Lors du TechEd 2019 de SAP à Barcelone, l’accent n’a pas seulement été mis sur la technologie, mais bien sur les différentes façons de la mettre au service du métier, en l’intégrant de la façon la plus transparente possible dans les processus et applications d’entreprise. Pour répondre à ces besoins, SAP étoffe depuis plusieurs années déjà ses solutions d’intégration, regroupées aujourd’hui dans son offre de PaaS (Platform-as-a-Service), SAP Cloud Platform (SCP). Si celle-ci était au départ principalement destinée à faire le liant entre les nombreuses solutions de l’éditeur, à la fois dans le cloud et sur site, la plateforme sert aussi maintenant à étendre ces applications, voire à en développer de nouvelles. Haridas Nair est le directeur de l’offre Cloud Platform GTM (Go to Market). Il revient pour la rédaction du Monde Informatique sur la place de ce service dans la stratégie de SAP et ses principales caractéristiques.

LMI : SAP est traditionnellement connu pour ses applications destinées aux métiers, notamment le système ERP et les applications décisionnelles. Pourquoi cette volonté de promouvoir une solution destinée aux développeurs auprès de vos clients ?

Haridas Nair : Nous observons deux sentiments chez nos clients. Le premier concerne des organisations avec plusieurs systèmes SAP qui fonctionnent bien. Celles-ci se disent qu’elles pourraient obtenir davantage de valeur en les ouvrant plus largement en interne. Le second sentiment se rencontre dans les entreprises avec un vaste écosystème, qui aimeraient interagir avec leurs partenaires et fournisseurs de façon plus fluide. Ces constats révèlent deux besoins : augmenter l’usage des applications, des processus et des données SAP au sein des organisations ; mais aussi étendre la portée du monde SAP à des acteurs situés hors du périmètre de l’entreprise. SCP répond à ces deux enjeux.

Quels sont les besoins couverts par l’offre SCP ?

Fondamentalement, quand un développeur choisit une plateforme, c’est pour accélérer la mise sur le marché des applications. SCP est une plateforme conçue autour des applications SAP, mais sa portée va au-delà. Elle recouvre cinq grands domaines : l’intégration, l’extension vers d’autres environnements, l’expérience utilisateur, l’exploitation des données (avec toutes les technologies intelligentes de Leonardo) et les processus métier intelligents. En donnant aux développeurs et architectes SAP la capacité d’accélérer sur tous ces domaines, nous leur permettons d’offrir davantage de valeur aux métiers.

Le marché des solutions d’intégration est déjà bien fourni, avec de nombreux acteurs historiques ainsi que de nouveaux entrants, notamment du côté de l’iPaaS (Integration Platform-as-a-Service). Comment se positionne l’offre de SAP dans ce paysage ?

Deux choses différencient SCP des offres concurrentes. D’une part, nous disposons d’emblée de tous les connecteurs et éléments nécessaires pour interagir avec les systèmes SAP. D’autre part, nous offrons une solution où tout est aligné, depuis la base de données jusqu’aux interfaces entre applications, en passant par les environnements de développement et les outils de management des données et des processus. L’alternative, c’est d’acheter certaines briques chez les gros acteurs du cloud, d’autres chez des acteurs spécialisés, mais il faudra ensuite maintenir tous ces éléments hétérogènes. Si vous êtes un client de SAP, vous n’avez pas vraiment de raison d’opter pour une telle stratégie.

Votre CTO, Juergen Mueller, a indiqué lors de la session plénière qu’il y avait plus de 6 600 clients sur SCP, alors que l’offre reste récente (2012, avec plusieurs changements de noms en cours de route).

Je pense qu’il s’est limité aux clients qui utilisent directement l’offre. Si on ajoute à ces derniers tous ceux qui utilisent des applications construites sur la plateforme, ou qui embarquent certains de ses composants, on s’approche davantage des 10 000, peut-être plus.

Quels sont les principaux cas d’usage que vous observez autour de SCP ?

La plupart de nos clients aujourd’hui opèrent dans des environnements hybrides. Ils utilisent principalement SCP pour étendre leurs applications existantes, comme S/4HANA, et au fur et à mesure qu’ils maîtrisent la plateforme, ils envisagent de nouvelles approches. Le deuxième cas d’usage le plus fréquent intervient quand les entreprises veulent développer des applications mobiles. SCP facilite énormément cette étape, il faut juste modifier une configuration pour choisir si on veut un mode offline ou online.

Lors de sa présentation, Juergen Mueller a évoqué la nécessité pour tous les acteurs de l’entreprise, y compris les développeurs, de mieux connaître les grands processus transversaux, stratégiques pour les entreprises. Quels sont les technologies et les outils qui permettent d’obtenir cette visibilité, et comment les développeurs peuvent s’en servir pour améliorer l’efficacité opérationnelle ?

Les processus transversaux s’appuient sur différents systèmes, même si bien souvent, la dernière étape consiste à rentrer une transaction dans un environnement SAP. Pour pouvoir gérer et automatiser ces processus de manière globale, il faut aussi pouvoir se connecter à ces systèmes tiers. C’est pour cela que nous proposons plus de 160 connecteurs ouverts. Nos outils d’intelligence opérationnelle et d’analyse des processus (NDLR :  avec la technologie de process mining de Celonis) permettent de suivre la performance globale, mais aussi d’explorer des processus en détail, pour comprendre où se situent les goulets d’étranglement et les points de blocage. Nous identifions ainsi des tâches encore faites de façon manuelle, comme la consultation d’un fichier Excel ou l’envoi d’un mail, qui peuvent ensuite être automatisées avec des bots afin de gagner en efficacité.