Annoncée au monde dans le numéro d'Electronic News daté du 15 novembre 1971, la célébrité de la puce Intel 4004, petit processeur à architecture 4-bits atteignant une fréquence de 108 kHz, repose surtout sur le fait qu'il a été le premier microprocesseur à être commercialisé.

Intégrant 2300 transistors (les microprocesseurs en ont aujourd'hui jusqu'à 1 milliard), ses concepteurs, Martian Hoff (surnommé Ted Hoff) et Federico Faggin, étaient absolument convaincus que le 4004 transformerait le marché dans un secteur dominé par un produit, à l'époque très prisé, les calculatrices électroniques de bureau. Et ils ont eu raison. Certains se sont gentiment moqués des prévisions des deux ingénieurs d'Intel : à l'époque, l'Amérique était encore embourbée dans la guerre du Vietnam, et la priorité de créer une informatique personnelle abordable ne semblait pas peser grand-chose. Mais l'impact du 4004 vient aussi de l'entreprise à l'origine du projet : Intel.

Une activité annexe pour Intel à l'époque

Intel - créée en 1968, soit trois ans seulement avant le lancement du processeur 4004 - n'a plus besoin d'être présentée. Pourtant, l'entreprise ne doit son existence qu'à un événement commercial fortuit. Busicom, un important fabricant japonais de calculatrices, a demandé à Intel de développer des circuits intégrés dont elle avait conçu l'architecture. Après étude du projet à 12 circuits proposé par les ingénieurs de Busicom, Ted Hoff, chef de projets chez Intel, a imaginé une solution à 4 circuits, dont un circuit central, le 4004. A l'époque, Busicom possédait les droits exclusifs sur le processeur. Mais, en contrepartie d'un prix inférieur à l'unité, le fabricant a accepté de renoncer à certains droits sur la conception. C'est ainsi que le géant américain a mis la main, si ce n'est sur une grande source de revenus, au moins sur une part importante de la propriété intellectuelle de la puce. Busicom a, par la suite, fait faillite.

Des années plus tard, la pression aidant, Intel a conservé son activité sur les puces mémoire mais a décidé de s'investir plus sérieusement dans les microprocesseurs. Quand IBM est arrivé en 1981 avec son PC d'entreprise, l'activité marginale démarrée avec le 4004 est brusquement devenue son coeur de métier.

Un composant devenu clef aujourd'hui

Le microprocesseur est considéré aujourd'hui comme le composant le plus important de l'industrialisation informatique, juste derrière le transistor. Surtout, il a apporté la pièce qui a permis de mettre de l'électronique bon marché dans n'importe quel appareil, du PC jusqu'aux automobiles.

Si dans certains ouvrages savants et bien documentés, la puce 4004 n'est pas créditée comme étant le premier microprocesseur, c'est le premier à avoir été commercialisé. Et, pour certains, c'est ce qui compte. Ce qui est sûr, même si tout le monde s'en moque aujourd'hui, c'est que le 4004 a permis à Busicom de vendre - à un prix élevé - une quantité énorme de calculatrices de bureau.