Alors que Cédric Villani est devenu le chantre de l'intelligence artificielle, la perception des Français sur le sujet reste équivoque. C'est ce qui ressort d'une étude menée par YouGov pour le compte de la start-up Keley Consulting, spécialisée dans les missions de transformation digitale. En premier lieu, l'IA n'est pas un inconnu, 90% des sondés en ont déjà entendu parler.

Par contre en creusant un peu, on constate que 25% de ces personnes avoue ne pas savoir de quoi il s'agit. Une absence de connaissance qui impacte leur méfiance vis-à-vis de l'IA, seulement 32% des personnes peu informées estiment que l'IA améliorera leur condition de vie dans les 10 prochaines années. La fracture sur la connaissance de l'IA se déplace aussi sur le volet social. 74% des CSP supérieurs savent en quoi consiste l'IA, contre 63% pour les CSP populaires et 62% pour les inactifs. Là encore ce clivage joue sur l'optimisme ou le pessimisme ressenti vis-à-vis de l'IA. Les plus diplômés sont 66% à considérer que l'IA est une opportunité pour la France, contre 56% des détenteurs du baccalauréat et 52% de ceux qui ne l'ont pas.

Des bénéfices sur la sécurité et la santé, craintes sur les services publics

Il serait néanmoins trop simpliste de réduire la connaissance de l'IA a un clivage socio-culturel. L'intelligence artificielle peut certes constituer une menace pour les emplois, mais elle ouvre la porte aussi au concept de revenu universel. Et là, les sans-emplois sont 69% à juger que ce serait utile pour le plus grand nombre. La santé et la sécurité constituent par ailleurs des thèmes fédérateurs où l'IA apporte une valeur ajoutée. 55% des Français jugent qu'elle peut améliorer la prévention et les soins donnés. La même proportion pense que l'IA sert à la lutte contre le terrorisme.

Par contre, le pessimisme s'affiche plus nettement sur l'impact de l'IA sur les politiques publiques. Le clivage cité précédemment prend ici tout son sens, avec 43% des moins diplômés estimant que l'IA va améliorer le fonctionnement de l'administration. Ils sont aussi moins enclins (38%) à voir l'Etat investir dans l'IA. Les plus diplômés sont moins réservés (57%) pour injecter de l'IA au sein de l'administration et 50% à accepter que l'Etat investisse dans ce domaine. Un effort de pédagogie est encore à mener sur l'IA et montrer qu'une automatisation croissante des services publics par l'IA ne sera pas synonyme de dégradation du service et plus généralement de déshumanisation.