues à l'actuel patron d'Altitude Télécom, Jean-
Paul Rivière, au travers de la société Altitude Développement dont il est l'actionnaire majoritaire.

Wimax, une alternative combinée au dégroupage et à la 3G?

WiMax Soutenue par plusieurs géants de l'électronique et des télécoms comme Intel, Alcatel, Nortel ou Motorola, la technologie WiMax (802.16d et 802.16e à l'IEEE) n'a plus grand chose à voir avec la BLR de grand papa. Comme auparavant la technologie permet de couvrir une large zone en haut débit internet sans avoir à tirer de nouvelles lignes. En fait dès qu'une zone est couverte par WiMax, elle devient virtuellement dégroupée, car son opérateur peut se passer des lignes filaires de l'opérateur historique. Mais ce qui explique le nouvel engouement pour WiMax ce sont les nouvelles possibilités de mobilité. Dès maintenant, le standard 802.16d supporte des formes de nomadisme limitées. Par exemple, la connexion est possible depuis tout point disposant d'un émetteur actif. On peut ainsi déplacer un PC portable Wi-Fi de la maison au bureau et y retrouver une connexion, alors que le service ADSL est aujourd'hui lié à la ligne de téléphone.

Avec la normalisation de la prochaine mouture de WiMax, 802.16e, prévue pour cette année, les constructeurs parient aussi sur le support de la mobilité avec notamment le support du roaming. Si le plan est tenu cela veut dire que d'ici 2007, un utilisateur pourra se déplacer avec son terminal WiMax sur l'ensemble de la zone de couverture WiMax de son opérateur sans perdre la connexion, comme aujourd'hui avec un téléphone GSM.. De quoi expliquer l'intérêt nouveau des grands des télécoms pour la boucle locale radio... les oubliés des licences GSM et 3G pourraient en effet utiliser WiMax pour fournir à terme des services voix/données mobiles concurrents des services 3G des opérateurs mobiles.

Vers une généralisation à l'horizon 2007/2008 ?

Dans un scénario optimiste, WiMax pourrait tout d'abord s'imposer en zones rurales comme l'alternative à l'ADSL puis, dès le début 2007, cannibaliser une partie des usages du Wi-Fi et de la 3G dans les zones urbaines, grâce au support de la mobilité. Il s'imposerait alors comme une alternative ou un complément aux deux technologies pour les utilisateurs internet nomades. C'est le genre de scénario sur lequel mise Intel en pronostiquant l'intégration dans les prochaines versions de Centrino( à horizon 2007/2008) de cartes radio WiMax en plus des actuelles radios Wi-Fi.

Bien sûr l'inverse pourrait aussi se produire. Bloqué par la généralisation de la couverture ADSL dans les pays industrialisés, et coincé entre la montée en puissance de Wi-Fi avec le futur 802.11n (100 Mbit de débit efficace et 8 fois la portée de 802.11g) et celle des normes 3G, avec HSDPA (une évolution de l'UMTS dopant de 2 à 16Mbit/s le débit descendant de la 3G), WiMax pourrait retourner à ses chères études et s'étioler comme les précédentes technologies de boucle locale radio. A priori, ce n'est pas le scénario retenu par Free...




WiMax : La BLR, les inconvénients en moins

Par rapport aux anciennes techniques de BLR, l'un des grands atouts de WiMAX est qu'il ne nécessite pas l'installation chez l'abonné d'une antenne extérieure. Cette caractéristique permet d'éviter l'intervention d'un technicien pour raccorder les abonnés. Ceux-ci peuvent installer leur modem eux-mêmes, en intérieur, ce qui supprime les frais d'installation et fait sauter une importante barrière à l'entrée.

Dans la pratique, les émetteurs qui seront déployés sur le terrain en Europe devraient être tri-sectorisés (trois antennes couvrant un secteur de 120 °) et auront une capacité utile symétrique de l'ordre de 35 à 50 Mbit/s. En environnement urbain, la portée sera d'environ 1 à 2 km avec des terminaux d'intérieur. En environnement rural, elle pourra atteindre 8 à 10 km avec des terminaux et antennes extérieures (sans ligne de vue directe).

Contrairement à une station de base 802.16 vendue aux environs de 50 000$, les nouvelles stations 802.16d devraient coûter entre 5000 et 8000$. C'est sur cette baisse des coûts que repose une large partie des espoirs mis dans WiMax.
Les abonnés pourront se voir offrir des services multiples (voix, données) avec ou sans qualité de service. Typiquement un abonné pourra souscrire à des débits maximal de l'ordre de 10 Mbit/s, sachant que le coeur de l'offre pour les entreprises devrait se faire sur des débits symétriques de l'ordre du mégabit, tandis que les particuliers se verront proposer des offres sans qualité de service de type 1 à 2 Mbit en voie descendante et 128 ou 256 Kbit/s en voie montante, à un prix légèrement supérieur à celui du DSL, mais avec la mobilité en plus.