C'est un enjeu courant sur au moins deux mandats présidentiels que représentent, pour l'emploi, le lancement et le fonctionnement des pôles de compétitivité. Avant 2010, il ne faut guère s'attendre à mieux, en termes de création d'emplois de cadres, qu'à l'impact déjà perçu avec les besoins de la gouvernance et du rôle d'interface des pôles, et le support technique nécessité par les projets lancés et labellisés. Mais à l'horizon 2015, selon l'étude prospective publiée le 20 avril par l'Apec, le solde d'emplois créés pourrait atteindre 500 000 emplois cadres. Dont 140 000 dus aux projets des pôles. L'étude étend aux 66 pôles l'observation pilote menée en 2006 dans la région Paca à la suite de la labellisation de huit pôles. Partant du constat de la concentration de 53% des emplois cadres sur les trois régions Ile-de-France (35%), Rhône-Alpes (11%) et Paca (7%), force est de remarquer que la répartition des pôles - avec 8 des 16 pôles mondiaux ou à vocation mondiale dans ces mêmes régions - se cale sur cet existant. Parmi les 19 autres régions qui se partagent 47% des emplois cadres, certains effets de rattrapage, indépendamment des pôles, sont d'ores et déjà décelés. C'est notamment le cas de Poitou-Charentes, avec une croissance annuelle moyenne de 2,7% d'emplois cadres, qui n'est devancée que par l'Ile-de-France pour cette performance. Et cette dynamique, selon le scénario optimiste développé par l'étude Apec, pourrait bien être stimulée par la forte présence de pôles dans certains bassins d'emploi. Cela concerne, en l'occurrence, les régions Pays de la Loire (avec ses 5 pôles), Poitou-Charente et Midi-Pyrénées pour lesquelles l'estimation de taux de croissance moyen annuel de l'emploi cadre, entre 2010 et 2015, dépasserait les 4%. Les premiers restent les premiers Pour autant, les « stocks » de cadres pré-existants jouent un rôle déterminant dans ce scénario. Les premiers resteraient les premiers. L'Ile-de-France y gagnerait - à l'horizon 2015 - plus de 180 000 emplois, dont 12 000 dus au seul impact des pôles, et dont une bonne part dans le secteur TIC avec les retombées des pôles Systematic (150 000 salariés actuellement) et Cap Digital (20 000 salariés). Rhône-Alpes y gagnerait plus de 70 000 emplois, dont la moitié attribuée aux pôles (Minalogic et Loisirs Numériques, pour le secteur TIC). A l'Ouest, le pôle Image et Réseaux (22 000 emplois, avec les quatre autres pôles bretons, devrait contribuer à la création de 5500 emplois cadres. Même chose en Paca, avec le pôle SCS (Solutions communicantes sécurisées) contribuant (avec les sept autres pôles) à la création de plus de 10 000 emplois cadres. Du même coup, les régions les moins pourvues en cadres, Auvergne et Limousin, garderaient leur place en queue de peloton. L'étude note cependant que certaines régions tireront profit de leur proximité ou de leur capacité à mutualiser ressources et idées autour des pôles. C'est le cas notamment de Poitou-Charente et Bretagne, de l'Aquitaine et Languedoc-Roussillon, de l'Alsace et Lorraine.