L'opérateur InterCloud se donne les moyens de ses ambitions. L'opérateur spécialiste en interconnexion des applications cloud et des solutions managées de ressources multicloud (AWS, GCP, Microsoft Azure...) a réalisé une dernière levée de fonds (serie D) d'un montant très conséquent : 100 millions d'euros. Elle fait suite à trois précédentes en 2014 (5 M€), 2017 (10 M€) et 2019 (22 M€). Cette dernière a été menée par Aleph Capital, avec la participation de Ventech et Open CNP. Cela porte le total des financements levés depuis sa création à 138 M€. « Ces fonds vont servir à l'extension géographique de nos services au Moyen-Orient et en Inde, mais aussi au niveau fonctionnel dans la connectivité réseau et la sécurité », nous a expliqué Jérôme Dilouya, co-fondateur et président d'InterCloud. Actuellement, l'entreprise propose ses services en Europe, en Amérique du Sud (Sao Paulo), dans le Pacifique (Sidney) et en Extrême-Orient (Tokyo).

La société, qui réalise environ 20 M€ de chiffre d'affaires et compte aujourd'hui un peu moins de 90 personnes, va se servir de cet apport pour recruter une cinquantaine de collaborateurs, la moitié dans sa force commerciale, l'autre sur des profils techniques. Ce renforcement sera principalement dédié pour les activités d'InterCloud en France, mais aussi pour muscler ses positions en Allemagne et en Angleterre, ainsi que sur de nouveaux territoires, Benelux et pays nordiques. « L'infrastructure que l'on gère est globale avec des services d'ingénierie, de connectivité réseau ou encore de chiffrement de bout en bout », poursuit Jérôme Dilouya. « Nous pouvons les développer nous-même, nous appuyer sur des partenariats ou, comme nous le souhaitons maintenant, via des rachats ». Parmi les cibles potentielles dans le viseur d'InterCloud : des acteurs spécialisés dans les protocoles de routage et les services DNS par exemple.

Une opportunité de croissance avec l'essor du cloud souverain européen

Pour 2021, InterCloud estime avoir réalisé une bonne année, compte-tenu d'un contexte tendu même si la reprise semble bien repartie. Ainsi sur l'année écoulée, les revenus ont progressé de 25% contre 40-50% avant la crise pandémique. « De très gros clients n'avaient pas comme priorité d'étendre leurs services intercloud, d'autres ont mis en pause leurs projets ou bien comme LVMH ont effectué des déploiements au gré des déconfinements en Asie, en Europe et aux Etats-Unis. Sans s'attendre à renouer avec les fortes croissances d'antan, la société pense toutefois être revenue sur une très bonne tendance d'activité et se montre sereine. 

Comme levier de croissance, InterCloud pourrait bien tirer parti de la vague de souveraineté numérique revient en force en Europe. « Dans le sillage des clouds souverains, le réseau doit aussi être souverain, soit en reposant sur des opérateurs télécoms et Internet dans chaque pays, ou des sociétés comme nous », explique Jérôme Dilouya. « L'Europe a de grandes ambitions de souveraineté, qui doit passer par la certification d'acteurs européens pour obtenir un niveau de confiance au niveau européen ».