Intel ne perd pas de temps à faire la promotion de sa future puce Rocket Lake-S de 11e Gen, dont le lancement ne devrait pas tarder. D’après les résultats de tests évaluant les performances de stockage publiés mardi par le fondeur, la puce Rocket Lake-S surpasserait de 11 % la puce Ryzen 9 5950X d’AMD (voir ci-dessous). Les résultats ont été tweetés par Ryan Shrout, Chief Performance Strategist d'Intel.

Conditions du test

Intel ayant publié les détails de son test interne, on peut savoir dans quelles conditions il a été réalisé. Tout d’abord, il apparaît que la puce Ryzen 9 5950X était montée sur une carte Asus X570 avec 32 Go de DDR4/3200. Ensuite, le fondeur a utilisé un SSD Intel 512 Go 760P pour le système d'exploitation de démarrage et un SSD NVMe PCIe 4.0 Samsung 980 Pro comme support cible pour effectuer le test. Pour la comparaison, Intel a placé sa puce Core i9-11900K de 11e Gen sur une carte Asus Z590 en conservant les mêmes configurations de mémoire vive et de stockage. Les tests ont été effectués par Allyn Malventano, Storage Technical Analyst d’Intel, qui a installé les SSD M.2 Samsung 980 Pro NVMe dans des cartes PCIe Riser pour s'assurer qu'ils fonctionnaient bien sur les voies PCIe 4.0 du CPU.

Intel affirme que sa prochaine puce Core i9 de 11e Gen est plus performante que la puce Ryzen 9 5950X d'AMD dans le test de stockage PCIe 4.0 de PCMark 10. (Crédit : Intel)

PCMark 10 est surtout utilisé pour ses benchmarks applicatifs, mais le benchmark est également reconnu pour les tests de stockage. Contrairement aux benchmarks synthétiques typiques qui peuvent marteler le support pour trouver son débit théorique - le tout dans des scénarios parfois très éloignés des usages courants - le test PCMark 10 est construit autour de tests de traces. Grosso modo, un test de trace enregistre un modèle d’usage du SSD dans des applications comme Microsoft Excel, PowerPoint, Adobe Illustrator et Photoshop, ou au lancement de jeux comme Battlefield V ou Call of Duty Black Ops et autres applications. Le modèle est ensuite reproduit sur le SSD et les performances sont enregistrées.

 

Le test Quick Storage Drive de PCMark 10 utilise des traces d'applications et de scénarios réels pour évaluer les performances du support. (Crédit : UL)

Pour son test, Intel a exécuté le benchmark Quick System Drive pour enregistrer les traces d'écriture de 339 fichiers JPEG totalisant 2,37 Go sur le support, de lecture de ces mêmes fichiers, plus la copie de ces mêmes fichiers sur le SSD dans un scénario de lecture et d'écriture. Le benchmark Quick System Drive a également évalué les performances du support lors de l’exécution de tâches dans Microsoft Excel, Adobe Illustrator et d’un scénario léger dans Adobe Photoshop. Le test prend environ 20 minutes pour effectuer ses trois passages. Au total, environ 23 Go de données sont écrites pendant ce laps de temps. Le résultat du benchmark Quick System Drive de PCMark 10 effectué sur un ordinateur portable Core i7-8665U est visible ci-dessous.

La bande passante résultante est assez faible pour un benchmark, mais les tests de PCMark 10 sont axés sur des modèles d'utilisation réels. En cela, il est très différent d’un test visant à submerger le support de stockage avec des données pour trouver son point de saturation. De façon imagée, on peut dire que ce test revient à évaluer les performances d'une voiture sur un trajet quotidien plutôt que celle d’un dragster sur une piste de 400 mètres. C’est certes amusant de mesurer les performances d'un dragster, mais 99 % du temps, on n'arrive jamais à aller aussi vite.

 

Résultats du test PCMark 10 sur un SSD Optane H10 de production dans un ordinateur portable HP Dragonfly tournant avec une puce Core i7-8665U d’Intel. (Crédit : IDG)

Pourquoi ce test est important ?

Parce que le test Quick System Drive de PCMark 10 est fait pour mesurer la performance d'un SSD, et non celle d'un processeur, la marge affichée par Intel est probablement destinée à montrer que l’entreprise s’implique aussi dans des domaines où il ne s’agit pas de rechercher uniquement de la performance CPU. Comme les puces Ryzen 9 5950X et Core i9-11900K utilisent exactement les mêmes SSD Samsung 980 Pro NVMe de 1 To avec une interface PCIe 4.0, un avantage de 11 % pourrait indiquer des optimisations de pilotes, du BIOS de la carte et de meilleures implémentations PCIe 4.0.

Cela pourrait aussi donner raison à Intel d’avoir attendu avant de passer au PCIe 4.0. Les premières implémentations d'une nouvelle technologie sont rarement les mieux optimisées. Ainsi, la sortie de la puce Rocket Lake PCIe 4.0 près de deux ans après AMD pourrait s’avérer un avantage pour Intel. Bien sûr, ce n'est pas la première fois que fondeur revendique un avantage de performance sur son ennemi juré. Lors d'une session virtuelle du CES 2021, Intel a présenté des résultats indiquant que sa puce Rocket Lake de 11e Gen était plus rapide que la puce Ryzen 9 5900X d'AMD dans les jeux.

Quel crédit donner à ces résultats ?

Chaque fois qu'un fournisseur fait des déclarations de performance, mieux vaut rester prudent. Aucune entreprise ne montrera des tests qui ne lui sont pas favorables ! Cependant, ce serait une erreur de penser que ces benchmarks sont trop favorables pour être vrais. Car il est peu probable qu'ils soient faux. Et même s'ils sont « sélectionnés », il est préférable d'attendre les évaluations indépendantes qui seront menées à la sortie du produit. C’est seulement à ce moment-là que l’on pourra se faire un avis plus objectif et décider en connaissance de cause.