Selon plusieurs articles, l’alliance de semi-conducteurs comprenant les États-Unis, Taïwan, le Japon et la Corée du Sud s'est réunie mi-février pour discuter de la résilience de la supply chain mondiale de puces. D’après la Central News Agency (CNA), contrôlée par le gouvernement taïwanais, les cadres  de ce groupe de travail (U.S.-East Asia Semiconductor Supply Chain Resilience Working Group), communément appelé « Fab 4 » ou « Chip 4 », ont organisé une vidéoconférence le 16 février pour discuter de la création d'un système d'alerte précoce et de rappel mutuel afin de garantir la stabilité de cette chaîne de production.

La création d'un système d'alerte anticipée est importante, car elle éviterait que les pénuries de puces et les perturbations de la supply chain ne se reproduisent, comme ce fût le cas pendant la pandémie de Covid-19, rapporte CNA, citant des responsables non identifiés du ministère taïwanais des affaires économiques. À l'avenir, les pays de l’alliance « Fab 4 » s'informeront mutuellement par les voies officielles des problèmes qui pourraient survenir dans la chaîne d'approvisionnement mondiale. Selon un papier de Bloomberg citant un fonctionnaire taïwanais non identifié, les fonctionnaires présents à la réunion n’ont pas évoqué les questions relatives aux contrôles des exportations et aucune entreprise n'a participé à la réunion.

Un échange rapide d'informations sur les puces demandé par Taïwan

Toujours selon Bloomberg, Taïwan a suggéré que les quatre pays échangent dès que possible des informations sur les différents aspects de la supply chain. Taïwan et la Corée du Sud se concentreraient sur la fabrication, le Japon sur les matériaux et les États-Unis sur les questions de marché, ajoute l’article. Autre point de vue, celui de Reuters indiquant qu’au début septembre de l'année dernière, les États-Unis ont organisé la première réunion des pays du groupe « Fab 4 » pour discuter du renforcement de la chaîne d'approvisionnement en semi-conducteurs, après deux années de pénurie mondiale de puces. Cette première réunion formelle entre les « Fab 4 » a eu lieu alors que l'administration Biden tendait la main à ses alliés mondiaux pour appliquer des restrictions importantes aux exportations de technologies avancées de fabrication de puces vers la Chine, afin de ralentir ses progrès dans divers programmes. Les États-Unis s'inquiètent de plus en plus de la puissance géopolitique de la Chine, qui repose en partie sur ses capacités de production.

La Chine, deuxième économie mondiale, représente un marché énorme pour les les acteurs de semi-conducteurs et les restrictions des exportations auront un impact sur leurs revenus et leurs plans de croissance. Les contrôles à l'exportation auront une influence non seulement sur les équipements informatiques, mais aussi sur de nombreux produits de consommation basés sur la technologie des semi-conducteurs. Depuis le début du mois d’octobre, des contrôles supplémentaires à l'exportation, décrétés par l'administration Biden, empêchent les entreprises américaines de vendre des semi-conducteurs avancés ainsi que les équipements nécessaires à leur fabrication à certains fabricants chinois, à moins qu'elles ne reçoivent une licence spéciale. À la mi-décembre, l'administration américaine a élargi ces restrictions pour interdire à 36 autres fabricants de puces chinois l'accès à la technologie américaine, dont Yangtze Memory Technologies Corporation (YMTC), le plus grand fabricant de puces sous licence au monde.

Renforcer la production de puces

Les contrôles à l'exportation font suite à la loi CHIPS and Science Act of 2022 (Creating Helpful Incentives to Produce Semiconductors) promulguée par le président Joe Biden en août. Cette loi prévoit des allègements fiscaux et des fonds pour inciter les fabricants à construire des fabs aux États-Unis et stimuler la fabrication de semi-conducteurs dans le pays. Aujourd'hui, plusieurs autres pays, dont l'Inde, la France, le Royaume-Uni, le Japon et l'Australie, proposent également des incitations pour attirer les investissements dans les semi-conducteurs. Taïwan est depuis longtemps le leader de la fabrication de puces qui entrent dans la composition des PC, des serveurs et des équipements utilisés pour la recherche de pointe.

Ces derniers mois, le géant taïwanais TSMC a annoncé plusieurs investissements pour construire des fonderies ou injecter des fonds dans les lignes de production existantes. Début février, le conseil d'administration de TSMC a approuvé une injection de capital à hauteur de 3,5 milliards de dollars dans TSMC Arizona. En décembre, il prévoyait d'ouvrir une deuxième usine de puces en Arizona, multipliant ainsi par trois ses investissements aux États-Unis à hauteur de 40 milliards de dollars. « C’est le plus grand investissement direct étranger de l'histoire de l'Arizona et l'un des plus grands investissements directs étrangers de l'histoire des États-Unis », a déclaré l’entreprise. TSMC envisage aussi de créer une deuxième usine de fabrication de semi-conducteurs au Japon, avec un investissement d'environ 7,4 milliards de dollars.