Charles Giancarlo est un CEO heureux et plein d’ambitions. Lors d’une halte à Paris, il est revenu pour nous sur les différentes annonces et le futur de Pure Storage.

LMI : Que pouvez-vous nous dire sur les derniers résultats financiers publiés récemment ?

Charles Giancarlo : Les résultats trimestriels et annuels (clôt le 31 janvier 2019) sont bons avec une progression de 33% pour l’année avec des revenus de 1,3 milliard de dollars. Sur le plan trimestriel, la croissance est de 24% pour un chiffre d’affaires de 422 millions de dollars. Les résultats sont aussi importants pour nous, car c’est le premier trimestre affichant une rentabilité.

Au sein des résultats que représente la part des solutions NVMe ?  

Aujourd’hui, les solutions NVMe représentent 80% au sein de nos résultats. Une bonne transformation, car nos concurrents affichent un pourcentage à un seul chiffre. Une chose est sûre est que quand nous envoyons des SSD à nos clients, ils sont en NVMe.

Comment se passe cette migration ?

Notre service Evergreen, programme de support en mode abonnement, permet de mettre à jour facilement les baies et de basculer vers le NVMe. L’avantage pour nos clients est de ne pas tout remplacer, mais juste d’upgrader leurs solutions.

Récemment, vous avez annoncé deux nouveautés : Object Engine et DirectFlash Fabric. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Sur le premier, nous avons changé le nom de l’offre StorReduce (société acquises en août 2018) pour devenir Object Engine, car la problématique ne réside pas dans la durée de la sauvegarde, mais plutôt sur la déduplication des objets dans différents environnements. Object Engine est un facilitateur en donnant la capacité aux clients de sauvegarder sur flash puis sur le cloud. Traditionnellement le backup se fait sur disque ou dans certains cas sur des bandes pour de l’archivage. Les inconvénients de ces solutions résident dans la restauration pouvant être jugée trop longue et sensible aux erreurs. Avec le flash, la restauration prend que quelques minutes. En ce qui concerne l’archivage, la bascule vers le cloud sur des offres de type Glacier d’AWS est opportune par faire une analyse des données. Nous démarrons sur Amazon S3, mais nous intégrerons prochainement des offres d’autres fournisseurs.

Est-ce que le futur du stockage est l'objet ?

Je pense que le stockage fichier va migrer vers le stockage objet. Je crois vraiment que HDFS ainsi que d’autres systèmes de fichier vont basculer sur le mode objet. Ce dernier est parfaitement adapté pour le cloud, mais aussi pour l'on-premise. Le stockage block va résister pour des workloads spécifiques, comme les bases de données. Sur ce sujet, nous avons lancé à la fin 2018 l’offre Cloud Block Store pour AWS, car les entreprises hésitent entre à garder les applications sur site ou à les basculer dans le cloud. La question du stockage est souvent un frein.

Et sur DirectFlash Fabric ?

Avec DirectFlash Fabric, l’objectif est de proposer de consolider le stockage via le protocole NVMe et d’apporter des performances pour les applications critiques et web se basant sur du DAS (Direct Attached Storage). Cette technologie apporte une réduction de la latence dans les échanges entre le serveur et le stockage. Elle redistribue environ 25% de performance aux CPU du serveur et donc améliore la performance applicatives. Elle peut être utilisée dans des serveurs 1U ou 2U, ce qui peut réduire le nombre de rack nécessaire. Au final, les performances sont meilleures, pour un coût moindre.

Est-ce un premier pas vers l’hyperconvergence ?

Nous avons des partenariats sur l’hyperconvergence avec Cisco par exemple sur Flash Stack. Sinon nous sommes plutôt orientés sur ce que nous appelons l’architecture hyperscale. Les hyperscaleurs séparent le stockage et le compute en mode best of breed, pour accompagner les besoins de leurs environnements applicatifs.

Aujourd’hui on parle beaucoup de l’intelligence artificielle, quelle est votre position sur le sujet ?

L’IA est quelque chose d’impressionnant et nous concerne à un double niveau. Nos baies flash sont très appréciées par la communauté travaillant dans le domaine de l’IA comme l’analyse des vidéos ou des images, mais aussi la génomique et plus globalement la santé. Par ailleurs, nous utilisons l’IA dans nos produits à travers Pure 1 pour analyser les données retournées par les équipements. Nous traitons 20 To de données par heure afin de prédire les problèmes potentiels. Notre moteur d’IA est construit et déployé sur AWS.

Une autre tendance est l'edge computing, est-ce que le flash peut être un atout dans ce cadre ?

Le flash est très dense et apporte donc de la résilience et de la fiabilité, en plus de la performance. Par exemple, nous avons travaillé avec l’équipe de Formule 1, Mercedes Petronas, qui utilise des baies Pure Storage pour analyser en temps réel la télémétrie des voitures. Elle améliore ainsi les performances de la voiture. La solution devait être portable pour suivre l’équipe dans tous les pays et capable de supporter des écarts élevés de températures. Un autre exemple du Edge computing est l’analyse vidéo issue de caméra de surveillance dans un lieu public comme un aéroport, une gare. Les besoins de performances et de traitement en temps réel existent et le flash apporte des réponses.

En terme de stratégie, quelle est la prochaine étape pour Pure Storage ?

C’est le data management. En moyenne, nos clients copient leurs données 10 à 15 fois : des bases de données, des datas pour le développement, pour les environnements alpha, pour l’analytique. Chacun a besoin d’une sauvegarde et le nombre de fois où la même donnée est copiée est absurde. A mon avis si vous avez une infrastructure de stockage haute performance où chaque application peut accéder rapidement à ces datas, qui doivent être protégées. La copie des données représente une question de sécurité et de conformité, notamment avec des réglementations comme le RGPD. Mon expérience de dirigeant est que sur ces questions-là, je veux d’abord savoir où sont mes données et si elles sont bien protégées contre le vol et contre l’altération.

Vous évoquiez le RGPD, est-ce que vous souhaitez une loi similaire aux Etats-Unis ?

En général, la réglementation va toujours dans le bon sens. Son implémentation peut s’avérer complexe et représente un défi pour les entreprises, mais elle est importante pour la société. Je voudrais avoir une réglementation similaire au RGPD aux Etats-Unis.

Quelles sont vos ambitions financiers et technologique dans un proche avenir pour Pure Storage ?

Nos prévisions financières portent sur une croissance de 30% du chiffre d’affaires pour le prochain trimestre et pour l’année fiscale 2020. Nous croyons que le secteur de l’IT va continuer à progresser et sur le plan technologique, il va y avoir des améliorations sur les processeurs, sur le réseau, la mémoire et le stockage. Mon souhait est que l’industrie du stockage continue ses investissements dans ce domaine. Pure Storage y prendra sa part dans le stockage et data management. Nous consacrons à peu prés 18% de nos revenus dans la R&D.

Est-ce que cela passe par des acquisitions et si oui dans quelle direction ?

Nous avons une liste de sociétés que nous regardons. Sur les orientations, les prochaines acquisitions devront nous apporter des fonctionnalités supplémentaires par rapport à la concurrence. Par exemple, nous ne disposons pas d’une offre suffisamment forte sur SMB et CIFS et c’est une ère où nous souhaitons investir. Les outils d’orchestration pas de nos produits, mais des piles au-dessus sont un autre centre d’intérêt. Nos solutions sont très automatisées et facile d’utilisation, les clients souhaiteraient disposer de cette simplification pour leurs environnements de calcul.