En Europe, le mythe selon lequel les salariés sont sceptiques à l'égard du numérique pourrait bien finir par se briser. Une étude menée en février 2020 par SDWorx en collaboration avec l'école de commerce d'Anvers auprès de 3 870 employés européens (en Belgique, Allemagne, France, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni) va dans ce sens. En effet, elle montre qu’en plus de favoriser l’évolution de carrière, les nouvelles technologies donnent accès à des postes plus élevés et favorisent la mobilité en entreprise. En France, ils sont d’ailleurs près d’un tiers (31,5%) à considérer que la digitalisation a eu un impact positif sur leurs perspectives d’évolution de carrière. 13% parlent même d’une évolution partielle ou complète de leur profession au cours des dernières années. La proportion des sondés convaincus de l’impact positif de l’IT sur leur parcours professionnel est par ailleurs quasi constante sur l’ensemble des populations européennes interrogées, surtout en Belgique (47%). Suivent le Pays-Bas (32,3%), le Royaume-Uni (30,7 %) et environ un quart en Allemagne (25,9 %) un pays ou les répondants sont toutefois un peu moins nombreux à éprouver ce sentiment.

Peu de craintes quant à des destructions d'emploi 

De même, la plupart des personnes interrogées par SDWorx estiment que l’IT ne génèrera pas de destruction d’emplois, et permettra au contraire d’en créer d’autres. En France, 44,4 % des sondés partagent ce point de vue en indiquant avoir constaté un développement de la masse salariale en raison de l’utilisation des technologies sur leur lieu de travail. De leur côté, 38,4% des actifs néerlandais notent une croissance significative des offres d’emploi suite à la modernisation des infrastructures, un constat également relevé par le personnel belge (35,6 %).  Derrière, on retrouve encore une fois l’Allemagne (25,7 %) puis le Royaume-Uni (16,8 %) qui lui arrive en fin de peloton.

Sondés sur la façon dont ils envisagent-ils l’avenir en raison de l’accélération de l’automatisation, les Français pensent que les choses vont faiblement varier contrairement à leurs voisins européens : en effet, dans l’Hexagone, seul un salarié sur sept s'attend à ce que l'éventail de ses tâches soit partiellement ou totalement différent d'ici quelques années, contre un sur quatre en Belgique, et un sur cinq aux Pays Bas et au Royaume Uni.  

La technologie réductrice de stress pour 16% des Français

Enfin, et ce pour la plupart des répondants, les outils digitaux ne sont pas source de stress supplémentaire. C’est le cas pour plus de 16% des salariés Français interrogés estimant même qu’ils ont un impact positif sur leur niveau de stress. Cela est d’autant plus marqué en Belgique où 23,4% des actifs en sont convaincus. La résistance au changement est tout de même visible chez une proportion variable des répondants : plus de 30% en Belgique contre seulement 14,6% au Royaume-Uni.

« La corrélation entre un travail plus stimulant avec plus de responsabilités et un niveau de stress plus important semble évidente et naturelle, explique Ans De Vos, un professeur à l'école de gestion d'Anvers cité dans le cadre de cette étude. « Le stress lié aux évolutions technologiques est souvent dû à la peur, à l'incertitude ou au doute quant à la capacité à mener à bien les nouvelles tâches qui nous incombent poursuit-t-il. D’où la nécessité de former les employés pour que la transition vers des nouveaux métiers, responsabilités et habitudes technologiques puissent être menées sans encombre.   Pour Jean-Marie Mozziconacci, directeur général de SDWorx France, la crainte que des emplois soient perdus avec la numérisation s'avère infondée, signe qu’un mythe séculaire est sur le point de tomber.  « Il est indispensable pour les entreprises d’accélérer leur transformation numérique et de placer cette dernière au cœur des processus clés, même si la suppression d’emplois ou la résistance aux changements font partie des idées reçues qui ont la peau dure », conclu-t-il.