Alex Türk devait choisir entre son siège au Sénat et la présidence de la CNIL. Il a choisi : ce sera le Sénat, en espérant être réélu lors de la prochaine échéance électorale. C'est d'une des conséquences de la réforme de mars 2011 qui a interdit aux parlementaires d'être président de la CNIL, celui-ci devenant de facto une « personnalité qualifiée », avec le risque d'une moindre indépendance vis-à-vis de l'exécutif.

La CNIL a indiqué dans un communiqué que Isabelle Falque-Pierrotin avait été élue pour remplacer le sénateur démissionnaire.

Cette conseillère d'Etat n'est pas une inconnue. Déjà membre de l'autorité administrative indépendante depuis 2004, elle en était même vice-présidente depuis 2009. Sa carrière comporte également la création et l'animation du Forum des Droits sur Internet (FDI) au bilan trop positif pour avoir été préservé. Isabelle Falque-Pierrotin a donc un passé qui plaide en sa faveur, ainsi qu'une réputation qui allie compétence et sens politique.

Mais, membre de la haute fonction publique, pourra-t-elle s'affirmer autant qu'un parlementaire indépendant du pouvoir exécutif ? Les sujets chauds ayant fait se heurter l'autorité administrative indépendante et le gouvernement ont été, dans le passé, assez nombreux, comme par exemple les fichiers de police. Bien que membre de la majorité présidentielle, Alex Türk avait su s'opposer à l'exécutif, même si cette opposition avait parfois été (trop ?) discrète pour ne pas gêner ses amis politiques. Il reste à Isabelle Falque-Pierrotin à prouver par des actes son indépendance alors que l'année qui vient sera riche en événements, notamment électoraux.

Illustration : Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de la CNIL. Crédit photo : D.R