Selon une présentation de Manfred Touron, directeur technique de Online Labs, Online.net, une filiale du groupe Iliad, va bientôt proposer à ses clients des services cloud reposant sur des serveurs ARM. L'idée est de proposer une solution aussi compétitive que son concurrent Digital Ocean. Depuis plusieurs années, des outsiders comme SeaMicro, aujourd'hui dans le giron d'AMD, ou des fournisseurs bien installés comme HP ou Dell, ont développé des serveurs très denses équipés de processeurs ARM basse consommation afin de proposer une alternative aux traditionnelles machines x86.

L'offre d'Online.net, baptisée Online Labs'C1, est attendue à la mi-janvier et repose sur des mini-cartes serveurs C1 désignées en interne. Équipées d'une à quatre puces ARMv7 - 32 bits donc - fournies par Marvell, ces mini-lames arrivent avec 2 Go de RAM, un petit SSD (juste pour démarrer l'OS) et une interface Ethernet Gigabit. Un design courant déjà utilisé par SeaMicro, Dell et HP dans leurs mini-serveurs. 19 de ces cartes (18 pour le compute et 1 pour le stockage SAN avec 6 disques) peuvent intégrer un serveur pizza C1 avec une interface 10 Gigabit, soit un total de 76 coeurs épaulés par 38 Go de RAM. 16 de ces blades sont logeables dans le châssis d'une armoire qui peut en accueillir trois au total. On obtient au final une densité très élevée dans la baie : 3456 coeurs, 1,8 To de RAM et 288 disques durs. Online.net annonce une température interne de 33° dans le châssis. Le système d'exploitation est bien sûr de type Linux avec un noyau 3.17. Les distributions Ubuntu (à partir de la version 14.04), Fedora 20, Debian 7 et Gentoo sont supportées, ainsi que les solutions Docker, Wordpress, Pydio, Owncloud et Ghost.

Le matériel est déjà en exploitation dans un datacenter d'Iliad en région parisienne et le groupe fait ici office de précurseur en essayant de proposer une plate-forme cloud moins chère - sur le papier -  grâce aux économies d'énergie attendues avec les puces ARM. Petite précision, Online.net n'utilise pas encore de solution de virtualisation pour sa plate-forme C1, on a affaire à une simple architecture bare metal. Il s'agit ainsi d'un serveur dédié qui engendre un coût d'utilisation supérieur à une solution mutualisée. Autre bémol, on a toujours affaire à une plate-forme 32 bits, les puces ARM 64 bits commencent seulement à arriver. On peut donc considérer qu'il s'agit d'un ballon d'essai pour tester le marché et bien cerner les besoins des clients. Le succès de cette plate-forme repose encore sur le portage des applications de l'environnement x86-64 vers celui d'ARM. On ne parle pas ici de bases de données qui ont besoin d'un maximum de performances mais de services web comme le stockage en ligne, la messagerie ou l'Internet des objets. Certaines entreprises préféreront toutefois peut-être sauter l'étape 32 bits pour passer directement au 64, gage de pérennité. HP propose déjà un serveur Moonshot équipé de puces ARM 64 bits.