Les efforts d'IBM pour étendre l'utilisation de ses puces Power dans les datacenters viennent de recevoir un renfort de taille avec la dernière annonce de Google. Le géant du web a en effet profité de l'évènement IBM Impact 2014 (du 27 avril au 1er mai à Las Vegas) pour montrer sa première carte serveur maison construite à partir d'un processeur Power8. Google est un des membres fondateur de la Fondation OpenPower, créé par IBM pour promouvoir le développement de serveurs d'un nouveau genre équipés de sa puce Power. Dès l'annonce du projet, Google avait indiqué qu'il était très intéressé par la chose. Mais il n'avait pas confirmé publiquement qu'il allait construire un serveur sur base Power et porter ses logiciels sur la plate-forme d'IBM.

Lundi dernier, Gordon MacKean, un ingénieur de Google qui est également président de la Fondation OpenPower, a posté une photo d'une carte mère Power8 pour serveur sur sa page Google+.

C'est encore une plate-forme de tests, et cela ne signifie pas encore que Google va déployer des serveurs Power dans ses centres de calcul, mais c'est un bon signe pour IBM .« Nous cherchons toujours à offrir la meilleure qualité de services à nos utilisateurs, et nous avons donc construit ce serveur et porté nos couches logicielles sur Power», a écrit M. MacKean. Le portage des logiciels de Google sur Power a été plus facile que prévu, indique M. MacKean, en partie grâce au support de l'architecture « little-endian » par Power8, un format de données également utilisé par les processeurs x86. « Une vraie plate-forme serveur est également essentielle pour mesurer les performance et travailler sur l'optimisation continue, intégrer et tester les progrès en cours qui seront disponibles par le biais d'OpenPower à toute la communauté OpenPower étendue », écrit-il encore.

Contrer la montée en puissance des Xeon d'Intel

Les processeurs Power sont utilisés principalement dans les propres serveurs Unix d'IBM, mais la baisse des ventes de ces systèmes au profit des plates-formes x86 a forcé Big Blue à aller voir plus loin. En licenciant le design de son architecture Power8, IBM espère convaincre d'autres entreprises de concevoir des serveurs reposant sur ses puces et étendre ainsi son marché.

IBM est toutefois aujourd'hui en concurrence frontale avec les puces x86 d'Intel - les Xeon E7v2 principalement - mais également avec les futurs processeurs ARM 64 bits, qui s'annoncent très prometteurs sur le marché des serveurs cloud. En effet, comme les processeurs Intel Atom, les puces ARM ne sont pas très puissantes, mais s'avèrent une très bonne alternative pour les charges de travail qui impliquent des volumes élevés de petites transactions, car leurs petits noyaux consomment peu d'électricité. Mais il y a encore toutefois de la place dans les centres de calcul pour des puces plus performantes, supportant une très grande bande passante et une grande quantité de mémoire vive pour analyser rapidement de grands volumes de données.

Un écosystème ouvert pour assurer la survie des Power

IBM a encore du travail à faire pour construire un nouvel écosystème autour de sa plate-forme Power. Il devra convaincre des entreprises comme Facebook ou Google d'utiliser la puissance de ses puces Power en complément de leur architecture traditionnelle. Ce type d'entreprises aiment concevoir leur propre matériel à faible coût et ne veulent pas toutes les extensions que propose IBM. Plusieurs constructeurs dont Suzhou PowerCore en Chine, ou encore Tyan (voir illustration ci-dessous) et Hitachi ont licencié le design Power auprès de Big Blue. Il y a aujourd'hui une vingtaine de membres au sein la Fondation OpenPower : Nvidia, InfiniBand Mellanox, Canonical, et d'autres sociétés de logiciels et de composants.



La carte mère OpenPower de Tyan était également exhibée sur la convention Impact 2014 d'IBM