Apple jetterait-il l'éponge en matière de protection des données personnelles de ses utilisateurs ? Adoptant jusqu'à présent une attitude allant dans le sens de la préservation des intérêts et de la vie privée des utilisateurs de ses terminaux, Apple fait manifestement une concession de taille à ses principes. La firme à la pomme, qui réfléchissait depuis deux ans à permettre à ses clients de chiffrer de bout en bout les sauvegardes du contenu de leurs iPhone sur son service iCloud, a ainsi plié face à une plainte du FBI d'après six sources auprès de Reuters. Aucun commentaire officiel n'a été obtenu que ce soit d'Apple ou du FBI de la part de l'agence de presse.

Cette marche arrière d'Apple intervient dans un contexte délicat pour Apple qui s'est récemment mis à dos le FBI pour avoir refusé d'insérer une porte dérobée dans sa plateforme iOS. En agissant de la sorte, le géant américain est allé à l'encontre de la requête ordonnée par le procureur américain William Barr pour débloquer deux iPhone utilisés par une personne suspectée de terrorisme dans une récente affaire de fusillade mortelle. Cette annonce devrait quoi qu'il en soit ravir l'administration Trump qui a depuis quelques mois dans le viseur les fournisseurs technologiques. En juin dernier, une réflexion sur une loi a été discutée au sein du conseil de sécurité du président américain en vue d'interdire par ces entreprises l'utilisation d'algorithmes de chiffrement de bout en bout.

Eviter une nouvelle bataille judiciaire contre le FBI

Le gouvernement américain aurait-il pesé pour mettre la pression sur Apple ? La question mérite d'être posée bien qu'aucune réponse claire ne puisse être apportée. « Le juridique l'a tué [le plan d'Apple] pour les raisons que vous pouvez imaginer », a indiqué un ancien employé d'Apple à Reuters. Et ce dernier de préciser que la société ne voulait pas risquer un procès avec les pouvoirs publics pour avoir protégé des criminels en ayant déplacé des données auparavant accessibles en les rendant hors d'atteinte des agences gouvernementales. Ce qui risquerait être utilisé comme excuse pour une nouvelle législation contre le chiffrement. « Ils ont décidé de ne pas mettre de l'huile sur le feu », a poursuivi la source anonyme, faisant référence à la bataille judiciaire que s'étaient déjà livré Apple et le FBI en 2016 dans l'affaire liée à la fusillade de San Bernardino pour déverrouiller l'iPhone d'un des tireurs.