Alors que les besoins en stockage de données explosent, Intel a présenté sa feuille de route Optane et revendiqué un avantage dans la technologie Penta Level Cell (PLC) NAND dont le développement progresse à grands pas. Mais ce n’est pas tout. L'entreprise prévoit également de produire des SSD avec plus de capacités et évoqué la possibilité d’introduire - plus tard - une mémoire DIMM persistante pour les PC grand public. Intel a également annoncé qu'après le divorce très médiatisé et à l'amiable avec Micron, le développement d’Optane serait transféré sur le site de Rancho Rio, au Nouveau Mexique. 

Feuille de route d’Optane : Barlow Pass et suivants

Les annonces faites jeudi par Intel confirment que l’entreprise renforce les liens entre stockage et CPU. Ainsi, les futurs processeurs Cooper Lake et Ice Lake seront compatibles avec les modules de mémoire persistante Optane DC de seconde génération. Baptisés Barlow Pass, ces modules seront étroitement liés aux futurs processeurs Xeon. Et d’après les rumeurs, une autre mémoire - nom de code supposé « Crow Pass » - sera liée aux processeurs Xeon Sapphire Rapids à venir. L'Optane DC Persistent Memory d'Intel est un module de mémoire haute densité, haute performance et non-volatile qui se branche sur les slots DDR4. Grâce à des technologies propriétaires, ils permettent aux serveurs d'empaqueter des téraoctets de stockage non volatile en lien étroit avec le CPU. Selon Intel, les éditeurs de logiciels – bases de données notamment - ayant optimisé leurs solutions pour Optane DC Persistent Memory et Optane SSD, peuvent réaliser des gains de performance et des économies très importantes.

 

Intel a confirmé que la mémoire persistante Optane DC Barlow Pass sera liée à ses processeurs Xeon Scalable Cooper Lake et Ice Lake. (Crédit : Intel) 

Optane SSD de 2e génération : Alder Stream crève le plafond

La prochaine génération Optane d'Intel ne sera pas réservée aux DC Persistent Modules et sera utilisée aussi pour développer des SSD Optane. Selon Intel, la performance de ces SSD, nom de code Alder Stream, est très dessus du lot.

Le P4800X actuel d'Intel basé sur Optane surpasse largement en latence et en IOPS les SSD NAND traditionnels. (Crédit : Intel) 

Dans le graphique de performance (ci-dessus) présenté par Intel, on voit que la première génération de SSD P4800X Optane DC surpasse largement le SSD Intel DC P4610 NAND. Cela fait longtemps que la faible latence de la mémoire Optane a fait ses preuves. Mais l’autre graphique de performances montre qu’en terme de latence et d’IOPS la nouvelle génération Alder Stream est encore beaucoup plus au-dessus. Alors que le P4800X de 1e génération semble atteindre sa limite à demi-million d'IOPS, Alder Stream à l’air d’aller très au-delà.

 

La prochaine génération Alder Stream sort vraiment du lot. (Crédit : Intel)

PLC NAND : Intel revendique une longueur d'avance

« La moitié des données mondiales ont été créées au cours des deux dernières années seulement, signe que le monde aura besoin de plus d'espace de stockage », ont déclaré les responsables d'Intel. « Cela signifie que nos SSD QLC (Quad-Level Cell) actuels ne suffiront pas ». D’une part, Intel a confirmé que ses projets de mémoire NAND à cinq bits par cellule ou Penta-Level Cell (PLC), avançait à grand pas. Comme son nom l'indique, la PLC permet d’attribuer cinq valeurs pour chaque cellule, par rapport au bit unique de la Single Level Cell d'origine ou aux quatre bits par cellule de la Quad Level Cell (QLC).

Intel n'est pas le seul dans cette course : le mois dernier, Toshiba a aussi dévoilé ses projets de mémoire PLC. Mais Intel affirme que sa mémoire NAND, basée sur une architecture Floating-Gate, devrait avoir l’avantage sur la technique de stockage temporaire des électrons ou Charge Trap Flash (CTF) beaucoup plus courante utilisée par la plupart des fabricants de mémoire 3D NAND. Selon Intel, les cellules de type Floating-Gate offrent des fenêtres de lecture plus grandes et plus fiables entre chaque cellule. Toujours selon les responsables d'Intel, cela signifie qu'il est plus facile d'augmenter la densité avec des cellules à porte flottante à mesure que la densité QLC augmente.

 

Selon Intel, l'un des avantages de l’approche Floating-Gate c’est l'augmentation de la fenêtre de lecture entre les cellules, ce qui lui donne plus de fiabilité dans le temps. (Crédit : Intel)

Les cellules à porte flottante vont également faciliter la mise au point de ses designs PLC. Cette affirmation est difficile à confirmer, mais selon certaines informations, Micron avait une préférence pour la technique de Charge Trap Flash et voulait abandonner le Floating-Gate, ce qui aurait entrainé la rupture entre les deux partenaires. Il faudra sans doute attendre un an ou deux avant de pouvoir répondre clairement à cette question.

 

Intel pense qu’avec cette approche de cellules floting-gate elle à une longueur d'avance sur les designs CTF utilisés par à peu près tout le monde aujourd'hui. (Crédit : Intel)

Mis à part ces détails technologiques, les capacités des SSD devraient croître considérablement. Les responsables d'Intel ont déclaré que l’entreprise lancera des SSD QLC à 96 couches cette année et des SSD QLC à 144 couches l’an prochain, en ciblant en priorité les datacenters. Pour l’instant, l’entreprise n’a pas annoncé de prix ou de modèles particuliers, mais on trouve aujourd’hui des SSD QLC 64 couches, comme le SSD 1 To Intel 660P, à 135 € ttc sur Amazon. On peut donc avoir une idée du prix d’un disque 96 couches ou 144 couches.

 

Intel prévoit de livrer des SSD QLC 96 couches et QLC 144 couches d'ici l'année prochaine. (Crédit : Intel)

Intel DC Persistent Memory DIMMS : pas encore pour le grand public

La dernière nouvelle concerne le projet d'Intel de livrer des modules DIMM Optane au grand public. Cette option, réservée pour l’instant aux seules applications exécutées dans les datacenters, sera bientôt disponible sur les postes de travail. Les responsables d'Intel ont déclaré que le hardware existait, et que Windows 10 offrait déjà un certain niveau de support pour les modules DIMM Optane. Mais l'entreprise estime qu'il faudra encore au moins un an ou deux avant que les applications et le système d'exploitation puissent en tirer pleinement parti.